Cette page, au travers des cartes postales et d’images issues des albums militaires (Infanterie, livraison 1 et 2, service intérieur et en campagne), retrace quelques morceaux de la vie des soldats au 115e RI de Mamers et Nogent le Rotrou.
L’incorporation.
Tout français doit le service militaire personnel (service dans l’armée d’active, puis dans la réserve de l’armée d’active, puis dans l’armée territoriale et enfin dans la réserve de l’armée territoriale). Le recrutement de l’armée s’opère par des appels annuels, en octobre, effectués au moyens de tirage au sort (jusqu’en 1905) et subsidiairement par des engagements.
Le site « parcours combattant 14-18 » décrit dans le détail cette période (https://parcours-combattant14-18.fr/les-lois-de-recrutement/ et https://parcours-combattant14-18.fr/le-tirage-au-sort-jusquen-1905).
Ainsi, ceux désignés « bon pour le service actif » ou tirés au sort, deviennent conscrits et sont appelés à servir au titre d’un régiment.
Le 115ème régiment d’infanterie comptait parmi ses recrues des sarthois, des ornais, des mayennais mais aussi une forte proportion de parisiens. Arrivant à la gare de Mamers, le nouveau contingent annuel d’octobre était accueilli et conduit à la caserne distante de 1 km.
Arrivés à la caserne, « les bleus » suivaient un circuit d’incorporation (habillement, visite médicale, affectation en compagnie).
Octobre 1908, JOLLY Clément 6ème Cie/115e RI: « je suis en ce moment à la cantine, ne suis pas encore habillé et attend ma visite au major. Le rata n’est pas moche et les lits épatants seulement les parisiens sont rares … » .
La restauration.
Le soldat vit à la caserne, il y loge et il y mange. Le livre du gradé de 1894 explique, que les hommes font deux repas principaux par jour, et que autant que possible ils doivent avoir pris le café avant le travail du matin.
Le pain, la viande, les légumes, et le café constituent la base de l’alimentation du soldat et l’eau constitue la boisson habituelle du soldat, exceptionnellement des rations de vin.
Les boissons « alcooliques » sont interdites (circulaire du 08/05/1900) mais les boissons dites « hygiéniques » (vin, bière, cidre, café, sirops) sont autorisées. Elles sont vendues ou distribuées dans les foyers.
A MAMERS, comme à NOGENT, chaque bataillon avait sa cuisine, son réfectoire et son foyer. Les cantines (mess ou restaurant des sous-officiers et officiers) étaient tenues par des civils, vivandiers ou cantinières, assez souvent anciens sous-officiers ou épouses de sous-officiers, qui suivaient les bataillons lors des manœuvre avec leur chariot-cantine. On retrouve à MAMERS et NOGENT, les cantines de M. MINET (1er bataillon), de Mme DELAROCHE (1er bataillon), de Mme DEVESSE (2e bataillon).
Le recensement de 1906 à MAMERS précise la présence à la caserne des familles:
– LEMEN François (casernier)
– LEGEAY Julien (armurier cantinier) et Marie;
– DEVESSE Georges (cantinier horloger);
– DELAROCHE Casimir (cantinier musicien).
Celui de 1911 à MAMERS:
– LABROUSSE Julien (casernier);
– LEGEAY Julien (caporal armurier) et Marie (cantinière);
– DHOMME Jean louis (cantinier).
Celui de 1911 à NOGENT:
– MINET Emile et Laure (cantiniers).
1908 Mme DELAROCHE cantinière
115eme d’INF, 1er Bat, N°1
Mr MINET, cantinier, 115ème d’INF, 1er BAT, n°1.
Photo prise au camp d’AUVOURS. 1 sergent fourrier, 2 sergents, 1 caporal, 1 soldat, 3 commis et 7 personnels civils posent devant la cantine MINET du 1er Bataillon.
Le recensement de NOGENT LE ROTROU de 1911 précise que MINET Emile et son épouse Laure, cantiniers au 115e RI ont 7 enfants.
CPA non voyagée « cantine DEVESSE, 2e bon. Souvenir du camp d’AUVOURS, 115e d’infanterie ».
1 adjudant, 5 soldats et 5 personnels civils posent au coté de la « cantine » de Mme DEVESSE, cantinière du 2e bataillon.
