Cette page est consacrée à l’histoire du 115 de 1914 à 1919 au travers de ses campagnes. Les récits sont issus de l’historique du 115RI (1920) et de la notice historique du 115 (1920 et 1950), sans omettre les journaux de Marche du régiment, de la 16° brigade, de la 8° division d’infanterie et du 4ème corps d’armée.

 

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(extrait de l’historique du 115ème RI, 1920)

 

« Aux Morts du 115° Régiment d’Infanterie ».

Ce que les mots: Devoir, héroïsme, patrie, renferment de souffrances, de sueurs et de sang, qui le dirait mieux que l’histoire d’un Régiment au cours de cette longue guerre: la plus puissante et la plus formidable qui fut, par la durée, les moyens matériels mis en jeu, et le nombre des combattants; la plus terrible et la plus sanglante qui fut aussi par la sauvagerie de la lutte…

L’histoire du 115 sera pour ceux qui viendront une leçon de vertus morales et guerrières.

Ils verront quelle est la mesure d’un homme.

Ils verront quelle est la part de ce beau régiment dans la plus grande guerre de l’histoire, livré pour défendre la cause la plus sacrée: la liberté…

Ils sauront alors pourquoi le Drapeau du 115 s’orne d’une croix de guerre avec deux palmes et une étoile de vermeil et d’un fourragère aux couleurs du ruban de cette croix de guerre.

Ils sauront enfin de quel prix leurs anciens ont payé ces insignes de gloire: ILS POURRONT ETRE FIERS!

 

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Les citations collectives du régiment

Citations de sections

Citation à l’ordre du régiment de la 3ème section de la 3ème compagnie, 1er bataillon (combats de Champagne 25/09 – 20/10/1915)

« Le 25 septembre s’est portée en avant sans hésiter malgré les pertes sérieuses que lui causèrent les mitrailleuses ennemies, pour soutenir les fractions très éprouvées de notre régiment. »

Citation à l’ordre du régiment de la 3ème section de la 7ème compagnie, 2ème Bataillon (combats de Champagne 25/09 – 20/10/1915)

 » S’est particulièrement distinguée, dans la nuit du 10 au 11 octobre, en plaçant un réseau des défenses accessoires en terrain découvert à vingt mètres des Allemands, et en accomplissant sa mission jusqu’au bout avec le plus profond mépris des coups ennemis qui cependant lui causèrent 30% de pertes. »

Citation à l’ordre de la division de la 4ème section de la 6ème compagnie, 2ème bataillon (combats de Massiges 24/12/1915 – 27/06/1916)

« le 9 janvier 1916, sous les ordres du sous-lieutenant MORELLE et des sergents GOMMARD, DAMIRON et DURIS s’est avec un bel ensemble superbement comporté lors de l’émission (liquide enflammés) de l’ennemi, s’est opposée à la sortie des Allemands par un feu bien ajusté et malgré des pertes sensibles a supporté sans défaillance un bombardement qui dura toute la nuit. A vu son chef sérieusement blessé. »

Citation à l’ordre de la division de la 4ème section de la 10ème compagnie, 3ème bataillon (combats de Massiges 24/12/1915 – 27/06/1916)

« Le 13 février 1916, a résisté depuis 2 heures du matin au petit jour, à des attaques violentes et incessantes, dans une portion de tranchée récemment conquise, qu’elle a conservée malgré des pertes très sensibles et un bombardement de minenwerfer. Etait après la lutte pleine d’entrain et de belle humeur. »

Citation à l’ordre de la division de la 1ère section, 3ème compagnie de mitrailleuses (combats des Marquises 21/08 – 30/11/1917)

Citation à l’ordre du régiment de la 1ère section, 2ème compagnie de mitrailleuses (combats des Marquises 21/08 – 30/11/1917)

 

 

Citations de compagnies

Citation à l’ordre de la division de la 11ème compagnie, 3ème bataillon (combats des Marquises 21/08 – 30/11/1917)

« Unité d’élite qui, sous la vigoureuse impulsion de son chef le capitaine RENAUDIN, le 26 novembre 1917 est sortie de ses tranchées dans un élan magnifique, a pénétré jusqu’à la 3ème ligne, détruisant plusieurs abris et infligeant à l’adversaire des pertes sensibles. »

 

Citations de bataillons

Citation à l’ordre de la IVème armée du 1er bataillon (combats de Mont-Blond 25/06 – 19/07/1917)

« Après s’être illustré au Téton en mai 1917 sous les ordres de son chef le commandant LEMAIRE qui a su communiquer à sa troupe son activité, sa flamme, et sa tenace volonté, le 1er bataillon du 115ème RI a enlevé de haute lutte, le 14 juillet 1917, en liaison avec le 4ème bataillon du 317ème RI, une position essentielle, âprement disputée par l’ennemi, y a fait 200 prisonniers. En un raid audacieux est allé incendier à 300 m de ses objectifs un groupe d’abris ennemis.

Pris à partie le lendemain par une concentration d’artillerie écrasante, a repoussé trois fois l’ennemi des positions nouvellement conquises. Ramené légèrement par une quatrième contre-attaque particulièrement puissante a trouvé en lui, malgré les pertes subies, des ressources d’élan nécessaires pour reprendre liaison avec les troupes de renfort et finalement pour garder tous les objectifs assignés. »

Image à droite  extraite du site http://www.kaiserscross.com/40056/182635.html

 

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Citations du Régiment

Citation à l’ordre du Corps d’Armée (Ordres du 17ème CA n°22 du 11 juillet 1917):

« Le 115ème Régiment d’Infanterie, animé d’un bel esprit offensif par l’exemple de son chef, le lieutenant-colonel Kieffer, a eu, pendant 25 jours (1er au 25 mai 1917) une tenue au feu digne d’éloges. Dès son arrivée sur une position importante récemment conquise, l’a menée à bien malgré une violente réaction d’artillerie ennemie et des contre-attaques répétées. Le 8 mai 1917, a brisé une forte attaque menée par des troupes d’assaut spéciales. A enlevé, le 20 mai, une position fortement occupé et d’une valeur essentielle. S’y est maintenu malgré ses pertes et malgré les efforts renouvelés de l’ennemi. »

Citation à l’ordre de l’armée (Ordres du général commandant la Vème armée du 22 novembre 1918):

« Le 115ème Régiment d’Infanterie, sous les ordres du lieutenant-colonel Letondot, attaqué sur des positions encore incomplètement organisées par un ennemi trois fois supérieur en nombre, et pris à revers sur sa gauche, a résisté avec énergie, luttant pied à pied pour conserver la position qui lui était confiée. Rejeté sur un village important de sa ligne formant réduit, s’y est cramponné autour de son chef, forçant l’ennemi à conquérir ce réduit maison par maison en lui infligeant de fortes pertes. Ne s’est replié que par ordre, ayant arrêté l’ennemi pendant plus de dix heures d’un combat acharné. »

Citation à l’ordre de l’armée (ordres du général commandant la Vème armée du 30 novembre 1918):

« Le 115ème Régiment d’Infanterie, sous les ordres du lieutenant-colonel Laurent, lancé à la poursuite de l’ennemi le 26 septembre 1918, n’a plus lâché sa proie. Traversant des terrains bouleversés, forçant les passages de la Suippe et de l’Aisne âprement défendus par l’adversaire, marchant sans répit malgré les mitrailleuses et l’artillerie adverses qui lui ont causé des pertes sérieuses, peinant dans la boue, sous la pluie, irrégulièrement ravitaillé par suite des destructions opérées par l’adversaire, a donné un splendide exemple d’endurance, de ténacité et d’allant. A libéré sur le territoire national une profondeur de plus de 70 km s’emparant de nombreux villages dont certains sérieusement défendus et délivrant de nombreux habitants. A fait des prisonniers, pris des canons, des mitrailleuses et un matériel considérable. »

 



 

Le 115 ème régiment d’infanterie en opération

Les cartes sont extraites du site géoportail (cartes d’état-major de 1820 – 1866 ou IGN).

Les données sont extraites des JMO, des lectures et de l’historique du 115RI.

 

 

Liste des commandants du 115ème régiment d’infanterie pendant la guerre 1914 – 1919

 

Le 2 août 1914, le régiment était commandé par le colonel GAZ AN.

Le 24 septembre 1914, le chef de bataillon GRAFF prend le commandement du régiment en remplacement du colonel GAZAN, nommé au commandement de la 16eme brigade. ( Le colonel GAZAN fut tué, le 27 septembre 1914, devant la sucrerie de Roye ).

Le chef de bataillon GRAFF, promu lieutenant-colonel le 4 octobre 1914, est tué le 7 octobre 1914 devant Andechy.

Le chef de bataillon TRAVERS prend le commandement du régiment, est promu lieutenant-colonel, le 17 octobre 1914.

Le lieutenant-colonel KIEFFER commande le régiment du 23 janvier 1915 au 5 juin 1917.

Le lieutenant-colonel GACHES, du 5 juin 1917 au 17 mai 1918.

Le Lieutenant-colonel LETONDOT, du 17 mai 1918 au 16 juillet 1918, jour où il est blessé mortellement au Pâtis de Damery.

Le chef de bataillon FRALON prend le commandement du régiment

Le lieutenant-colonel LAURENT, du 26 juillet 1918 au 21 juin 1919

Le chef de bataillon FRALON, du 21 juin 1919 au 22 août 1919.

Le lieutenant-colonel TRAVERS commande le régiment et le dépôt du 22 août 1919 au 30 septembre 1919.

Le colonel CONVERSET, du 1er octobre 1919 au 31 décembre 1919, date de la dissolution du régiment.

 


 

1914

Encadrement du 115e R.I. à la date du 5 août 1914

* officiers morts pour la FRANCE

Etat-major

chef de corps: COL GAZAN*

capitaine adjoint: CNE OGIER DE BAULNY*

médecin chef: Médecin major de 1è classe ANGUE

officier d’approvisionnement : LTN MOREL

officier chargé des détails : LTN ALIX*

Porte drapeau : LTN BENTZ

service téléphonique : SLT ARNOULD*

Chef de musique : LTN MANIERE

Sections de mitrailleuses:

Cdt la 1è section de mitrailleuses : LTN BARBIER

Cdt la 2è section de mitrailleuses : LTN CHIRON DE LA CASINIERE*

Cdt la 3è section de mitrailleuses : LTN LACHAIZE

1er bataillon :

Chef de bataillon TRAVERS

Médecin Aide major de réserve : BUTEL

1° compagnie:

Capitaine MATURIE*,

Lieutenant BEZIAU,

Lieutenant KILMANN*,

S/Lieutenant de réserve BRUYANT*

2° compagnie:

Capitaine MAILLEFERT*,

Lieutenant PRIOUX,

Lieutenant de réserve DE FRANQUEVILLE

3° compagnie:

Capitaine CLAYEUX,

Lieutenant CLAUS,

S/Lieutenant de réserve BONNEL*

4° compagnie:

Capitaine DU BOUCHER,

Lieutenant TRITSCHLER,

S/Lieutenant de réserve BREY*

2e bataillon :

Chef de bataillon GRAFF*

Médecin Aide major TAMALET

5° compagnie:

Capitaine HARTMANN,

Lieutenant COLCANAP,

S/Lieutenant NIO*

6° compagnie:

Capitaine DE LANTIVY DE TREDION*,

Lieutenant de réserve LEBOCQ,

Adjudant GODINEAU,

Lieutenant de réserve BERNIERE

7° compagnie:

Capitaine FRERE*,

S/Lieutenant LAUNAY*,

S/Lieutenant de réserve GUILLEUX

8° compagnie:

Capitaine MENEZ*,

S/Lieutenant LUCAS GIRARDVILLE*,

S/Lieutenant de réserve LINTEAU*

3e bataillon :

Chef de bataillon COQUERELLE*

Médecin Aide major de réserve ALTENBACH

9° compagnie:

Capitaine CHANCERELLE DE ROQUANCOURT-KERAVEL*,

Lieutenant CHANDERIS*,

S/Lieutenant de réserve MARTIN*

10° compagnie:

Capitaine LACOMBE*,

S/Lieutenant PRIEUR,

S/Lieutenant de réserve LEGUEUX*

11° compagnie:

Capitaine FERNAGU,

S/Lieutenant BERTIN*

12° compagnie:

Capitaine COUSIN,

Lieutenant CRUT,

S/Lieutenant LETROSNE*


 

Août 1914

Le samedi 01, les officiers du 115 sont rassemblés pour la lecture de l’ordre de mobilisation générale par le Chef de corps (CdC) en salle d’honneur des officiers. Perception des collections de guerre pour l’active.

