Un petit point sur la composition de l’infanterie dans la période précédant la grande guerre.

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(source : INVENTAIRE SOMMAIRE DES ARCHIVES DE LA GUERRE SÉRIE N 1872-1919)

Aux termes de la loi des cadres et effectifs du 13 mars 1875, l’infanterie comprend cent quarante-quatre régiments de ligne (pour atteindre ce nombre, correspondant aux dix-huit corps d’armée prévus par la loi d’organisation générale de l’armée, il a fallu créer, dès 1873, dix-huit régiments, un par corps, numérotés de 127 à 144). Tous les régiments sont à quatre bataillons de quatre compagnies ; ils ont en outre un dépôt de deux compagnies.

Par la suite, des aménagements sont apportés à cette organisation, dans la métropole comme en Afrique du nord.

La loi du 25 juillet 1887 modifie la structure des corps d’infanterie de ligne pour permettre la création de dix-huit régiments nouveaux, dits régionaux et numérotés de 145 à 162, affectés à la défense des places fortes et n’entrant pas dans la composition des corps d’armée. Dès lors, le nombre des bataillons par régiment est ramené à trois, de quatre compagnies chacun et les compagnies de dépôt sont supprimées.

Les cent quarante-quatre régiments des corps d’armée, dits régiments subdivisionnaires, conservent, en plus de leurs trois bataillons, un cadre complémentaire d’officiers destiné à faciliter la reconstitution éventuelle d’un quatrième bataillon.

La loi du 20 juillet 1891 rétablie les quatrièmes bataillons pour les régiments régionaux puis la loi du 4 mars 1897 pour les régiments subdivisionnaires. Ces 4e bataillons disparaissent à nouveau progressivement de 1902 à 1907, sauf dans les régiments des régions frontières. Ceux-ci les conservent à titre de bataillons détachés dans les places fortes, où ils se substituent aux régiments régionaux, intégrés petit à petit dans de nouvelles divisions faisant partie des corps d’armée. Un décret du 19 mars 1913 regroupe ces bataillons de forteresse, avec la même mission, en dix régiments, hors corps d’armée et numérotés de 164 à 173 — un 163e régiment, subdivisionnaire, ayant été créé par la loi du 23 juillet 1891.

Jusqu’au 8 mai 1894, le numérotage des compagnies se fait de 1 à 4 par bataillon. A partir de cette date, il se fait en une série unique pour chaque corps ; c’est ainsi que la 1re Cie du 2e bataillon devient 5e Cie du régiment, la 2e du 3e bataillon, 10e  et s’il y a un 4e bataillon, la 3e du 4e bataillon devient la 15e compagnie (circulaire n° 277 du 8 mai 1894, 9 N 8).

(source livre du gradé de 1895)

Les bataillons 1, 2 et 3 appartiennent aux régiments actifs et les bataillons numérotés 5 et 6 appartiennent aux régiments de réserve. Les 4e bataillons appartiennent aux régiments régionaux.

Le bataillon se compose de 4 compagnies. Dans le régiment actif, les compagnies sont numérotées de 1 à 12 et dans celui de réserve de 13 à 24.

La 1ère compagnie du dépôt prend le n°25.

La compagnie est fractionnée en 4 sections numérotées de 1 à 4 formant 2 pelotons. La compagnie est commandée par un capitaine.

Sur le pied de paix, chaque section est divisée en 2 escouades. Les 8 escouades de la compagnie sont désignées par les n° impairs de 1 à 15. Le sergent commande une section.

Sur le pied de guerre, le sergent commande la demi-section. Chaque escouade se dédouble et les escouades nouvelles prennent les n° pairs de 2 à 16. La réunion de 2 escouades forme alors une demi-section.

Dans chaque compagnie, le lieutenant le plus ancien commande la 1ère section, un second lieutenant ou un sous-lieutenant commande la 4ème section, l’officier de réserve (sous-lieutenant ou lieutenant) est à la tête de la 2ème section, enfin l’adjudant est le chef de la 3ème section. A défaut d’officier de réserve, le sergent-major commande la 2ème section.