Le recensement de MAMERS en 1906 précise la présence à la caserne GAULOIS de M DEVESSE Gorges, horloger et cantinier, marié. Il s’agit probablement de la cantine de son épouse.
La tenue des chambres
Le livre du gradé de 1894 précise: Au réveil, on découvre les lits en relevant et ployant successivement au pied du lit les différentes parties de la fourniture, les lits restent découverts au moins pendant 1 heure. Les chambres sont nettoyées, les planches à pain et à bagages, les tables, les bancs, etc, sont essuyés, les ordures sont déposées dans la partie du quartier désignée.
Tous les samedis, les planchers sont lavés et frottés avec du sable humide, additionné d’une petite quantité de potasse…; les vitres sont nettoyées; les couvertures et les matelas sont battus au grand air.
Il est défendu de mettre du linge entre la paillasse et le matelas, de manger sur les lits, d’y déposer des aliments, de se coucher sur les lits avec la chaussure aux pieds, de fumer dans les chambres pendant la nuit, d’y cracher et d’y vider les pipes ailleurs que dans les crachoirs et d’y entrer avant d’avoir décrotté ses chaussures.
« quoiqu’en dise notre photographe nous ne mangeons pas dans notre chambre, mais ce n’en est pas plus luxieux pour cela… » soldat Bonard. Cette remarque s’applique à cette carte postale de chambrée déjeunant sur la table commune. Cependant le règlement n’interdisait pas de manger sur la table de la chambrée.
Les chambrées du 115e RI à MAMERS ou NOGENT semblent correspondre au modèle des casernes modèle 1874, avec 24 hommes (2 escouades) par chambre au maximum. A MAMERS, les grandes chambres dortoirs étaient à 20 lits.
Le confort du soldat reste spartiate. Il dispose d’un lit individuel (couchette en fer sur l’image ci-contre ou comme sur les CPA de simples tréteaux sur lesquels reposent 3 planches), avec une paillasse de toile contenant 10 kg de paille (renouvelée tous les 6 mois), un matelas, une couverture de laine, un couvre pied et une paire de draps pour un mois. Chaque chambre possède des planches à paquetages d’une trentaine de cm de large au dessus des rangées de lits pour les effets militaires. Sous ces planches, on retrouve des crochets pour les équipements, capotes et souliers. Plusieurs râteliers d’armes équipent aussi la chambrée car l’arme ne quitte pas le soldat. Enfin, on trouve des tables de 2 m de long et 70 cm de large avec leurs bancs et au dessus de ces tables des planches à pains suspendues (ce ne semble pas le cas à la caserne SULLY de NOGENT).
Cette promiscuité est souvent mise en avant pour expliquer les causes des épidémies des fièvres typhoïdes et de la tuberculose (cf. le paragraphe hygiène en dessous).
Les corvées.
La fameuse corvée de « patate » n’était pas une légende et les compagnies œuvraient pour la popote de leur bataillon. Les hommes sont tenus chaque jour d’éplucher les légumes et d’aller chercher la viande qui leur revient, sous la surveillance et la responsabilité du caporal d’ordinaire. Les vivres sont ensuite portés à un cuisinier par compagnie qui est chargé de préparer les repas.
Les travaux d’intérêt généraux (TIG) font partis du quotidien du soldat en caserne. Ils vont de l’entretien du casernement au changement du foin des paillasses en passant par le déblayage de la neige à l’occasion.
Hygiène et entretien des effets
La vie à Mamers n’était pas la plus simple pour la garnison. Un problème récurrent, jusqu’à la réalisation de travaux, fut l’eau courante à la caserne, où seul un puits et des citernes l’alimentaient. Celle-ci nécessitait 90 m3 d’eau par jour pour les 1200 hommes de la caserne. Ainsi pour répondre à ce besoin, les soldats disposaient de lavoir militaire le long de la « Dive », petite rivière qui fut la cause de la catastrophe de 1904 à Mamers. Les soldats de Nogent ne connaissaient pas ce problème.
Le livre du gradé de 1894 précise: chaque jour, au lever, les hommes doivent se nettoyer la tête, se rincer la bouche et se laver avec soin la figure et les mains; la serviette employée doit être propre; il est interdit de se servir des serviettes d’un camarade. Le linge de corps est changé une fois au moins par semaine; quand le linge sale n’est pas envoyé immédiatement au blanchissage, il est séché, plié et placé dans la poche du havresac à ce destinée. Il est donné un bain par aspersion tous les quinze jours au minimum. Une fois par semaine au moins, on procède au lavage des pieds et des jambes.