Dimanche 02, installation des sections d’active en cantonnement. Arrivée des réservistes. Réquisition des bicyclettes, voitures, chevaux contre rémunération sur la commune de MAMERS.

Le Lundi 03, c’est la déclaration de guerre. La population a triplé sur Mamers. La ville est remplie de réservistes , de territoriaux en tenue et équipés (extrait du livre « la grande guerre  » d’Olivier GUILLEUX).

Le 5 août, le régiment, commandé par le colonel GAZAN, quitte ses garnisons de MAMERS et de NOGENT LE ROTROU et s’embarque par voie ferrée en direction des Armées. Il fait partie de la 3ème armée/ 4°C.A. / 8°D.I. / 16° B.I. (115° et 117° R.I.). Il est composé de 52 officiers, 3311 hommes de troupes, 176 chevaux et 53 voitures.

 

 

En aout 1914, le 4° CA du général Boëlle est organisé de la manière suivante:

non endivisionnés

14ème Hussards Alençon (Orne) (1er 2e 3e 4e escadron) lieutenant-colonel Dejussieu
44 RAC Le Mans (Sarthe) (1er 2e 3e 4egroupe) colonel Sabattier
315 RI Mamers (Sarthe) (5 et 6e bataillon) lieutenant colonel Devaux
317 RI Le Mans (Sarthe) (5 et 6e bataillon) lieutenant-colonel Prévost

 

 

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7ème Division d’Infanterie d’Active : général de Trentinian

26e RAC Chartres (Eure-et-Loir) (1er 2e 3e groupe) colonel Bertrand

– 13ème Brigade d’Infanterie colonel Farret

101 RI St-Cloud (Hauts-de-Seine) (1er et 3e bataillon) colonel Ferran
Dreux (Eure-et-Loir) (2e bataillon)
102 RI Paris (1er et 2e bataillon) lieutenant-colonel Blin
Chartres (Eure-et-Loir) (3e bataillon)

– 14ème Brigade d’infanterie général Félineau

103 RI Paris (1er et 2e bataillon) colonel Cally
Alençon (Orne) (3e bataillon)
104 RI Paris (2e et 3e bataillon) colonel Drouot
Argentan (Orne) (1er bataillon)

 

8ème Division d’Infanterie d’Active : général de Lartigue

31 RAC Le Mans (Sarthe) (1er 2e 3e groupe) colonel Wallut

– 15ème Brigade d’Infanterie colonel Fropo

124 RI Laval (Mayenne) (1er 2e 3e bataillon) lieutenant-colonel Dubosq
130 RI Mayenne (Mayenne) (1er 2e 3e bataillon) lieutenant-colonel de Parscau du Plessix

– 16ème Brigade d’Infanterie colonel Desvaux

115 RI Mamers (Sarthe) (2e 3e bataillon) colonel Gazan
            Nogent-le-Rotrou (Eure) (1er bataillon)
117 RI Le Mans (Sarthe) (1er 2e 3e bataillon) colonel Jullien

 


 

 Débarqué à CHARNY (près de VERDUN) le 6, le 115 fait route vers la BELGIQUE que l’armée allemande vient d’envahir. A 21h, le 2ème bataillon cantonne à VACHERAUVILLE.

Le 4e CA doit se concentrer dans la région de CONSENVOYE-DAUVILLERS. L’ordre général n°1 de la 8e division du 06 aout ordonne à la 16e brigade de se porter vers AZANNES, GREMILLY et les JUMELLES d’ORNES.

Du 07 au 10, le 115 est à GREMILLY, à 20 km de l’ennemi qui serait dans les régions de LONGUYON et SPINCOURT. Le canon est entendu pour la première fois. Les soldats attendent de voir des ULHANS (reconnaissance allemande). Craignant une attaque, la ville est barricadée et des tranchées sont construises avec des outils de réquisition. Le vin manque, de l’alcool RICQLES est ajouté à l’eau (extrait du livre d’O. GUILLEUX).

Le 09, l’EM du 4CA est à GREMILLY.

Le 10 à 20h, la 7 du 115 fait route sur AZANNES. Elle s’arrête à ROMAGNE.

 

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(source JMO 16e brigade / Mémoire des Hommes)

 

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Assigné à des missions défensives et de soutien, il assiste en spectateur le 12 aout au combat du 130e RI sur  MANGIENNES (détails des positions sur le croquis à gauche).

Il occupe du 10 au 16 les positions sur les pentes Est des côtes de MEUSE, jalonnées par les jumelles d’ORNE, GREMILLY et AZANES. A son nord se situe son régiment binôme, le 117e RI du MANS. Des premiers actes de courage font honneur au Régiment:

 » Un petit poste d’une demi section sous les ordres du sergent MASSE rejoint sa section à la 10° compagnie que commande le sous-lieutenant LEGUEUX. Tout à coup retentit le cri de « au Drapeau! ». Le Drapeau du 130°RI est dans une tranchée, défendu par un commandant et une poignée d’homme exténués par le dur combat. Le sous-lieutenant LEGUEUX entrainant la demi-section se porte en avant, le sergent MASSE prenant un clairon des mains d’un homme qui est à bout fait lui-même la sonnerie « au Drapeau ». Grace à cette action, la situation est rétablie et le Drapeau du 130 mis en sureté. »

Après MANGIENNES et jusqu’au 17 aout, le Régiment est en réserve et cantonne dans la région de ROMAGNE SOUS LES COTES. Le 18 août, avec toute la 8° DI, il reprend sa marche vers le nord par DAMVILLERS, PEUVILLERS, VITTARVILLE, DELUT où il cantonne les 18, 19 et 20.

 

Combats de VIRTON

(les cartes tactiques sont issues du site gallica-bnf et extraites de la revue militaire française, articles du CDT GRASSET A. « une bataille de rencontre – VIRTON » (liens en dessous)). La bataille de la 8e Division à VIRTON est décrite dans les liens cités. Je m’attacherai ici à ne présenter que les actions du 115eRI et des unités concourantes au cours de cette journée de la bataille des frontières du 22 aout 1914.

La région sud du LUXEMBOURG est occupée et des troupes allemandes ont été observées sur ETALLES et ARLON. Le 4e CA du général BOELLE a pour mission de couvrir la droite de la 4e Armée et du 2e CA qui marchent vers le nord. La 7e division est envoyée sur SAINT LEGER – CHATILLON par ETHES, la 8e div. sur ETALLES (au nord de VIRTON) via VIRTON. L’état-major du 4e CA fera route avec la 8e div..

 

 

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Le 21 août, le 115 quitte DELUT, vers 05h45 pour marcher sur VIRTON. A 11h15, il passe la frontière. Le 1°bataillon se détache à LAMORTEAU pour aller occuper la cote 280 et protéger le mouvement en avant. La colonne s’arrête vers 14h30, protégée par le 3° bataillon (CBA COQUERELLE) qui se porte à DAMPICOURT.

A 15h30 le Régiment reprend sa marche, reçoit l’ordre d’occuper VIRTON et d’en garder les débouchés. Le 3° Bat y rentre le premier au milieu des acclamations des Belges. Puis il va prendre les avant-postes sur la route d’ETALLE, direction de marche du lendemain, pendant que le 2° bataillon (CBA GRAFF) va s’installer à sa droite jusqu’à la route d’ETHE. Le 1° bataillon (CBA TRAVERS) qui l’avait précédé dans cette direction, ayant refoulé quelques patrouilles ennemies et ramené trois uhlans dont 1 sous-officier, cantonne à VIRTON avec l’EM du Régiment. L’arrivée de la division a fait fuir un bataillon wurtembergeois de la ville de VIRTON.

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Le 21 au soir, le Régiment couvre, au nord de VIRTON, les cantonnements de la 8e division:

– le 2e bat. (CBA GRAFF) occupe le secteur entre la route d’ETHE (incluse) et la route d’ETALLE (exclue), avec la 6e Cie à la fontaine de LEMPEREUR, la 8e sur la cote 265 et les 5e t 7e en réserve aux sorties ouest de VIRTON (cf. croquis ci dessous);

– le 3e bat. (CBA COQUERELLE) est installé entre la route d’ETALLE (incluse) et la route d’HOUDRIGNY (incluse), avec la 12e Cie à la ferme de BELLEVUE, la 11e à la naissance du ravin de la « patte d’oie », la 10e à HOUDRIGNY et la 9e en réserve sortie NO de VIRTON;

– le 1er bat. (CBA TRAVERS) est en réserve à la sortie E de VIRTON.

Le 22 à 03h du matin, la 8e division reçoit l’ordre de poursuivre vers ses objectifs (HUOMBOIS et ETALLE) et donne ses ordres de coordination aux 15e et 16e brigade avec mission « d’attaquer vigoureusement » tout ennemi rencontré, passage au point initial (entrée ouest de VIRTON) à 04h15. Un épais brouillard et la connaissance imparfaite du secteur rendit défectueuse la transmission de cet ordre par les estafettes (bicyclistes) à certaines unités, entrainant retard et précipitations dans l’exécution.

Le 130e RI (15e brig) à DAMPICOURT est en charge de marcher en avant-garde avec les hussards de l’escadron divisionnaire en éclaireur. Le 115, alerté dès 03h00 est prêt avec ses 2 bataillons aux avant-postes et le 1er bat. aux sortie nord de VIRTON. Des coups de feu sont entendus au nord sur le plateau.

Les allemands (7e grenadiers, artillerie et 1er Uhlans) sont présents dans le bois (borne 28) de VIRTON depuis 01h00. Avant de s’engager sur le plateau qui domine VIRTON, ils envoient quelques patrouilles qui vont prendre le contact avec plusieurs points de défense française dont BELLEVUE, puis, après avoir préciser le dispositif défensif, se replier en laissant des vedettes devant les sentinelles françaises. Ils vont ensuite préparer une ligne de résistance le long de la lisière du bois avec mise en place d’embuscade pour capturer des patrouilles françaises. Puis vers 05h30, ils reçoivent l’ordre de mener une offensive sur la ferme de BELLEVUE et VIRTON.

C’est ainsi qu’à 03h40, un peloton allemand tombe sur une demi section de la 12e Cie (3e bat.) du 115 en poste sur la route en avant de la ferme de BELLEVUE. Dans le brouillard et suite aux sommations, les 2 unités tirent et ripostent. Le sergent, chef du poste, rompt le contact avec ses hommes et rend compte au capitaine COUSIN, commandant la compagnie, qui prévient, à son tour, le chef du bataillon (CBA COQUERELLE). Celui-ci décide de se rendre avec sa réserve (3 sections de la 9e Cie et la 3e section de mitrailleuses) sur la position, qu’il rejoint à 05h00. Au regard de sa carte (au 1/200000!), il déploie les éléments de la 9e Cie (CdU: CNE ROQUANCOURT) sur le flanc droit de la 12e cie et la section de mitrailleuses en arrière. Au vu du brouillard, aucune patrouille n’est envoyée en avant.

La 12° compagnie sur la route d’ETALLE à la ferme de BELLEVUE est rejointe par les Hussards en reconnaissance vers 05h25 auxquels le capitaine précise « Inutile d’aller plus loin, les Allemands sont là, tout près. Nous avons tiraillé toute la nuit. Ils viennent de me tuer un homme ! » (articles du CDT GRASSET / RMF/GALLICA).