 


 

grades de l’infanterie avant 1913 (avec certaines spécialités):

Vous trouverez ci dessous une représentation graphique des grades de l’époque.

Au préalable, une description des fonctions au sein du régiment d’infanterie d’avant guerre.

A chaque grade correspondait un niveau de responsabilité au sein du régiment, décrit en fonctions.

Le décret du 25/08/1913 portant règlement sur le service intérieur des corps de troupe de l’infanterie définit les fonctions suivantes au sein du régiment:

 

 

à l’état-major

– le colonel

– le lieutenant colonel (commandant en second)

– le major

– les officiers du cadre complémentaire

– le capitaine adjoint au colonel

– le capitaine trésorier et son adjoint

– le capitaine chargé du matériel et son adjoint

– les médecins

– le chef de musique

 

dans les bataillons

– le chef de bataillon

– l’adjudant major

– l’adjudant-chef de bataillon

– les capitaines

– les lieutenants, sous-lieutenant et adjudant-chef du cadre complémentaire

– l’adjudant de compagnie

– le sergent-major

– les fourriers (caporal et sergent)

– les sergents

– le caporal d’escouade

– le caporal de chambre

– le caporal d’ordinaire

– les soldats (fantassins, soldats de 1ère classe, élèves caporaux, soldats des spécialités, sapeur-pionnier, mitrailleurs, vélocipédistes, télégraphistes, téléphonistes, tambours, clairons)

– les employés (secrétaires, soldats ordonnance, garde magasin, ouvrier tailleurs et cordonniers, perruquier (coiffeur))

– les réservistes

– les territoriaux

 

 

au sein de la compagnie hors rang:

– adjudant-chef de casernement

– caporal sapeur

– sapeur ouvrier d’art

– maitre d’escrime

– caporal moniteur d’escrime

– sergent chargé des équipages et des écuries

– conducteurs

– maitres ouvriers

– la musique

– les officiers de complément

 

 

en complément des fonctions qui régissent le cadre du travail et les responsabilités de chacun, on retrouve des services qui eux permettent le bon déroulement du fonctionnement de la caserne.

au niveau régimentaire

Le chef de bataillon de semaine / le capitaine de semaine / l’adjudant de semaine / le sergent de garde / le caporal de garde

au niveau de la compagnie

le sergent de semaine / le service des écoles (bibliothèque, salle de lecture et de correspondance) / le service médical / le service vétérinaire / le  service des écuries / le service des fonds et du matériel / le service postal et télégraphique / le service de l’alimentation.

 

 

Représentation graphique des grades et spécialités.

 

les militaires du rang:

Les sous-officiers:

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Depuis la loi du 18 mars 1889, les sous-officiers sont admis à contracter pour 1, 2, 3 ou 5 ans des réengagements renouvelables jusqu’à 15 années de service effectif. Ils peuvent ensuite être maintenus sous les drapeaux en qualité de commissionné jusqu’à l’age limite de 47 ans (ils peuvent demandé à être commissionné dès la fin de 10 années de contrat).

Les officiers:

Les médecins

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Les médecins militaires portent les appellations suivantes:

auxilliaire ( galon d’adjudant ) non titulaire du doctorat;
aide-major 2ème classe ( sous-lieutenant );
aide-major 1ère classe ( lieutenant );
major 2ème classe ( capitaine );
major 1ère classe ( major, commandant );
principal de 2ème classe ( lieutenant-colonel );
principal de 1ère  classe ( colonel ).

 

Ils portent sur le col une broderie Acanthe et serpent avec un velours différencié selon qu’ils soient vétérinaire, dentiste ou médecins.

 

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Les clairons et tambours

les musiciens

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tenue de caporal du 115 RI.

Képi troupe mdl 1884, veste troupe mdl 1879 (dit « ras de cul ») avec galon de caporal, pantalon troupe mdl 1867, brodequin troupe mdl 1893 avec jambières. « collection privée de L B. (Sarthe) »

 

Notion sur le service militaire

A partir de 1872, chaque citoyen est astreint à un service militaire, en qualité d’actif, de réserviste ou de territoriaux.