Le sujet de l’hygiène de la caserne de MAMERS a fait, à plusieurs reprises, le sujet de questions à la chambre des députés devant le ministre de la guerre. L’article ci-dessous du journal « le matin » de juillet 1907 (source Gallica) présente la problématique d’une épidémie de fièvre typhoïde au 115e RI liée aux conditions de vie des soldats et à la problématique de l’eau pour la caserne.
Il est rapporté dans plusieurs journaux la mort d’un soldat du 115 de cette fièvre le 01/07/1907.
La superficie de la caserne, étant à l’origine construite pour 2 bataillons et un dépôt, entraine des problématiques de promiscuité, d’accès à l’eau et de capacité d’accueil à l’infirmerie.
Ce même sujet est de nouveau porter par M LAMY à la chambre des députés le 03 décembre 1907 devant le ministre de la guerre M. PICQUART et le sous secrétaire d’état à la guerre, M. CHERON. M. CHERON apporte quelques éléments intéressant de vie courante en répondant au député du MORBIHAN (source GALLICA/BNF/JO du 03/12/1907) et en citant un rapport du commandant du 4e corps d’armée du 30/11/1907:
– l’infirmerie est dans le bâtiment du 2e bataillon (une nouvelle infirmerie sera construite en 1913 à l’extérieur et contre la caserne);
– le déficit du casernement de MAMERS par rapport à la contenance normale est de 56 places;
– la moyenne des absents pour congés, permissions, séjour aux hôpitaux, détention, … est d’une soixantaine d’homme au minimum;
– l’effectif logeant au quartier ne concerne que les caporaux et soldats (les officiers et sous-officiers logeaient en garnison);
– la caserne comptait, parmi les chambres dortoirs, 40 grandes chambres de 20 places;
Toujours sur fond politique, l’article du journal « la libre parole » du 13 janvier 1908 (source RETRONEWS/BNF) revient sur cet épisode. Enfin il est intéressant de noter que ces fièvres typhoïdes au sein de la troupe avaient déjà fait parler d’elles à MAMERS dans les années qui ont suivi la construction de la caserne (M PAUZAT, « l’épidémie de fièvre typhoïde » à MAMERS 1887-88).
le service médical avant guerre
(source « règlement sur le service intérieur du corps de troupe d’infanterie, décret du 25/08/1913 »)
Il est organisé pour traiter au régiment les militaires atteints d’affection dont la gravité n’exige pas l’envoi à l’hôpital…. Le médecin-chef de service dirige et surveille, sous l’autorité du chef de corps, le service et la police de l’infirmerie régimentaire, ainsi que la salle de réunion des hommes exempts de service, lorsque ces salles sont annexées à l’infirmerie.
Le personnel comprend pour l’ensemble du régiment:
– un médecin chef (médecin major de 1ère classe) qui dirige le service sanitaire du corps, l’infirmerie et ses annexes. Il est aux ordres du chef de corps. Il a en charge la surveillance de l’hygienne de la troupe et de l’alimentation ainsi que du casernement. Il est responsable de l’instruction des médecins concernant leur rôle en campagne et de celle des infirmiers et brancardiers régimentaires dont les musiciens du corps;
– deux médecins (médecin major de 2° classe et médecin aide-major de 1° ou 2° classe) qui assistent le médecin-chef;
– Éventuellement, des médecins auxiliaires (étudiants en médecine) ou des médecins de la Réserve ou de la Territoriale en période d’instruction;
– un sergent chargé de l’infirmerie, sous-officier rengagé désigné par le chef de corps, en charge de tous les détails techniques et disciplinaires de l’infirmerie et de la tenue des écritures;
– des infirmiers, à raison d’un infirmier du service armé et un du service auxiliaire par bataillon; (service armée = troupes combattantes, service auxiliaire = poste temps de paix et compagnies de dépôt, classification faite à l’issu du conseil de réforme). Un des infirmiers du service armé peut être caporal. Ils sont désignés par le chef de corps, sur la proposition du médecin-chef.