 

 

A ce moment, un peloton, entré dans un bois, est pris à parti dans le brouillard (à 2 m). Celui-ci revient vers son chef d’escadron rendre compte de la présence d’Allemand retranché dans les bois. L’information est retransmise au colonel CHABROL, commandant la 15e brigade et l’avant garde qui considère qu’il s’agit d’un détachement isolé. Les hussards reprennent donc leur progression vers ETALLE et vers 06h00 sont pris à parti à hauteur de la même lisière. Après un assaut infructueux, l’escadron se replie de façon désordonnée et en trombe dans les lignes de la 9e Cie du 115 et du 130e RI.

A 06h00, appuyés et précédés par leur mitrailleuses, les allemands lancent leur attaque sur la ferme de BELLEVUE avec 2 bataillons du 7e grenadiers de par et autre de la route. Sur l’autre flanc, 3 bataillons du 154e d’infanterie allemand, appuyés par des canons (2 groupes de batterie) se lancent vers VIRTON.

Secteur BELLEVUE, les 9e et 12e compagnies du 115e RI résistent bravement à cette avalanche. Un combat terrible s’engage à portée de pistolet dans la brume. Mais d’emblée les pertes sont graves. Sous le tir des mitrailleuses, la 12 perd la moitié de ses effectifs et la 9e est détruite. Le CBA COQUERELLE et le CNE ROQUANCOURT sont tués. Les chefs de section de la 9e Cie, LTN CHANDESRIS et SLT MARTIN, sont mis hors de combat dès les premières minutes. La section de mitrailleuses du LTN LACHAIZE s’est portée sur la route pour appuyer les 2 compagnies qui tiennent ferme devant un ennemi 10 fois supérieur.

A ce moment, le 1er bataillon d’avant garde du 130e RI aux ordres du CBA de BUSSEROLLES, en plein brouillard à 1km au nord de VIRTON et en arrière de BELLEVUE, se retrouve subitement « enveloppé » dans une gerbe de mitrailles, ricochets ou balles de plein fouet, causant de nombreuses victimes. Ce bataillon sera décimé (une cinquantaine de survivant, sans officier, rejoindront HOUDRIGNY et quelques groupes VIRTON). Sans nouvelle de l’avant garde, supposée au combat aux cotés du 115, le 2e bataillon du 130, en arrière, reçoit l’ordre de déployer une compagnie en avant pour appuyer la droite du 1er bataillon. Dans un brouillard opaque, la 8e Cie du 130 du LTN VISBECQ, au coude à coude pour ne pas s’égarer et en gardant la route en main courante à gauche, monte avec 4 sections (250 hommes) par les champs équipés de clôtures de fils de fer. La liaison est prise avec la section de mitrailleuse du 115e installée sur la route qui empêche toute progression vers le nord. La 8e compagnie, isolée dans la brume, se trouve alors fixée sous un feu ennemi venant du nord.

Dans le secteur du 2e bataillon du CBA GRAFF, 2 bataillons en première ligne et 1 bataillon en renfort allemands se jettent sur le mamelon 265 où se trouve la 8e Cie du 115 (CNE MENEZ). Surprises et enveloppées dans le brouillard, les sections des SLT LUCAS et LINTEAU, décimées, sont enlevées après une résistance héroïque qui donne le temps au CNE MENEZ de se mettre en défense.

 

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Débordées, les 2 sections restantes doivent reculer pas à pas en tenant l’ennemi en respect par des retours offensifs à la baïonnette. Le 2e bataillon du 154e allemand, en arrière progresse vers le sud-est. La 6e Cie du 115 (CNE de LANTIVY) est sur la ferme de LEMPEREUR et n’a fait face qu’à des patrouilles. Le CBA GRAFF avec ses 5e (CNE HARTMANN) et 7e cie (CNE FRERE) et la section de mitrailleuses du LTN de la CASINIERE est en mesure de secourir ses compagnies ou de les recueillir. La 7e Cie garde la route d’ETHE et le couvent. Ses officiers sont le CNE FRERE, le SLT LAUNAY et le SLT GUILLEUX.

Au sortie de VIRTON vers 06h45, le 2e bat. du 130e RI recueille quelques soldats du 115e, qui après les premiers combats au corps à corps sur les avant postes de BELLEVUE et à court de munition, se sont égarés dans le brouillard sans pouvoir rejoindre la ferme. Ils rendent compte au commandement de la présence d’une force allemande très nombreuse marchant sur VIRTON.

Vers 07h00, la 9e Cie réduite à quelques hommes, sans officiers, débordée sur ses deux flancs et prise à revers par des patrouilles, lâche prise découvrant la droite de la 12e cie. Ils rejoignent la 12e Cie. Sur la ferme, ils informent le commandant d’unité (CdU) de leur situation, de l’avancé de l’ennemi à l’Est et de la mort du chef de bataillon COQUERELLE. Sa compagnie regroupée sur la ferme avec la section de mitrailleuses LACHAIZE et le reliquat de la 9 ne représente à peine qu’une centaine d’hommes à court de munitions. Sans information concernant les renforts, constitué par l’avant garde du 130e RI qui devait le rejoindre pour 05h00, le CNE COUSIN, à la faveur d’une accalmie et grâce au brouillard, se replie vers HOUDRIGNY, seule direction encore libre.Son détachement sera plus tard amalgamé avec le 91e RI.

Au même moment vers 08h00, la 8e cie du 130, au sud est de la ferme subit sur son arrière des feux violents de la part du 3e bataillon du 7e grenadier allemand qui, par une virgule, charge et monte à l’assaut de la ferme BELLEVUE, au pas, en ligne en chantant et en tirant sans arrêt. Sans pouvoir voir à moins de 2 m, la 8e cie est submergée et neutralisée.

Ayant conquis la ferme et l’ayant dépassés, le 1er bat. du 7e grenadier y met le feu sans en évacuer les blessés, ceux présents autour de la ferme sont achevés.

A la sortie nord de VIRTON, le 130e RI avec ses 3e et 2e bat. se porte en avant pour repousser les allemands, avec une distance de vue de l’ordre de 15 à 80 m. Les compagnies sont clouées sur place par une fusillade intense des bataillons du 7e grenadier et 154e d’infanterie et un feu violent d’artillerie. Les colonels commandant le 130e RI et la 15e brigade sont tués, tout comme plusieurs commandants d’unité et chefs de section. Une ligne de défense se forme avec les reliquats du 130.

Dans VIRTON, le gros de la 8e division avec le 124e RI et le 31e RA poussent vers l’avant, occasionnant dans les rues où les blessés affluent, un encombrement et un désordre affreux. Le 117e RI est resté au lisière sud de la ville. La situation reste confuse pour les unités non engagées.

Le 1er bat. du 115e RI (CBA TRAVERS), toujours en réserve à la sortie nord de VIRTON, attend ses ordres. Le 3e bat du 115 est réduit à 2 compagnies (les 10e et 11e), les débris des 9e et 12e Cie ont été rejetés sur HOUDRIGNY et VIRTON. Le 2e bat. est au contact à l’ouest sur le point 265. La 10e Cie (CNE LACOMBE) et 11e cie (CNE FERNAGU) du 3e bat. sont revenues de la région HOUDRIGNY, et mise pour la première à la disposition du 1er bataillon (CBA TRAVERS) et affecté pour la seconde à la défense des lisières nord de VIRTON. Les 3 bataillons du 130e ont fondu dans la fournaise. Disloqués, décimés, sans officier, leurs débris ont reflué vers VIRTON, suivi de près par les allemands.

Dans ce désordre, le 1er bat. du 115e reçoit l’ordre du commandant de la 16e brigade (colonel DESVAUX) de se porter au secours du 130eRI vers la côte 260, pour appuyer par l’ouest l’action de l’avant-garde. Sans en savoir davantage, la 4e Cie (CNE DUBOUCHER)  en tête, le bataillon TRAVERS et la 10e Cie, se hâtent en colonne de route, vers la lisière ouest de la localité. Aux dernières maisons, sous les balles qui sifflent, le chef de bataillon pousse 2 compagnies en chaine. La 4e Cie déploie 2 sections qui disparaissent dans le brouillard. Le capitaine les suit avec les 2 dernières sections en ligne de section par quatre. A travers les jardins, la 3e Cie (CNE CLAYEUX) essaie de gagner , en ligne de sections, la droite de la compagnie DUBOUCHER. Les 1ere Cie (CNE MATURIE), la 2e (CNE MAILLEFERT) et la compagnie LACOMBE (10e) se groupent , prêtes à se porter en avant. Empêtrée dans les clôtures, égarée dans les enclos et mal orientée dans le brouillard, la Cie CLAYEUX n’est pas encore déployée à 08h15 quand le contre ordre survint de ramener tout le monde en arrière.

En effet à 08h00, le général BOELLE, présent avec une partie de son état-major dans VIRTON, reprécise les ordres donnés, alors que le 31e RA engage les lisières nord avec ses pièces. Le 115e reçoit l’ordre de se reconstituer à l’ouest de VIRTON, le 124e RI de se porter en avant au nord et le 117e d’exécuter un mouvement débordant, sur l’axe HOUDRIGNY-ROBELMONT.

A l’Est, le dispositif du 2e Bat. du 115e RI a évolué. Prévenu vers 08h00 de la situation critique de ses compagnies de grande garde, le CBA GRAFF avait fait pousser vers l’avant la 5e Cie (CNE HARTMANN) entre le cimetière de VIRTON et le chemin de la côte 265 et la 7e Cie (CNE FRERE) à l’est de ce chemin face au nord d’où affluent les blessés de la 8e Cie (CNE MENEZ). Pour la 7e Cie, le SLT GUILLEUX assure la mission de contrôle de l’axe vers ETHES avec à sa gauche la section du sergent major, puis celle de l’adjudant et enfin la section du SLT LAUNAY. La section du LTN COLCANAP de la 5e cie est maintenu en réserve avec la section de mitrailleuses du LTN de la CASINIERE. La 5e est déployée avec ses 3 sections: l’adjudant BLAVETTE au centre, le SLT NIO à droite appuyé au chemin, le sergent-major MARSEUL à gauche, appuyé au cimetière. C’est le baptême du feu. Passé la première émotion, capitaines en tête, les Cies progressent en aveugle presque sans perte.

Vers 08h30, les allemands sont maitres du plateau de BELLEVUE, surplombant VIRTON. A l’est, le 3e bataillon du 154e allemand a été arrêté par la résistance de la 8 Cie du 115, accrochée au mamelon 265. Confrontés à la poussée de la 3e division française sur son flanc ouest et conscient des forces lui faisant face au sud et à l’ouest, le général VON BELOW commandant la 9e division allemande, fait cesser l’assaut sur VIRTON et fait installer ses unités en défensive sur le plateau, tout en demandant l’appui de l’artillerie du 5e corps d’armée allemand (artillerie qui sera guidée par un avion). Le grand nombre de blessés du 115e, 124e et 130e RI français trouvés sur le champ de bataille depuis ROBELMONT jusqu’à la route d’ETHE fait penser au commandant de la 9e division allemande que la 8e division française n’était certainement plus en état de déboucher de VIRTON, où une vigoureuse action d’artillerie suffirait à la maintenir, et que même un effort tenté par l’est serait susceptible d’enlever cette ville au français. Ainsi le 2e bat. du 154e reçoit l’ordre de s’étendre jusqu’à la route d’ETHE pour déborder les positions françaises.

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« situation sur VIRTON à 10h00″ (extrait de la revue militaire française, cdt GRASSET, croquis n°5, partie 3) »

Exécutant l’ordre de 08h00, le 3e bat. du 124e RI conquiert les positions des « réservoirs » à la baïonnette et fait quelques prisonniers du 154e. Il subit alors des feux d’artillerie et d’infanterie. Se relançant vers l’avant, désormais sous un temps clair, l’offensive des 3 bataillons du 124, au clairon et au pas de charge, est brisée vers 09h00.