Cette période d’obligation militaire, qui a oscillé entre 20 et 28 ans dans la période de 1872 à 1914, était composée de plusieurs phases.

Faisant suite au recensement (décembre de l’année des 20 ans ou 19 ans à partir de 1913) qui caractérise la classe puis au conseil de révision, le citoyen était incorporé entre septembre et décembre au sein de l’armée d’active. Il y réalisait une période de 5 ans (1872 à 1889), ou 3 ans (1889 à 1905 et à compter de 1913), ou 2 ans (entre 1905 et 1913). Jusqu’en 1905, un tirage au sort, sans possibilité de remplacement, conditionnait le service actif à une durée courte (1 an) ou longue (de 5 puis 3 ans).

A l’issue, le soldat retournait dans ses foyers et intégrait la réserve de l’armée d’active. Il était astreint à réaliser 2 périodes d’exercices et en cas de mobilisation, il complétait un régiment d’active ou armait un régiment dit de réserve. Cette période évolua entre 4 et 11 ans entre 1872 et 1914.

Après son appartenance à l’armée de réserve, le citoyen devenait soldat de l’armée territoriale pour une durée de 5 à 7 ans.

Enfin il passait dans la réserve de l’armée territoriale pendant 6 à 9 ans suivant les lois de recrutement du ministère de la guerre.

Ainsi à la mobilisation de 1914, 3 grandes catégories d’unité ont été constituées: les unités d’active, les unités de réserve et les régiments territoriaux.

 


 

Concernant le temps de guerre et la mobilisation:

Composition (théorique) du 115ème RI à la mobilisation de 1914

les effectifs décrits ci-dessous sont ceux du régiment sur le pied de guerre.

 

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Détails des effectifs 

(source le livre du gradé d’infanterie 1914-1915)

La compagnie d’infanterie sur le pied de guerre double ses effectifs. Elle comprend:

2 pelotons, soit 4 sections soit 8 demi-section, soit 16 escouades.

son effectif est de :

4 officiers (1 capitaine, 3 lieutenants ou sous-lieutenant, dont 1 de réserve)

11 sous-officiers (1 adjudant, 1 sergent-major, 1 sergent fourrier, 8 sergents)

17 caporaux (1 caporal fourrier, 16 caporaux)

222 soldats (4 tambours et clairons, 1 infirmier, 1 cycliste, 3 conducteurs, 8 sapeurs pionniers, 1 tailleur, 1 cordonnier)

Il y a en outre 4 brancardiers, qui comptant à l’EM du bataillon, sont en subsistance à chaque compagnie.

 


 

Section de mitrailleuses

Les régiments disposent des sections de mitrailleuses. Elles sont composée de

1 lieutenant, chef de section

1 adjoint (sergent)

2 caporaux chefs de pièce

1 caporal chef approvisions

1 caporal chef de voiture

2 tireurs

2 chargeurs

2 aide-chargeurs

4 pourvoyeurs

11 conducteurs

1 armurier

1 ordonance agent de liaison

1 télémetreur

A droite, extrait du journal « la France Militaire » du 11/04/1908, relatif à la circulaire ministérielle du 31/01/1908 portant création de l’insigne de spécialité des sections de mitrailleuses.

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En 1916 (principe testé dès mars 1915), les bataillons perdent leur quatrième compagnie qui forme un dépôt divisionnaire assurant l’instruction des renforts, qui se voit remplacé par une compagnie de mitrailleuses à 4 sections de 2 pièces, soit 8 mitrailleuses. On compte alors 3 compagnies de mitrailleuses par régiment, soit 24 mitrailleuses par régiment. Au 1er bataillon, la compagnie porte le n°1 : CM1, au 2e bataillon le n°2 : CM2 et au 3e, CM3.


 

Pour des informations sur le parcours du soldat avant guerre (recrutement, recensement, tirage au sort, classe de recrutement, conseil de révision, affectation, instruction, périodes d’exercices, grandes manoeuvres, …), je vous invite à lire les remarquables fiches du site « parcours du combattant 14-18 » :https://parcours-combattant14-18.fr