Tous les soldats passaient en visite à leur incorporation (appelés ou engagés volontaires) ainsi qu’à leur départ du régiment. Les consultations étaient journalières et suite à la visite, les malades étaient soit cantonnés à la chambre, à l’infirmerie ou entrant à l’hôpital. Une visite mensuelle, afin de constater l’état général de santé des militaires du régiment était organisée pour tous les sous-officiers non rengagés, caporaux et soldats de façon individuelle. De plus tous les deux mois, ces hommes étaient pesés. Les médecins devaient leurs soins gratuits à tous les militaires du régiment et aux membres de leur famille habitant avec eux.
Certains soldats bénéficiaient de congés maladie dit de convalescence.
Les médecins et infirmiers assistaient aux marches, aux manœuvres, aux baignades (systématiquement un médecin) et aux tirs du régiment (infirmier exercé à la pratique des pansements d’urgence).
L’instruction générale, le maniement des armes et la préparation au combat.
Les sections aux ordres des sergents apprenaient les rudiments du maniement des armes dans la cours de la caserne ou sur le champ de manœuvre. A l’aide de cibles et de silhouettes représentées sur les façades, les soldats apprenaient à évaluer les distances en fonction de la taille de l’objectif et évidemment à viser. Les casernes disposaient aussi d’agrès de gymnastiques et d’audace où les escouades se confrontaient dans des concours de forces, d’équilibre et de courage. L’apprentissage de la natation comme la pratique de la gymnastique, du bâton, de la lutte et de la boxe étaient régulières. Concernant la gymnastique, on reconnait sur les cartes postales de MAMERS et de NOGENT LE ROTROU parmi les agrès les barres à suspension, les barres parallèles, l’échelle horizontale, la poutre horizontale, la planche à rétablissement, le sautoir avec perches, le portique avec ses cordes à nœuds et lisses, ses anneaux, ses trapèzes et ses perches, et les échelles inclinées.
Des champs de tir (CT) se trouvaient plus ou moins à proximité (ST LONGIS et forêt de PERSEIGNE pour MAMERS, un CT aurait tenu place sur le champ de manœuvre de NOGENT LE ROTROU).
Les militaires encadrent certaines séances des sociétés mixtes de tir. On aperçoit plusieurs civils tenant dans leurs mains des fusils LEBEL.
Le tir est évidement une activité majeure de l’instruction du soldat. Des classements et des concours annuels étaient réalisés au sein des formations afin de distinguer les meilleurs tireurs et créer une émulation au sein de la troupe et de l’encadrement.
Ci-dessous les règles (qui évoluaient au grès des instructions réglementaires) pour la réalisation des épreuves, les récompenses, les prix et le classement des militaires.
Prix de tir (extraits du livre du gradé d’infanterie 1894):
Classement des tireurs: A la suite des tirs individuels d’instruction et d’application, et le 16 aout au plus tard, on procède au classement annuel des tireurs. Les sous-officiers, les caporaux et les soldats qui ont obtenu 75 points au moins forment la 1ère classe; ceux qui ont obtenu 35 points au moins forment la 2ème classe; ceux qui ont moins de 35 points forment la 3ème classe. Ceux qui n’ont pas exécuté 4 tirs au moins ne sont pas classés.
Les récompenses décernées aux tireurs les plus adroits sont de deux sortes:
– les premières sont accordées aux tireurs qui, dans les tirs individuels d’instruction et d’application de l’année, ont obtenu les plus fortes sommes de points;
– les autres sont décernées à suite de concours.
Ces récompenses consistent en attributs honorifiques destinés à signaler les bons tireurs aux yeux de leurs chefs et de leurs camarades. Elles comprennent les prix de l’année et les insignes de tirs.
les prix de tir de l’année comprennent:
– un cor de chasse en argent doré avec épinglette et chaine en argent, qui constitue le premier prix de tir de l’année. Elle est donnée au tireur qui, sur l’ensemble du corps, a obtenu la plus forte somme de points. Ce militaire reçoit en outre un cor de chasse brodé.
– des cors de chasse brodés en or ou argent (couleur des boutons), attribués aux tireurs qui ont obtenu les plus fortes sommes de points. Ils sont cousus sur la manche gauche de la tunique, de la capote, de la veste et se porte concurremment avec les épinglettes de tir. Dans chaque corps, ils sont alloués d’après l’effectif maximum atteint pendant l’année, à raison de 1 pour 50 hommes. Officiers, adjudants et les sergent-major, bien que participants, ne reçoivent pas de prix.