De même le 117e RI monte vers ses objectifs par un glacis mollement ondulé, parsemmé de chaumes, de champs de pommes de terre et de boquetaux, qui monte à pente assez raide vers le point 280. Les balles et obus ennemis passent très haut au dessus des têtes.

A l’est de VIRTON, progressant dans le brouillard, la Cie HARTMANN du 115 ne tarde pas à se heurter aux débris de la 11e Cie (CNE BERTHIER) du 124e RI. Pour poursuivre, il faut franchir un ravin, suivi par un chemin que battent d’enfilade des mitrailleuses invisibles. Le CNE HARTMANN franchit ce passage dangereux, en perdant 3 de ses agents de liaison. Il arrête sa compagnie avant qu’elle n’y descende et lui fait creuser des trous de tirailleurs, pour flanquer au moins à droite la Cie de BERTHIER, en attendant que le contact ait été pris avec la 8e cie du 115. Le travail n’est pas achevé qu’il faut l’interrompre. Un cycliste est venu dire qu’il y a dans la direction où l’on fait face, une section de mitrailleuses du 130e du bataillon FADAT restée en position et faisant d’excellent ouvrage. La ligne étant redressée face au nord-est, la Cie attend que le brouillard se lève.

La 7e Cie du CNE FRERE a progressé plus facilement avec 2 sections déployées et 2 sections en colonne. Elle est venue prolonger la droite de la 8e Cie MENEZ qui, grâce à ce renfort, tient ferme.

A la réception des ordres du commandant du 4e CA, le chef de corps du 115e ne dispose que de la 11e (CNE FERNAGU) affectées à la défense de VIRTON. L’ordre de rallier le régiment est formel, le colonel GAZAN rappelle donc à l’ouest de VIRTON les bataillons TRAVERS et GRAFF, dont la mission de couverture à l’Est est « sans doute sans objet maintenant, puisque la bataille se déchaine au Nord ». A 08h45, le bataillon TRAVERS est rassemblé près du couvent de SAINT JOSEPH et de réflexes, met en œuvre des postes en avant et sur les flancs des canons du groupe GADOIS du 31e RA qui tirent dans la brume.

A 09h00, le CBA GRAFF reçoit l’ordre de rallier son régiment à l’ouest de VIRTON. Profitant des derniers voiles de la brume, il rappelle ses compagnies, leur prescrivant de laisser quelques patrouilles sur leurs positions pour donner le change à l’ennemi.

Les compagnies MENEZ (8), FRERE (7) et de LANTIVY (6) reçurent  l’ordre de retraite. Elles s’acheminaient donc , toutes déployées vers VIRTON, quand un quart d’heure plus tard, l’ordre leur parvint de réoccuper les positions abandonnées. Il émanait du colonel DESVAUX, commandant la 16e brigade, averti par hasard de l’interprétation donnée par le colonel GAZAN du 115e aux prescriptions du général BOELLE.

 

Le brouillard se levant et l’ennemi (2e bat. du 154e allemand) s’étant installé sur la crête après avoir bousculer les patrouilles, les 3 compagnies sous l’impulsion du CBA GRAFF font demi-tour et la baïonnette haute se lancent à l’assaut sous un feu violent,appuyées par les 2 mitrailleuses du LTN de la CASINIERE. L’ennemi, 2 fois plus nombreux et déjà terrés, provoque de lourdes pertes. Le CNE de LANTIVY est tué. Sous les obus provenant de la direction de BELLEVUE, la ligne d’assaut du bataillon GRAFF est clouée sur place et s’abrite de son mieux, ayant perdu le tiers de son effectif. Mais elle s’accroche au terrain et ne recule pas, stoppant la manœuvre de contournement du bataillon allemand et fixant ainsi les 3 bataillons du 154e allemand.

Pendant ce temps, la 5e Cie du CNE HARTMANN, à qui aucun ordre n’avait pu parvenir, était restée en position, en liaison immédiate avec la Cie BERTHIER du 124e. Les pertes n’étaient pas graves mais le capitaine avait été blessé d’une balle à la cuisse.

A 10h00 à l’ouest, le 117e RI est déployé de la ferme de BEAUREGARD au ravin de la PATTE D’OIE.

Ainsi à 10h00, la 8e division est toute entière déployée:

– A l’est (à droite), à mi pente devant la ligne occupée par l’ennemi « crête 265-fontaine LEMPEREUR », le 2eBat. du 115e RI du CBA GRAFF avec 3 compagnies (6, 7 et 8), une section de la 5e et une section de mitrailleuses. La 5e Cie, en est séparée et se situe avec la 11e Cie du 124e RI;

– à gauche du 2/115, face au nord et au nord-est, les 4e, 3e et 1ere Cie du 1er bat. (CBA LAMBERT) du 124e RI. Le 2e cie et la section de mitrailleuses défendent le cimetière de VIRTON;

– à gauche du 1/124, avec la 5e cie du 115, les débris des 9e, 11e et 10e cie du 3e bat. (CBA FAVIER) du 124e RI. La 12e est toujours dans VIRTON où elle n’a pas reçu d’ordres;

– à gauche du 3/124, sur la crête descendant du point 260 vers le sud ouest, les 4 compagnies  (5, 6, 7 et 8) du 2e bat. (CBA BRUNET) du 124e RI sont cloués au sol. 1 section de la 8e cie est disponible  dans le chemin de VIRTON à HOUDRIGNY.

Derrière cette ligne de 4 bataillons fatigués, éprouvés ou disloqués, les débris désorganisés et très réduits du 130e RI renforcé de la 11e Cie du 115e RI, revenue d’HOUDRIGNY, tiennent les jardins et les maisons de la lisière nord de VIRTON. Les seules troupes fraiches sont le 1er bat. du 115, renforcé de la 10 cie du 115, le 117e RI et les 3 batteries du 1er groupe du 31e RA.

Le détachement du 115e RI, reliquat des 9e et 12e cie aux ordres du CNE COUSIN est sur HOUDRIGNY avec les 91e et 87e RI.

Le GCA BOELLE décide de porter son poste de commandement sur le mamelon 280 où il pourra au moins suivre les opérations de la 8e division et se tenir en liaison avec le 2e CA dont il a le devoir d’assurer à tout prix le flanc droit et les arrières.

Il donne l’ordre qu’on achemine sur le PC 280 les 5 cies disponibles du 115e RI (1er bat. TRAVERS) qui avec les bataillons des 315e et 317e RI présents dans le secteur, composeront une troupe de manœuvre pour parer à l’imprévu.

Dans le secteur du 124e RI, les combats se poursuivent et le régiment s’accroche. A midi, les débris des compagnies en ligne se ralliaient de nouveau à la crête qu’elles avaient 4 fois essayé de dépasser. L’ennemi renforçait sa ligne et creusait de profondes tranchées. Il fut renforcer par le 2e bataillon du 19e d’infanterie allemand venu combler le vide qui menaçait de s’élargir entre le 3e bat. du 7e grenadier et le 3e bat. du 154e allemand.

A l’est dans le secteur du 2e bataillon du 115e RI, l’ennemi relance son mouvement enveloppant en s’infiltrant dans la vallée de la rivière TON. Pour ne pas être pris à revers, le CBA GRAFF se voit dans l’obligation de replier ses 3 compagnies de droite. Profitant d’une accalmie, il envoie sa section de mitrailleuses derrière la crête séparant VIRTON de la fontaine LEMPEREUR pour appuyer le mouvement de repli général par compagnie en appui mutuel. Mais on ne peut tenir cette crête qui est battue par les feux d’artillerie de BELLEVUE. C’est donc vers la lisière de VIRTON et sous le feu ennemi qu’il faut reculer. A l’ordre de replier sur VIRTON, le CNE HARTMANN (5e cie), toujours en position à l’est des réservoirs, répondit qu’il pouvait tenir en place, n’étant pas pressé par l’ennemi. L’ordre lui est expédié de tenir jusqu’au bout et finalement le CBA GRAFF décide pour le salut commun de maintenir les compagnies sur place. Il adresse au colonel GAZAN le compte rendu: « je tiens toujours la lisière de VIRTON. Mon bataillon est engagé tout entier. L’ennemi progresse sur sa gauche. Derrière moi, la 11e cie (du 124) est partie. Je tiens. Je ne pourrai sans doute pas me replier. » L’ennemi ne s’engageant pas plus en avant, le bataillon GRAFF ne fut pas contourné.

A 10h00, le colonel GAZAN exécute l’ordre du commandant du 4e corps et sous un soleil ardent et un paysage sans brume, rejoint le point 280 bien en vue de l’artillerie allemande. Le mouvement se fit dans le plus grand ordre et les pertes furent minimes. A 11h00, les 5 compagnies étaient disposées en ligne de colonnes largement ouvertes derrière la crête au sud de 280. La compagnie CLAYEUX (3e), chargée d’occuper un bois de sapin, au nord ouest du mamelon pour surveiller ST-MARD, se mit en devoir, avec ses outils portatifs, de creuser des trous de tirailleurs le long de la lisière.

Dans le secteur du 117eRI, les bataillons ont progressé vers la crête et se sont retrouvés sous le feu (tirs de mitrailleuses sur une portée de 600m, obus de 77mm, 105 et 150mm) .

 

A 12h00, le régiment est immobilisé, pêle-mêle avec des unités du 2e corps (87e et 91e RI), sur la crête. L’infanterie allemande est elle aussi fixée par les tirs des 44e et 31e régiment d’artillerie français.

Les entrées de VIRTON sont gardés par les débris du 130e RI, renforcés de la 11e cie du 115e RI et la 2e cie du 124e RI.

Entre DAMPICOURT et HARNONCOURT, la route de MONTMEDY est dominée par 2 pitons, constituant une solide position de résistance: la cote 280 au sud de ST MARD et le massif du MONTQUINTIN, haut de 320 m et couronné d’un vieux château et d’un village. Le général BOELLE décide d’occuper ses positions avec les débris des 115e, 124e et 130e RI.

A 13h00, le colonel JULIEN, commandant le 117e, écrit au colonel DESVAUX: »le 2e bat est cote 295 et au delà, marchant sur 305; le 3e bat. à gauche marche sur ROBELMONT; le 1er bat. à gauche en arrière, relié au 2e corps, débouche du bois LAVAUX. Le mouvement est lent, en raison de l’artillerie, mais s’exécute d’une manière satisfaisante. »

A 14h00, le 117 est ainsi disposé: le 2e bat. (CBA MERCADIER) a pris pied sur le mamelon 260, au nord ouest de VIRTON. Ses compagnies sont clouées au sol dans des champs où l’avoine a été fauchée et liée en gerbe. Un tier des effectifs est hors de combat. Le 3e bat. (CBA BLANC) est à hauteur du 2e bat. de l’autre coté du ravin. Le 3e bat. (CBA TREILLARD) en arrière est imbriqué avec le 87e RI mais rejoint par cie la première ligne. A 15h30, le chef de corps écrit « tout le monde est engagé. Il y a des pertes aux 3 bataillons et personne derrière le régiment pour le soutenir. » Le 117e tient sa position sous les balles et les obus.

L’ordre de repli est donné au 124e RI. Il lui faudra plus d’une heure pour se soustraire au feu ennemi. Vers 14h00, son 1er bataillon est disloqué. La 2e cie va vers 280, le reliquat des 3e et 4 Cies (50e d’hommes) rejoint MONTQUINTIN, le reste soit 300 hommes est demeuré en ligne ou est perdu dans VIRTON. 300 hommes du bataillon BRUNET (2e) vont rester à « la patte d’oie » de la route de MONTMEDY jusqu’au soir. Le bataillon FAVIER est aussi disloqué. Certaines unités sont envoyées sur le col 260 au sud de ST MARD.

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« situation sur VIRTON à 12h00″ (extrait de la revue militaire française, cdt GRASSET, croquis n°6, partie 4) »

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Le 130e, plus éprouvé et constitué de réservistes non habitués à la discipline du rang, est désagrégé. Il reste 1 capitaine et 7 lieutenants ou sous lieutenants valides ainsi que 300 hommes. La section de mitrailleuses du LTN DUFOUR s’est maintenue et restera en position jusqu’à 15h, balayant des patrouilles allemandes trop hardies.

Quand l’ordre de repli parvint au colonel GAZAN, le commandant du 115e était déjà sur le mamelon 280 avec le 1er bat (TRAVERS) et la compagnie LACOMBE (10e) du 3é bat. (COQUERELLE). Les 9e et 12e Cie de ce dernier bataillon, rejetées sur HOUDRIGNY, étaient perdues pour lui et la cie FERNAGU (11e) était à la lisière nord de VIRTON, en liaison avec le bataillon GRAFF (2e bat.).

Le CBA GRAFF reçut à 13h00 l’ordre d’évacuer VIRTON. Laissant la Cie HARTMANN (5e) en position au nord de la ville, il se replia immédiatement avec ses 3 autres compagnies et sa section de mitrailleuses. Opération facile que l’ennemi n’inquiéta pas. Personne, dans ces unités, dont le moral était splendide n’avait, du reste, l’impression d’avoir subi un échec. On manœuvrait, voila tout. L’ennemi, on l’avait tenu en respect et tout le monde était prêt à se reporter en avant. Une heure plus tard, le commandant GRAFF adressait le compte rendu suivant au colonel GAZAN: « passage en dessous, 400 m N. SAINT MARD, 14h05. Je reconstitue mon bataillon à l’abri du talus de chemin de fer. Je me suis replié à la suite de deux ordres, et seulement en voyant ma gauche attaquée. Il me manque 3 ou 4 sections mais rien ne m’oblige à la retraite. LANTIVY est tué, HARTMANN blessé. »

Le général DESVAUX, à qui le colonel GAZAN, qui était à coté de lui, communiqua ce billet, répondit par le suivant: « colonel, commandant 15e brigade à cdt GRAFF, 14h30. Tant que vous ne serez pas obligé de battre en retraite, occupez la lisière nord de SAINT MARD, pour empêcher l’ennemi de passer de VIRTON à SAINT MARD. »

A 16h05, le CBA GRAFF pouvait écrire: « j’ai exécuté l’ordre de 14h20 et j’occupe la lisière nord de SAINT MARD. Une batterie est abandonnée à l’est de VIRTON. Rien n’oblige à la retraite. »

 

 

« situation sur VIRTON à 15h00″ (extrait de la revue militaire française, cdt GRASSET, croquis n°7, partie 5) »

La situation à 15h00 est la suivante:

– A droite, derrière 260, couvrant les batteries du 44e RA, 2 cie du 5e bataillon (CBA ROLLIN) du 317e RI, venues avec ces batteries. Derrière les canons, le bataillon TRAVERS (1er) et la 10e cie (cne LACOMBE) du 115e RI, avec la 4e Cie du cne CLAYEUX poussée en avant de la crête, jusqu’à un petit bois dominant VIRTON. A gauche de ce bataillon, la Cie MOUREAUX (2e) et la section de mitrailleuses de LA BASSETIERE (1ere) du 124e RI.

– Au Sud de 280, derrière la crête, le LTN DUFOUR organisait en 3 groupes les restes des 3 bataillons du 130e RI, environ 400 hommes, ralliés dans VIRTON.

– Derrière le groupe d’artillerie BELLIER, sur le chemin de HARNOUCOURT, la 11e cie du 115 du cne FERNAGU, intacte, creusait des tranchées face au sud-est, car on avait des raisons de penser que l’ennemi cherchait à s’infiltrer dans les bois de la Cote.

– A gauche du groupe BELLIER était le groupe d’isolés du 124e et du 130e, amené là par les capitaines LANOIX et AUDET.

– A la patte d’oie, sur la route de DAMPICOURT, le détachement du cne LEMAIRE, composé des débris du bataillon BRUNET (2e) et de la cie MORICEAU (9e) du 124e RI, se trouvait à couvrir très efficacement cette route.

– MONTQUINTIN était occupé depuis 15h. Le cne de KERGUENEC, accompagné du cne AUDET, y avait conduit un détachement de 200 hommes du 130e, 150 hommes du 124e et 150 hommes du 115e RI. Une ligne de tranchée avait été creusée le long de la lisière nord du village et les troupes, maintenues en arrière, étaient prêtes à les occuper.

– le bataillon GRAFF du 115 couvre les sorties nord de SAINT MARD, le 117e RI est à l’est d’HOUDRIGNY, appuyés par 14 batteries d’artillerie qui ont largement contribué à faire de la terrible surprise de VIRTON, une bataille indécise en demeurant maitresses du champ de bataille.

 

 

Vers 18h00,après réception des points de situation des 7e et 8e division et pour être en mesure de reprendre le combat le lendemain, le général BOELLE décide d’un regroupement et donne l’ordre de stationner aux unités. Le 115e et le 117e RI tiendront MONTQUINTIN, DAMPICOURT et SAINT MARD. La 7e division tiendra la lisière des bois au sud de RUETTES. Le PC de la 8e division s’installera à HARNONCOURT, celui du 4e corps à LAMORTEAU. L’infanterie de la 8e division passe sous les ordres du général DESVAUX.

Le 2e bataillon du 115e RI (CBA GRAFF) reste sur ST MARD et tient le village jusqu’à nouvel ordre pour permettre au gros de la division de se retirer sur HARNONCOURT, où il ira lui même cantonner plus tard. Le colonel JULIEN, chef de corps du 117e, reçoit l’ordre de regrouper son régiment à DAMPICOURT. Le colonel GAZAN, CdC du 115e, doit se regrouper sur LAMORTEAU (sans le 2e bat.). Le capitaine de la CHESNELIERE, commandant le reste du 130e RI, de rallier ses éléments à LAMORTEAU. Le 124e aux ordres du lieutenant-colonel DUBOSQ doit constituer un détachement de 3 cies avec 1 section de mitrailleuses pour surveiller les lisières est et sud-est des bois de la COTE et de GUEVILLE. Arrivée à HANONCOURT, la 1ere cie (cne MATURIE) et la 4e cie (cne DUBOUCHER) du 115e armeront ce détachement.

Vers 19h30, tandis que les ordres s’élaboraient, un grand bruit monte de ROBELMONT. Des clairons et des tambours sonnaient et battaient la charge. Des cuivres faisaient éclater la MARSEILLAISE, hurlée par des milliers de voix. On put apercevoir des masses allemandes  s’enfuirent  à toutes jambes vers les bois. C’étaient le 117e RI qui montait à l’assaut, de concert avec des bataillons du 2e corps.

Un épisode mérite d’être cité: dans ce secteur, l’ennemi , que son avion avait averti de l’arrêt de l’offensive  et de repli de l’artillerie, s’était enhardi. Il tentait depuis 19h00 d’aborder, sur le plateau 280, la ligne française, qui paraissait annihilée et ne tirait plus. Cette ligne est constituée des 87e, 91e et 117e en plusieurs endroits imbriquées. Le CNE CAILTEAUX du 1er bataillon du 91e RI, d’initiative, entraine, sabre à la main, sa compagnie à l’assaut des assaillants qui se replient dans leur tranchée et riposte à partir de celle-ci, arrêtant l’élan. A droite la 7e cie du CNE LE DAVAY du 87e RI et le détachement du 115e RI aux ordres du CNE COUSIN ont lancé aussi l’assaut et repoussé les allemands. Dans le même temps survient l’ordre de repli au 91 et 87 qui n’est pas reçu par l’ensemble des bataillons et les allemands réorganisés mitraillent les sections de 1ère ligne. Ainsi après être montée en avant, les unités rompent le contact et refluent vers l’arrière.

 

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« situation sur VIRTON à 18h00″ (extrait de la revue militaire française, cdt GRASSET, croquis n°8, partie 6) »

Dans cette retraite non coordonnée, le chef du 3e bataillon du 87e, le CBA CHARDOILLET, non conscient de l’ordre de repli, fait sonner la charge pour contrer ce qu’il estime être un recul. Ses 3 compagnies 5, 7 et 8e se lancent derrière lui. Les allemands n’attendent pas le choc et se replie 500m en arrière dans les bois. Le bataillon, après une course de plusieurs centaines de mètres, contemplent les tranchées conquises, remplies de cadavres. Ce sont des tranchées pour tireurs assis, très soignées, revêtues de gazon et pourvues d’épaisses plaques métalliques percées de créneaux.  Les allemands réinstallés engage le bataillon à la mitrailleuse fauchant les groupes et désorganisant la troupe. L’assaut est manqué, la masse reflue. Le CBA CHARDOILLET rallie ses hommes sur leur point de départ.

Revenons sur l’assaut! Il est 19h30 quand le mouvement d’assaut et de repli, se développant de proche en proche, se déclencha au 117e RI. Sur la gauche du 117e, la ligne recule. Ce retrait est accompagnée d’une section (ADC GUERIN) puis d’une autre (SLT DUMEE) de la 3e cie du 117 imbriquée avec le 87e. Le lieutenant CIVRAYS de cette compagnie voyant le mouvement de retrait à sa gauche, se lève d’un bond et ordonne à sa section voisine de se porter en avant. A la sienne, il commande des feux par salves rasant la crête. Le cri « en avant » du LTN CIVRAYS s’est transmis automatiquement de bouche en bouche. Le capitaine COLLIN, commandant la 1e cie, l’a répété et le sabre à la main, se porte devant ses sections de 1ère ligne. Le CBA TREILLARD le répète aussi et fait sonner la charge par le clairon HENRY qui est près de lui, le bras troué d’une balle. Le commandant, après avoir saisi le fusil d’un mort, court devant la section de l’ADJ TUSSEAU et conduit l’assaut du 1er bataillon. A leur tour , les clairons des 2e et 3e bataillons sonnent la charge. Tout le monde hurlent dans un élan endiablé. Le colonel JULIEN, ne sachant pas d’où est venu l’ordre de partir à l’assaut, ne songe aucunement à enrayer le mouvement. Il se porte en avant sabre à la main et avec la garde au drapeau. La musique est avec lui et des cuivres jaillit « la MARSEILLAISE ». Le LTN CIVRAYS écrivat dans son journal: » nous sortons de nos trous de tirailleurs. Le sergent HENAUX, chef de ma 1ere demi-section, m’encadre à droite; le sergent TEROUANNE, chef de demi-section à la section TUSSEAU m’encadre à gauche. HENAUX avait 2 balles dans le bras. Il crie: « Ah les salauds! je ne peux plus porter mon fusil, mais ça ne fait rien, je ne vous lâche pas, mon lieutenant! ». Nous marchons d’abord sous une grêle de balles. TEROUANNE est touché à son tour au bras et lâche son fusil., mais me suit toujours. Il est électrisé. J’entonne le chant du départ. Nous gagnons du terrain. Le feu des allemands cesse. TEROUANNE me dit: » Mon lieutenant, j’en ai trois; je suis bien! » Au chant du Départ, tout le monde s’est rallié à moi. Nous sommes au pas. Il y a 200 hommes derrière moi. Je veux entonner la MARSEILLAISE. Je ne sais pas commencer. TEROUANNE entonne; c’est un ton trop haut. J’entonne à mon tour et , cette fois les 200 hommes chantent avec moi. Un cyrard du 87e se présente correctement à moi, me salue et à très haute voix, me dit son nom. Je réponds. Avec émotion, nous nous serrons la main…Nous dévalons le ravin… ».

Ce ravin qui descend sur la PATTE D’OIE est pris d’enfilade de la direction de ROBELMONT par les mitrailleuses et par des canons. Le CNE COLLIN et ses 300 hommes, voit sa première vague décimée. Les renforts buttent sur la première vague et le désordre devient effroyable. Il décide le retour sur la position initiale. Pour le reste des assaillants, la course folle a continué, sans pertes désormais car le feu allemand a subitement cessé. L’obscurité a envahi la campagne. Les compagnies trouvent des tranchées remplies de cadavres. Les allemands ont disparu et quelques fuyard sont entrevus. Les clairons répètent les sonneries « cessez le feu » et « halte là ». L’assaut s’arrête sans que l’on sache qui a donné l’ordre (il est probable que le signal soit venu de l’ennemi). Pour orienter ses unités, le colonel JULIEN fit sonner le refrain du régiment et le « rassemblement » et allumer de grands feu de javelles. Le 117e étant hors d’état de fournir un nouvel effort, il avait décidé de la replier sur HARNONCOURT, pour l’y reconstituer.