L’insigne de tir:
il est accordé pour la durée d’une année à tous les tireur de 1ère classe à l’exception des sous-officiers. Il consiste en un cor de chasse en drap écarlate pour les régiment d’infanterie (jonquille pour les bataillon formant corps), cousu sur la manche gauche de la tunique, de la capote et de la veste. Il se porte concurremment avec les épinglettes de tir
Récompenses décernées à la suite de concours.
Il est accordé chaque année, à la suite de concours, des prix de tir consistant en épinglettes et en médailles d’argent et de bronze. Pour les sous-officiers: 3 épinglettes, dont une avec cor de chasse en argent doré par régiment.
Les prix accordés au révolver comprennent une médaille d’argent et une médaille de bronze par régiment.
pour les caporaux et soldats: 1 épinglette avec cor de chasse en argent pour 200 hommes. le tireur classé 1er au concours reçoit une épinglette en argent doré.
Concernant le port de ces attributs, l’épinglette devient la propriété de l’homme à qui elle a été décernée. Il la porte pendant toute la durée du service actif ainsi que pendant les périodes de rappel à l’activité.
Le cor de chasse brodé n’est conservé une seconde année que si le tireur reste de 1ère classe.
Ceux qui obtiennent deux années de suite un cor de chasse brodé se voient remettre un cor de chasse surmonté d’une grenade de même métal (manuel d’instruction du tir de l’infanterie 1902).
(les photos ci-dessus des insignes et prix de tir sont issues d’internet).
Le tir sportif
A l’aspect guerrier de la pratique du tir est associé la pratique sportive. Dès lors les militaires participent à des concours organisé par l »Union des sociétés de Tir de FRANCE » dont les origines sont expliquées sur le site suivant: https://www.mousquet.net/page132.htm
L’Union des Sociétés de tir de France organise chaque année quatre grands records nationaux et six championnats.
Les championnats comprennent:
Le championnat de France à l’arme de guerre: sur 15 balles et 150 points.
Le championnat de la jeunesse, à l’arme de guerre: sur 15 balles et 150 points.
Le championnat de revolver: sur 18 balles et 180 points.
Le championnat des écoles supérieures: sur 10 balles et 100 points.
Le championnat des lycées et collèges: sur 10 balles et 100 points.
Le championnat des écoles primaires.
Sauf pour le championnat des écoles primaires, tous les tirs se font à l’arme de guerre française et, en général, à la distance de 200 mètres.
L’article ci-dessous du journal « le matin » du 11 juin 1905 (source Gallica) présente les résultats de 2 mamertins ( sergent GUIMY et l’adjudant PETIT) à l’un de ces concours.
Le service
(source règlement de service intérieur de l’infanterie de 1913)
Le service dans un régiment à plusieurs bataillons, aux ordres du capitaine adjoint du régiment, s’appuie sur le « service de semaine ». Il est désigné à tour de rôle, pour une semaine, du samedi au samedi, au sein des bataillons du corps.
Dans le bataillon désigné, le chef du service est le chef de bataillon, secondé par un capitaine et un adjudant. Ce bataillon de service est chargé de l’exécution des ordres urgents parvenant au quartier, de la désignation des unités et personnels pour les services collectifs ou individuels, de la sécurité, de la police et de la bonne tenue du quartier. Le Chef de bataillon désigne une compagnie de semaine et le Commandant de compagnie une section de jour.
Le capitaine de semaine dispose pour l’exécution des services de l’adjudant de semaine, d’un soldat secrétaire et d’un cycliste. Il commande la garde de police relevée journellement et les corvées désignées (semaines des compagnies du bataillon, officier de police de nuit, services de nuit, punis, ordinaire, …). Enfin, il contrôle les écuries du corps et fait assurer la bonne tenue du quartier (surveillance, propreté et entretien des cours et abords de la caserne, gymnases, séchoirs, locaux communs, …).
L’adjudant de semaine surveille la garde de police et les sergents et caporaux de semaine des compagnies. Il préside à l’appel du matin, assiste à l’appel du soir et au rassemblement des corvées. Il contrôle chaque jour le registre des punis, l’arrête et le certifie. Il loge au quartier pendant son service (s’il est marié et loge en ville, il est autorisé à aller prendre son repas à son domicile).