 

Sur le mamelon 280, le général BOELLE décida de changer de position et descendit avec son état-major vers LAMORTEAU qu’ils rejoignirent à 20h20.

A 21h, l’EM du 4e CA transmet l’ordre suivant:  » Les troupes seront prêtes à partir à 2 heures du matin pour rejoindre des positions qui seront indiqués dès réception des ordres de l’armée. Les trains régimentaires se replieront aussitôt après les distributions: ceux de la 7e div sur MARVILLE, ceux de la 8e div sur FLAVIGNY. »

A 23h, l’ordre de l’armée n’étant pas arrivé, l’EM rédigea l’ordre suivant:

« I- Devant le 4e CA, l’ennemi a été maintenu à gauche (ouest) au nord de VIRTON, à droite (est) la 7e division s’est reportée vers le sud-est. A la gauche du CA, le 2e CA a progressé vers le nord. A la droite du CA, le 5e CA s’est replié légèrement.

II- demain, le 4e CA continuera la lutte sur le front: COUVREUX (2.5 km ouest de DAMPICOURT) – MONTQUINTIN – LAMORTEAU – lisière sud du bois CELINE – point 303 – rive gauche de la CHIERS – ouest de VEZIN (inclus). Les villages de DAMPICOURT, MONTQUINTIN, ROUVROY, HARNONCOURT et LA MALMAISON seront organisés défensivement en avant du front.

La 8e div., en liaison avec le 2e CA, au nord-ouest  de COUVREUX, organisera très fortement le front COUVREUX- bois CELINE inclus. La 7e div. , la hauteur 303 et VEZIN, sur la rive gauche de la CHIERS. … Toutes les troupes devront être en position à 03h30. Le train de combat à VERNEUIL pour ravitailler en munitions la 8e div à 06 heures. La 7e div se ravitaillera à VEZIN au 2e échelon du parc d’artillerie.

III- PC à VELOSNES, à partir de 04h.

IV- les trains régimentaires se porteront cette nuit aussitôt après les distributions à FLAVIGNY (8e div) par TORGNY, VELOSNES et OTHE et à MARVILLE (7e div). »

Il s’agissait pour le général BOELLE de prendre une attitude défensive pour regrouper ses unités.

Concernant cette bataille, les pertes furent graves.

Le colonel CHABROL, commandant le 15e brigade, était mort.

Le 130eRI avait perdu le colonel LAFFARGUE, tous les officiers supérieurs et presque tous ses officiers subalternes. Ses débris formait un faible bataillon, commandé par le capitaine de LA CHESNELIERE.

Le 124eRI avait perdu ses 3 chefs de bataillon  et 770 hommes de troupe. Il n’avait presque plus d’officiers.

Au 115eRI, le 1er bataillon du CBA COQUERELLE était réduit à 2 compagnies et le commandant était mort.

Le 117e RI avait perdu un chef de bataillon et 725 officiers et soldats.

Le « chant du départ » peut être écouter ici: https://www.youtube.com/watch?v=XIKFJcImoOo

Des aquarelles de la bataille de VIRTON de Nestor Outer sont présentées ici:

https://1914-18.be/2010/01/26/nestor-outer-aquarelliste-de-la-guerre/site-6-aout-avant-garde-nestor-outer/

 

Combats de DOULCON – DUN SUR MEUSE

Le 25 aout , la III° armée se retire derrière la MEUSE et en défend le passage à l’ennemi. Vers 8 heures, le 115 quitte ses emplacements pour aller occuper une position défensive entre JUVIGNY et LOUPPY, en contournant MONTMEDY par le sud. Puis vers 16 heures, il se dirige sur bois MARVAUX et à 19h, il reçoit l’ordre d’aller cantonner à CLERY LE PETIT sur la rive gauche de la MEUSE en passant par DUN SUR MEUSE. Il y arrive à 2heures après une étape de 55 km.

Le 26, le régiment aménage ses positions. Le 27, le 1° bat est en réserve à AINCREVILLE. Le 2° Bat occupe DOULCON, le 3° Bat (capitaine LACOMBE) la cote 324 et le bois de BABIEMONT, empêchant ainsi les allemands de franchir la MEUSE. Le 29, le Régiment quitte ses positions pour aller cantonner à ROMAGNE SOUS MONTFAUCON. Le 30, vers 2 heures, il reçoit l’ordre de se porter en avant d’AINCREVILLE. Des éléments ennemis ont passé la MEUSE et occupent DOULCON, le 2° Bat reçoit l’ordre à 9 heures de le réoccuper. Dès qu’il a dépasser le bois de BABIEMONT, il ne peut plus avancer, étant pris de flanc par des feux ennemis venant des fermes de la BRIERE et de JUPILLE. Pour le dégager, le colonel GAZAN fait attaquer ces deux fermes par les 3° et 4° compagnies du 1° Bataillon.

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A 20h, le 2° bataillon s’empare de DOULCON. Le 31 aout, la 1° Cie attaque la ferme de JUPILLE qui n’a pu être prise. Le capitaine MATURIE et le lieutenant KILMANN sont tués à l’approche de la ferme, la compagnie a perdu la moitié de ses effectifs. Le reste sous les ordres du lieutenant BEZIAU s’empare cependant de la ferme après un combat de 6 heures.

La 2° Cie attaque la ferme de la BRIERE. Une des sections s’en empare mais est surprise par une contre attaque et y reste prisonnière. Le reste de la compagnie est obligé de se replier sur DOULCON où il participe au combat avec le 2° bataillon qui entouré de tous cotés resiste sur place dans le village. Il se repliera sur AINCREVILLE tard dans la nuit, couvert par des troupes du V ° C.A.. Pendant ce temps, les 11 et 12° Cie refoulent l’ennemi qui se trouve dans les bois de DOULCON puis replient elle aussi.

voir aussi: Combat d’ETHE du 22 août 1914 sur le site SAMBRE MARNE YSER

http://www.sambre-marne-yser.be/article=7.php3?id_…

Septembre 1914

Le 1° septembre, le 4° CA est relevé par le 6° CA. Le régiment fait l’amalgalme de 850 hommes provenant du dépôt de MAMERS arrivée dans la région le 28 aout sous les ordres du capitaine POMMERET. La 9e cie fondue avec la 12e cie depuis VIRTON est reconstituée sous les ordres du LTN CRUT.

Le 115 embarque le 2 septembre à VIENNE LA VILLE, descend de wagon le lendemain au BOURGET et va cantonner à ASNIERE. Il va participer au fameux « crochet offensif » visant à encercler l’aile droite de l’armée allemande.

 

Le 6 septembre formant l’avant garde de la 8° DI, , il traverse à marche forcée MONTFERMEIL, CHELLES, GOURNAY, TORCY, LAGNY, CHESSY, ST GERMAIN LES COUILLY jusqu’à QUINCY-SEGY où il arrive le 7 au soir et y passe la nuit.

Le 7 septembre, le capitaine de LA CASINIERE prend le commandement de la 10 Cie.

Le 8, par MAGNY-ST-LOUP, le BOIS de BUIS, il va cantonner à TRILPORT et MONTCEAUX. Le 9 au soir, il marche vers le nord, franchit de nouveau la MARNE à MEAUX, passe à IVERNY, ST SOUPPLET, ST PATHUS et reçoit l’ordre d’attaquer l’ennemi à MONTIGNY SAINTE FELICITE où talonnant l’ennemi en fuite, il y pénètre le 10 septembre à 18h30 et va cantonner le soir même à VERSIGNY, BARON et ROZIERES.

Ce même jour, le commandant SOMAN, du 17 bataillon de chasseurs, prend le commandement du 3° bataillon et le capitaine de LA CASINIERE passe à la 1ère Cie.

Le 11 au matin, la poursuite continue. Par ROZIERES, SERY, le Régiment se porte sur PIERREFONDS. Il arrive à la fin du jour aux lisières de cette ville que les allemands occupent encore. L’avant garde est accueillie par des feux nourris d’infanterie. Il est trop tard pour attaquer sur un terrain non connu. Toute la nuit, les patrouilles gardent le contact avec l’ennemi, et dès le 12 matin le régiment se dispose à attaquer PIERREFONDS que l’ennemi évacue sans résistance.

Le 13, pour aider les troupes opérant sur le rive droite de l’Oise, il passe l’AISNE à BERNEUIL et occupe CHOISY LE BAC que l’ennemi a laissé incendié et en ruines. Le 14, le 115 passe l’OISE au pont de MONTMACQ. le lendemain, l’OISE est franchie au même point et le régiment se dirige vers PONTOISE (PONTOISE LES NOYON) où des renforts ennemis sont signalés.

 

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Combat de PONTOISE lès NOYON

Il traverse TRACY LE MONT, TRACY LE VAL et CARLEPONT. Le 1er bataillon est arrêté le 15 au soir devant PONTOISE par des feux venant de ce village; il passe la nuit sur ses positions.

Le 16, le 1er bataillon attaqué dès l’aube, se bat courageusement autour de la ferme MERIQUIN et inflige à l’ennemi des pertes sérieuses.Le 2ème bataillon qui occupe le bois de CARLEPONT est menacé d’être enveloppé sur sa gauche. Il se replie pour permettre à l’artillerie de tirer dans le bois, mais laisse le 1er bataillon seul aux prises avec l’ennemi. Le 3ème bataillon (commandant SOMON) reçoit l’ordre de l’appuyer. La 7ème compagnie, engagée du coté de CAISNE, est très éprouvée, ainsi que des fractions de la 10ème compagnie. Vers 15 heures, le régiment reçoit l’ordre d’attaquer CARLEPONT. Le 2ème bataillon qui attaque par l’ouest, enlève le village vers 18h30 après de durs mais brillants combats.

Le 17, les bataillons du 115 et principalement le 2ème, participent à toutes les attaques de la brigade marocaines sur le bois de CARLEPONT avec aussi le 121RI. Menacés sur leur gauche, ils sont ramenés un moment en arrière, puis reprennent le terrain perdu, mais au prix de grands sacrifices.

Le 18, vers 03h30, le 2ème bataillon resté à CARLEPONT, reçoit l’ordre de rejoindre le régiment qui établit sa ligne de résistance au nord de TRACY LE VAL, mais toujours au contact direct des allemands qui attaquent sans cesse et avec de nouveaux renforts. Vers 17h, le 1er bataillon menacé sur sa gauche reçoit les 5° et 8° compagnies et maintient ses positions. Le soir du 18 septembre, le 4ème CA est relevé par le 13ème CA.

C’est alors l’époque de la course à la mer.

Le 115 RI marche le 19 avec toute la division (8° DI) et remonte vers le nord. Après avoir traversé l’AISNE à CHOISY AU BAC, il fait un crochet vers COMPIEGNE et passe l’OISE sur un pont de bateaux.

Le 20/09 par ESTREE ST DENIS, ROUVILLIERS, le régiment va occuper MONTGERAIN, VAUMONT et TRICOT. Le 21, la division continue sa marche en avant. le 115 traversant MERY, ORVILLER, va cantonner à CONCHY LES POTS.

Le 22, le 115, avant garde de la division, se porte sur ROYE. Vers midi, le 2° bataillon entre dans ROYE par l’ouest, puis se dirige sur CARREPUIS qu’il prend vers 14h, après avoir subi des pertes par l’artillerie ennemie.

Le 23, l’avant-garde de la division ne peut continuer sa marche, par suite de la résistance ennemie et s’installe en défensive.

Le 24, le général DESVAUX ayant été nommé au commandement de la 7 division, le colonel GAZAN prend le commandement provisoire de la 16ème brigade, et le commandant GRAFF celui du régiment.

 

 

La Somme (septembre – décembre 1914). Combats de ROYE

La 8° DI (115°, 117°, 124°, 130° R.I.) est en défensive dans le secteur de ROYE.

Le 24/09, le 115 occupe des positions au nord est. Le 1° bataillon concourt à la défense de LIANCOURT avec le 117RI. Le village est perdu, puis repris après plusieurs contre-attaques qui coutent de nombreux morts et disparus. Après une vive résistance, le 3° bataillon est obligé d’évacuer SEPT-FOURS puis THILLOY. De son coté, le 2° bataillon ne peut tenir devant CREMERY. Attaqué par des forces supérieures, il est débordé sur sa droite et malgré une résistance opiniâtre, est obligé de se replier sur GRUNY.Le soir, tous les éléments du régiment se concentrent en avant de ROYE et passent la nuit sur leurs emplacements. Une partie de la 6ème compagnie sera faite prisonière lors de la contre attaque avec le 117RI. Ce 24, le capitaine de BAULNY prend le commandement du 2ème bataillon.

Vers 10 heures, le 27, le colonel GAZAN est tué par un obus près de la sucrerie de MAINDRON (L’évènement est décrit  sur le site : http://santerre1418.chez.com/fr/histoire/deuxobus0…). Le régiment en fut très affecté.

Jusqu’au 29, le régiment tiendra les faubourgs et la gare de ROYE.

Le 29, le régiment ayant reçu 295 hommes du Dépot avec 2 officiers de réserve, le chef de bataillon GRAFF réorganise le régiment en 2 bataillons en maintenant le 3 ème bataillon dans sa structure aux ordres du CBA SOMAN et en fusionant le 1er et le 2ème bataillon aux ordres du CBA TRAVERS.

 

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1er Bataillon: CBA TRAVERS

1ère Cie (ex 2 et 4  cie): CNE MAILLEFERT

2ème Cie (ex 1 et 3 cie): CNE CLAYEUX

3ème Cie (ex 5 et 6 cie): LTN COLCANAP

4ème Cie (ex 7 et 8 cie): CNE de la CASINIERE

Le capitaine de BAULNY revient adjoint au chef de corps.

Après avoir évacué ROYE, le 115 occupe GOYENCOURT le 30 septembre. A 16 heures, le 1° bataillon repousse une attaque ennemie dirigée sur FRESNOY où le 3° bataillon envoie deux compagnies de renfort.

 

Octobre 1914

Pendant la matinée et la soirée du 1 er octobre, l’artillerie et les mitrailleuses ennemies dirigent des feux violents sur GOYENCOURT, puis son infanterie passe brusquement à des attaques répétées, sans cependant pouvoir gagner du terrain. Ce sont les 1° et 3° bataillons qui en supportent tout le choc. Plusieurs officiers et une centaine d’hommes seront blessés.

Mais le 2 octobre vers 9 heures, il faut évacuer la lisière est de GOYENCOURT. A 14 heures, le drapeau du 115 reçoit un éclat d’obus, le tambour-major JOUANNEAU en est le porte drapeau. La situation devenant de plus en plus grave, le commandant GRAFF organise un repli et ordonne d’abandonner le village, déjà rempli d’Allemands et contourné de deux côtés. Les unités sont mélangées, mais les dernières fractions font une résistance admirable et permettent d’exécuter le mouvement en ordre. Le 115 occupe DAMERY et étend sa droite vers ANDECY (ANDECHY). On forme 3 compagnies au sein du 1er bataillon du CBA TRAVERS: les Cie COLCANAP, Cie de LA CASINIERE, Cie LACHAIZE. Le Chef de bataillon GRAFF est nommé lieutenant colonel et reçoit officiellement le commandement du régiment le 04 octobre.

 

Le 4 octobre, le 1° bataillon reçoit l’ordre de reprendre GOYENCOURT. Malgré le feu de l’adversaire, deux compagnies (LA CASINIERE et LACHAIZE) s’emparent du bois, mais leur avance est enrayée par l’artillerie et les mitrailleuses ennemies. A 21 heure 30, une vive fusillade prend ses positions en enfilade; le 115 reçoit l’ordre de se retirer sur Le QUESNOY. Il s’y installe pendant la nuit et se relie au 117 au Nord d’ANDECHY. Le lieutenant COLCANAP étant blessé, la compagnie est commandée par le lieutenant (R) DEMAY.

Le 5 octobre à 4h15, le régiment quitte ce village. Les 10,11 et 12Cie et les Cie CASINIERE (4, 7 et 8Cie) et LACHAIZE (1,2 et 3 Cie) vont s’établir dans les tranchées au sud de la grande route le long du chemin d’ANDECHY au QUESNOY pendant que le LCL GRAFF, la 9ème Cie et la CHR se rendent à ERCHES (à l’ouest d’ANDECHY) avec 2 cie du 130RI maintenues sous les ordres du LCL GRAFF. On y retrouve une Cie du Dépot de 250 hommes commandée par le lieutenant CADARET et un groupe de 150 hommes. Avant le lever du jour, la Cie DEMAY (5 et 6) quitte sa tranchée et se porte vers le QUESNOY. Le régiment manoeuvre toute la journée sous une canonade peu intense. Il est en place à 19h30 entre ANDECHY et le QUESNOY.

Le 6, une attaque allemande sur la CAMBUSE est arrêtée par le 1° bataillon qui riposte énergiquement. Vers 15 heures, Le QUESNOY est fortement attaqué. Les compagnies de première ligne participent efficacement, par leurs feux, à la défense du village, et paralysent jusqu’au soir les efforts de l’ennemi qui subit de grosses pertes.

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Le 7, vers 18 heure 30, le régiment participe à une attaque générale sur le front: Le QUESNOY, ANDECHY, GUERBIGNY. Le 1° bataillon attaque le bois en face de la CAMBUSE et s’en empare vers 20 heures. A ce moment, les éléments très réduits du 115 vont tenter un suprême effort pour s’emparer d’ANDECHY. Le terrain est énergiquement défendu par les Allemands dont les feux sont remarquablement efficaces. Jusqu’à minuit la progression est tentée coûte que coûte. Ayant fait appel à la 12 ème compagnie, (la dernière réserve), le lieutenant-colonel GRAFF fait sonner la charge, essayant ainsi d’enlever toute la ligne. Tous les efforts sont vains et le lieutenant-colonel GRAFF, qui a voulu le premier se porter en avant, tombe vers minuit, frappé d’une balle à la tête.

Le 115 est épuisé. Depuis vingt jours, il n’a cessé de défendre le terrain pied à pied, jour et nuit, contre un ennemi supérieur en nombre et qui reçoit constamment de nouveaux renforts. Dans cette lutte sans précédent, le régiment a perdu presque tous ses cadres et les deux tiers de son effectif, malgré les quinze cents hommes de renfort qu’il a déjà reçus.

Le 08 octobre, le chef de bataillon TRAVERS prend alors le commandement du 115 et le régiment acceuille de nouveaux renfort (200 hommes le 08/10 venant du Dépot sous les ordres du sergent major AZEMA).

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Le 15 octobre, le lieutenant (R) BONNIN amène de MAMERS 200 hommes provenant des évacués et du Dépot. Le régiment est reconstitué à 3 bataillons: 1er bataillon du CNE de BAULNY, 2ème bataillon du CNE LACOMBE et 3ème bataillon du CBA SOMON).

Le 17 octobre, l’EM est réorganisé. le lieutenant MOREL, officier d’approvisionnement, prend le commandement de la 7ème Cie et est remplacé par l’adjudant LORIFERNE. Le lieutenant ALIX, officier payeur, est nommé officier adjoint du chef de corps et est remplacé par le lieutenant (R) THOMAS. Le chef de bataillon TRAVERS est promu lieutenant colonel .

Du 17 au 28, le secteur est calme et le régiment est regroupé sur ARVILLERS. C’est alors que sont inauguées les nouvelles méthodes de la guerre de tranchées. Les 1er et 3ème bataillon ont construit avec le génie pendant la nuit chacun une redoute qui sert de centre de résistance. Des tranchées sont construites à hauteur et de chaque coté de ces redoutes. Tranchées et redoutes sont réunies par des boyaux de communication et renforcées de réseaux de fils de fer en avant des ouvrages. On distribue aussi 100 cuirasses HELOUIN aux 1ère lignes du régiment (Cf. photo à droite). Le site ci dessous traite des protections corporelles dont la cuirasses HELOUIN http://humanbonb.free.fr/indexProtegecorporel.html

 

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A partir de Le QUESNOY, les allemands dominent tout le plateau. Chaque jour, leur artillerie dirige ses feux sur les tranchées et les cantonnements du 115. Le commandement décide de reprendre le QUESNOY.

L’opération, commencée le 29, est énergiquement menée par les 140, 308, 315, 117 et 317 RI qui s’emparent du QUESNOY le 30 octobre. C’est le 315 qui y rentre le premier et fait de nombreux prisonniers. Mais les allemands, avec de nouveaux renforts, contre attaque sans cesse. Le 115 qui tient les tranchées de soutien, relève le 117 RI épuisés par 2 jours d’attaques sans cesse renouvelées. Le 2° bataillon, commandé par le lieutenant MOREL, appuie sa gauche au village, face au petit bois d’où partent pendant les 2 jours suivants, les contre-attaques ennemies qui sont toutes énergiquement repoussées et avec de grandes pertes pour l’assaillant.

(A droite, situation de la 16e BI au 28 octobre 1914 (source JMO 16e BI)).

 

Novembre 1914

Dans la nuit des 2 au 3 novembre, l’ennemi abandonne le bois et sa tranchée qui le reliait à ANDECHY. En l’occupant, le 2° bataillon du 115 y trouve des monceaux de cadavres allemands. Il en compte plus de 50 derrière une meule de paille. Le général en chef télégraphia au général commandant l’armée: « Dans cette attaque, les troupes de votre armée ont fait preuve de la plus grande énergie et d’une indomptable ténacité. En enlevant ce point d’appui à la baïonnette, elles ont affirmé une fois de plus les plus brillantes qualités offensives de notre race, qui sont pour nous un sûr garant du succès. Je suis heureux de vous adresser, ainsi qu’aux troupes sous vos ordres, pour ce vaillant fait d’armes, mes plus chaleureuses félicitations. »

Le 3 novembre, le régiment reçoit 203 hommes de renfort arrivant du Dépot sous les ordres du capitaine ROUX. Il s’agit en grande partie de blessés des premiers combats de la campagne.

 

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Le 4, le régiment reçoit l’ordre de s’emparer du bois 98 (entre QUESNOY et ERCHES). Le 1er bataillon (1cie: cne de la CASINIERE; 2cie: ltn (R) CADARET; 3cie: ltn LACHAIZE; 4cie: slt (R) RICHARD) occupe le bois à 22h sans coup férir.

Les 5 et 6 novembre, les allemands contre-attaquent la nuit pour reprendre le bois 98. Ils sont repoussés par la 1ère et la 2ème Cie.

Le 7, un obus tombe dans une tranchée à l’est du bois 98. 12 tués, 18 blessés.

Le 8 , journée calme.

Le 9, le sous lieutenant BERTIN est chargé de réaliser un coup de main sur le bois faisant face au bois 98. Absence de résultat, 7 blessés dont le SLT touché à l’abdomen. Il est évacué et décèdera dans la nuit. Les tirs d’artillerie causent 13 blessés légers.

Le 3ème bataillon SOMON est désigné pour s’emparer de ce bois mais le brouillard épais des 10, 11 et 12 novembre ne permet pas la prise de l’objectif.

Le 11, 40 obus tombent en 1/4 d’heure sur les positions du 115. 2 sous lieutenants (DOGUET et LOGUEUX) sont tués et le LTN PRIEUR est blessé grièvement .

Du 12 au 30, la situation est calme et les bataillons organisent leurs positions (tranchées, boyaux, gabions et claies) et se relèvent au cantonnement pour le repos (2 jours). Le froid est très vif.