Il est en charge et est responsable de la ponctualité des batteries et sonneries régimentaires (tache attribuée au sergent de la garde), à savoir le réveil, la soupe, l’appel et l’extinction des feux à 22h ( cf. site suivant présente les cérémonials et partitions des régiments dans cette période avec des extraits des sonneries http://www.appat.org/celeustique/index.php/sonneries/sonneries-reglementaires/au-quartier-en-campagne-ceremonial).
A charge des compagnies par roulement, les pelotons au sein de celles-ci se relève pour prendre « le piquet » (la garde de police à l’entrée de la caserne).
CPA voyagée le 19/12/1913.
on remarque sur cette CPA, 1 clairon, 2 sergents, 1 caporal, 4 sentinelles et 1 planton portant les attributs du 115e RI. Ils posent devant l’entrée de la caserne SULLY à Nogent le Rotrou.
Le sergent de garde a pour taches de veiller aux respects des horaires et à l’exécution des missions du caporal et des sentinelles. Il est chargé de faire exécuter toutes les batteries et sonneries et de surveiller les locaux disciplinaires en faisant l’appel des consignés ou punis. Il dispose pour l’exécution des corvées de propreté du régiment des hommes punis de prison, de salle de police et de consignes. Il est chargé de surveiller la tenue des sous-officiers, caporaux et soldats à leur sortie du quartier et signale tout ceux qui sont rentrés en état d’ivresse ou en tenue irrégulière. Il collecte après les heures de service les clefs des cantines et des cuisines. Il tient pour cela des registres.
Le caporal de garde veille à la bonne exécution du service et de la surveillance des locaux disciplinaires.
La sentinelle placée à la porte du quartier, à la guérite, filtre les entrées et annonce les venues.
La police du quartier comporte:
– le maintien de l’ordre dans les locaux communs
– la police des salles de consommation des mess et cantines
– le contrôle de la rentrée des militaires sortis individuellement du quartier, dont l’inspection des tenues
– le contrôle de l’exécution des punitions et la surveillance des locaux disciplinaires
– l’exécution des consignes relatives aux accès (personnes étrangères au corps, colis, livraisons, …)
De nuit, un officier de police, choisi parmi les lieutenants et sous-lieutenant, est en charge de prendre les mesures appropriées en cas de danger ou d’ordres inopinés, des contre-appels et de l’exécution des rondes (sécurité et prévention incendie).
(l’image ci-dessous de soldats du 115 à la garde provient d’internet et non de ma collection /https://1914-18.be/2010/12/05/paul-dubuisson-115eme-regiment-dinfanterie-tombe-a-virton/)
Les rassemblements
Le rapport de la compagnie est journalier. Il permet de faire le point des effectifs, des malades, de donner les ordres et d’écouter les consignes et les messages des différentes autorités de la compagnie.
Les prises d’armes
Le quotidien des soldats est aussi agrémenté des cérémonials militaires, revues, ordres serrés, défilés et remises de récompenses.
Il semble que la place de la République était un lieu propice pour les exercices de défilé et évidement les remises de récompenses, en particulier la médaille militaire et la légion d’honneur à l’occasion des commémorations du 14 juillet.
Les permissions et exemptions
Des titres de permission et d’exemption étaient signés par une autorité de la compagnie (de niveau différent suivant l’exemption accordée ) et devaient être présentés au sergent de la garde de police pour rentrer ou sortir du quartier.
Il s’agit:
– de l’exemption de l’appel de la journée;
– de la permission de manquer à la soupe;
– de l’exemption d’appel du soir (9 heures du soir), de 10 heures du soir, de minuit et de la nuit;
– de l’exemption de service, d’exercice et de manœuvre;
– de la permission permanente (le quartier libre): les adjudants et les sous-officiers décorés de la Légion d’Honneur (LH) ou de la Médaille Militaire (MM) , et les sous-officiers rengagés que leur service ne retient pas au quartier sont autorisés à ne rentrer qu’à une heure du matin. Les autres sous-officiers et les caporaux fourriers, ainsi que les caporaux et les soldats décorés de la LH ou de la MM, sont dispensés de se trouver à l’appel du soir, mais doivent rentrer au quartier pour 11 heures du soir. Les sous-officiers mariés peuvent être autorisés à loger en ville. Ils couchent au quartier quand ils sont de service. Après l’appel du soir (21 h), ceux qui sortent du quartier ou qui y rentre sont tenus de se présenter au sergent de la garde.
– de la permission pour quitter la garnison :
Les villes de MAMERS et de NOGENT LE ROTROU disposaient d’une gare d’où les permissionnaires pouvaient rejoindre leur famille.
(extrait du règlement de service intérieur des corps de troupe d’infanterie (décret du 25/08/1913)).
« Les permissions sont toujours une récompenses et jamais un droit… Le chef de corps a toute qualité pour accorder des permissions faisant mutation aux militaires du régiment:
– jusqu’à 30 jours avec solde pour les officiers;
-jusqu’à 30 jours avec solde et accessoires aux sous-officiers dont le service à dépassé la durée légale;
-jusqu’à 30 jours, sans solde mais haute paye, aux caporaux et soldats dont le service à dépassé la durée légale;
– 120 jours de permission ou de congé, en dehors des dimanches et jours fériés, au cours des 3 années de service aux sous-officiers, caporaux et soldats n’ayant pas encore accompli la durée légale des services (loi du 21/03/1905, modifiée le 07/08/1913).
Ces congés ou permissions ne pourront être supprimés qu’en cas de punition grave. Ils sont subordonnés aux nécessités du service: Les permissions sont accordées de préférence aux époques où la progression de l’instruction s’y prête le mieux, à celles des fêtes légales, des travaux agricoles ou à l’occasion d’événements ou de cérémonie de famille. Tous les militaires doivent, en principe, être présents pendant les séjours dans les camps d’instruction et les manœuvres d’automnes. »
La musique
Dans chaque régiment d’infanterie, on retrouve une musique. Celle du 115ème RI donnait à l’occasion des concerts le jeudi place des Halles (place Carnot), le dimanche place Carnot ou des Grouas, autour du kiosque et à l’occasion au théâtre (dont l’un en 1879 avec la chanteuse Madame Thérésa au profit des sinistrés de la grêle). Distraction importante de l’époque, la population comme les soldats de la caserne assistaient avec ferveur à ces démonstrations.
La musique était aussi sollicitée à l’occasion de foires et concours comme ci-dessous au concours hippique de Mortagne au Perche (1908).
Des petites affiches format carte postale étaient réalisées à cette occasion.
Un autre encart est développé sur la musique dans l’onglet « les soldats du 115 avant guerre ».
La fête régimentaire
En date du 28 juin, en souvenir des combats et de la prise de TARRAGONE (ESPAGNE) en 1811, elle est réalisée à priori chaque année. Les 2 documents ci dessous font références aux années 1889 et 1890.
Représentations
La connaissances des armées étrangères est l’une des priorités de chaque armée. Pour cela, des échanges internationaux avec les alliés du moment étaient organisés. En dehors de l’aspect renseignement, il existait aussi des aspects confraternelles comme le montre l’article du journal « le matin » de janvier 1897 (source Gallica) relatant la réception d’un cadeau au 115e RI de MAMERS envoyé par le 115e RI de RIGA en RUSSIE.
La fin du service actif
Outres les célébrations du « père 100 » et de la quille (sujets abordés dans les CPA de la page « soldats du 115eRI avant guerre »), les soldats méritants quittaient la caserne avec un certificat de bonne conduite.
Créé en 1853, ce dernier était rédigé à la demande du commandant d’unité du soldat, signé par le général ou le chef de corps et validé par une commission. Ce certificat était demandé dans le secteur civil pour tout emploi dans la fonction publique.
Pouvaient obtenir ce certificat, ceux qui :
– avant 1892, avaient effectués au moins un an de service et n’avoir reçu « aucune punition qui blesse l’honneur ou qui annonce une indiscipline ou une inconduite habituelle »;
– de 1892 à 1905, avaient effectués au moins un an de service et ne pas avoir reçu « de punition touchant la probité, l’honneur, la moralité ni de punition égale ou supérieure à 15 jours de prison régimentaire au cours de la dernière année « .
-de 1905 à la guerre : avoir effectué au moins six mois de service et ne pas avoir reçu de punitions supérieures à huit jours de prison régimentaire.
Ce certificat a existé jusqu’à la fin du service militaire en 1999 dans des conditions d’attribution similaire.