Des renforts arrivent du Dépot et des officiers rentrent de convalescence: le 13, retour du capitaine CLAYEUX (commandement du 2ème bataillon) et du lieutenant BONNEL; le 14, arrivée du ltn ANDRIEUX (chef de section de mitrailleuses) et du cne POMMERET avec 300 hommes dont 218 jeunes soldats qui seront affectés au 3ème bataillon; le 18, arrivée du ltn de FRANQUEVILLE avec 297 hommes dont 193 jeunes soldats. Il est précisé que les jeunes recrues n’iront aux tranchées que sur ordres du général commandant le IV CA.

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Situation au 30/11/1914 (source JMO 4e CA)

Décembre 1914

La situation reste calme du 1 au 5 décembre.

Le 5 décembre, le 124° relève le 115° qui va cantonner à PIERREPONT où il doit se reposer pendant 6 jours. La journée du 6 est mis à profit pour l’entretien des effets, l’instruction des sous officiers chef de section, les caporaux candidats sous officiers et les jeunes soldats. Mais le 6 décembre, le Régiment revient à HANGEST et ARVILLERS en cantonnement d’alerte.

Du 7 au 11, le régiment reste au cantonnement. Plusieurs officiers rejoignent le front et prennent ou reprennent leur compagnie: le capitaine COUSIN CdU de la 12Cie , capitaine MAILLEFERT CdU de la 2Cie; capitaine FERNAGU, CdU de la 11Cie. Des cadres des eaux et forêts sont affectés au 115 pour prendre des responsabilités: M PINAUD, inspecteur adjoint, prend le commandement de la 6Cie, M CAILLAUX, garde général, rejoint la 3Cie.

Le 12, le 115 reçoit l’ordre de préter son concours à la 53° DI dans la région de MARICOURT au nord. Le régiment fera route le 15 en passant par CAYEUX, CAIX, HARBONNIERE, PROVART, CHUIGNOLLES, CHUIGNES, CAPPY où s’installe le 3e bataillon (MERLIN)) et SUZANNE où se positionnent les 1er (de BAULNY) et 2e bataillon (CLAYEUX)).

 

 

Combats de MARICOURT (source JMO 53e DI et 16eBI)

Le 15/12, le 115e RI et le 117e RI sont intégrés dans le dispositif de la 53e DI. L’attaque est prévue le 17.

 

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Dispositif :

          Première ligne :

o   Centre de résistance (CR) 110 de MAMETZ : 205e RI

o   CR de CARNOY : 236e RI et 1 bataillon du 45e RI

o   CR de MARICOURT : 228e RI

o   CR de VAUX FARGNY : 329e RI

          Arrière :

o   BRAY : EM 105e BI, EM 16e BI, 319e RI, 2 bataillons du 45e RI, 2 bataillons du 117e RI

o   SUZANNE : EM 106e BI, 224e RI et 2 bataillons du 115e RI

o   CAPPY : 1 bataillon du 115e RI

o   LA NEUVILLE LES BRAY : 1 bataillon du 117e RI

o   MORLANCOURT : régiment de marche colonial du 13e CA (LCL LAROQUE)

o   MARFUSEE ABANCOURT : 101e RI

Le 16/12 est consacrée à la préparation : reconnaissance des officiers, préparation des tringles à mélinite (triangles d’explosif), des boucliers, des canons lance grappin pour brècher les réseaux de fils de fer.

Ordres pour l’attaque concernant le 115e RI. Aux ordres de l’EM 16e BI (col RETROUVEY),

          Phase 0 : garde des tranchées, dès 01h00 mise en batterie des mitrailleuses du 115 aux deux extrémités de la tranchée avancée avec 1 section placée au nord ouest du village battant la direction de MONTAUBAN et 1 section battant le bois de FAVIERES.

          Phase 1 : destruction des réseaux de fil de fer par le génie : brèches (6 à 8 m soit 2 tringles de 3 pétards) à réaliser par 2 groupes de sapeurs à MARICOURT SUD, brèches à réaliser par 2 groupes de sapeurs à MARICOURT NORD (par la CIE du génie 14/2) et 4 groupes de 3 brèches sur CARNOY ;

          Phase 2 : attaque brusquée, dans la suite du bréchage (1 cie et demi par bataillon du 115e RI, 1 cie déployée face à chaque groupe de brèche et 1 peloton derrière cette CIE, renforcée d’une section du génie). Aux ordres du CNE CLAYEUX, cdt le 2 BAT du 115, en place dès 04h00 ;

          Phase 3 : Attaque principale de MARICOURT NORD (secteur de droite) : 2 bataillons du 115e RI sur la briqueterie (intersection route MARICOURT – MONTAUBAN au nord),  à partir de l’ouest du bois de MARICOURT dès 05h00 se couvrant à droite vers le bois de FAVIERES et un bataillon du 228e RI en réserve (qui sera en charge de creuser les tranchées nécessaires au génie dans la nuit du 16 au 17). Le bataillon de droite sera chargé de tenir les tranchées avancées françaises et dès que les tranchées ennemies sont franchies de pousser 1 CIE et demi sur la corne nord ouest du bois de FAVIERES. Les corps doivent disposer du plus grand nombre d’outils pour assurer la possession du terrain conquis.

Le 17/12, à 03h00, les 2 bataillons du 115 établis à SUZANNE se mettent en route sur MANICOURT par le ravin SUZANNE MARICOURT, le 2e bat. est en tête. A 04h30, tous les éléments sont à leur emplacement.

La 6e CIE (CNE PINAUD) à 2 sections est placée dans la tranchée de 1ère ligne à 100m en avant et au nord du bois de MANICOURT entre 2 sections de mitrailleuses et 1 peloton dans le large boyau du CANON-AMARRE au nord est du bois. Le peloton en tranchée a pour mission d’appuyer la 7e CIE par ses feux. Le peloton dans le boyau a pour mission de suivre la 7e CIE passant par la brèche et de la soutenir en échelon à gauche autant que le terrain le permettra.

La 7e CIE (CNE MOREL) rassemblée de nuit à l’est du bois et à hauteur de la lisière nord. Elle a pour mission de conquérir l’extrémité est de la tranchée allemande.

La 8e CIE (LTN CLAUDE) rassemblée derrière la 7e CIE a pour mission en suivant la 7e CIE de saisir à droite  le boyau allant au bois de FAVIERE pour couvrir le flanc droit de l’attaque.

La 5e CIE (CNE HARTMANN) en réserve à la lisière est du bois et à hauteur du canon de 80.

04h45 début de l’attaque secteur MAMETZ.  A 05h l’attaque débute secteur MARICOURT NORD par les explosions des brèches par le génie. Une seule brèche de 7 à 8 m est réalisée. A 06h20, le COL RETROUVEY rend compte que les explosions se sont produites secteur MARICOURT NORD et que le canon grappin a ouvert une brèche de 3 m.   Au signal du clairon « à la charge », à 06h30, la 7e CIE (CNE MOREL) renforcée s’élance sur la tranchée dite de la MEULE à la VACHE (A du croquis). La nuit est très dense. Cependant par perte de direction à cause de l’obscurité, la brèche a été pratiquée plus à l’est (en C) et n’est pas en face de la tranchée allemande. La CIE traverse la brèche et laisse la tranchée A à sa gauche sans la voir et arrive au boyau de

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Extrait carte de juin 1916 situant la briqueterie et le bois de FAVIERE. Source GALLICA

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Croquis source JMO 53e DI

communication allemand menant au bois de FAVIERES. Les allemands surpris d’abord se reprennent et ouvrent un feu violent. Les 2 sections de queue de la 7e CIE prises sous le feu lâchent pied et se replient sur la corne NE du bois. 2 sections de la 6e CIE qui étaient dans la tranchée avancée de droite où sont partis les sapeurs avaient accompagné le mouvement des 2 sections de tête de la 7e CIE. Ces 4 sections ont perdu presque instantanément leurs cadres.  La 8e CIE suivant la 7e oblique encore plus à droite conformément à ses ordres et quelques-uns de ces hommes arrivent à la tranchée allemande près du bois de FAVIERES dont la plus grande partie sous la violence du feu se replie désorganisée sur le bois de MARICOURT.

A 07h00, le 115e RI tentait une attaque générale. A 07h30, la 4e CIE sera mise à la disposition du CNE CLAYEUX et placée derrière la 5e CIE. Le feu de l’ennemi en provenance du bois de FAVIERE et de la direction d’HARDECOURT devient très violent ; l’artillerie allemande bombarde les tranchées et la lisière nord du bois de MARICOURT. La 1e CIE (CNE MAILLEFERT) est lancée de part et d’autre de la route MARICOURT – BRIQUETERIE. Reçue par une grêle de balles, elle perd tous ses cadres et est rejetée dans les boyaux de communication.

A 08h, le LCL RETROUVEY rend compte que la 8e CIE du 115e RI qui devait suivre les sapeurs et se jeter dans la tranchée allemande a perdu tous ses cadres. Il tente de faire passer une autre compagnie du côté du bois. A 10h, la 5e CIE (CNE HARTMANN) avec la 4e CIE (CNE POMMERET) reçoit l’ordre de secourir les fractions des 7e et 8e CIE arrivées dans les lignes allemandes. La 4Cie (CNE POMMERET) amenée à la corne NE du bois de MARICOURT, essaie de déboucher pour aider le 2ème bataillon. Le feu est intense. Son CdU est tué. Une demi-section de la 5 e CIE et une section de la 4e CIE ont été détruites. A 09h30, le CNE POMMERET est tué, son adjoint le SLT RICHARD est blessé et le CNE MAILLEFERT (1e CIE) est blessé. Personne ne peut sortir du bois de MARICOURT. Entre 10h et 10h20, appuyé par du renseignement issu de l’aviation et de l’artillerie, qui s’avère être inexact, l’ordre est

donné de relancer les assauts sur tous les secteurs. Vers 12h00, l’attaque est à l’arrêt, le feu adverse très violent. Coté MARICOURT NORD, le soutien et le renforcement des positions de tête est impossible. L’ordre est donnée à l’artillerie de battre les positions renforcées allemandes identifiées pour relancer une attaque vers 14h45.

A 12h45, la nouvelle erronée de la prise de MONTAUDRAN et de la briqueterie parvient au LCL TRAVERS, commandant le 115eRI. Le bataillon de BAULNY (1er bat) reçoit l’ordre de se rendre sur la briqueterie, objectif le boqueteau ouest de la briqueterie avec 2 CIES du 228e RI. Des renforts des régiments de réserve sont portés sur l’avant. A 14h30, le renseignement est démenti et les allemands poursuivent de bombarder les tranchées de 1èrer ligne.

 

A 16h00 à la faveur de la nuit tombante, une nouvelle tentative d’attaque est faite par la 5e CIE et la 6e CIE (CNE PINAUD). Une section atteignit la tranchée allemande de la MEULE A LA VACHE (AB) en passant les fils de fer à la brèche de 3 m ouverte par le grappin. Mais à peine arrivée, elle fut prise par des feux venant du boyau AE et fut bombardée par des grenades semblant venir des postes d’écoute C et D. Ces grenades mirent le feu à la paille garnissant la tranchée et le CNE HARTMANN, blessé grièvement, donne l’ordre à la CIE de se replier. L’adjudant LORENZETTI prend le commandement de la 5 Cie et se replie en ramenant son capitaine vers la lisière NE du bois de MARICOURT (Il sera décoré pour ce fait de la médaille militaire le 24/12/14 par le général de GRANDMAISON, commandant la 53ème division de réserve).

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Croquis source JMO 16e BI

Dispositif pour la nuit du 17 au 18 à 19h00 : 115e RI : le 1er bataillon (CNE de BAULNY) et le 2e bataillon (CNE CLAYEUX) cantonneront à MARICOURT, le 3e bataillon (CBA MERLIN) est remis à disposition de la 16eBI. La 6e CIE (CNE PINAUD) et les sections de mitrailleuses restent dans la tranchée avancée avec les restes des 7e, et 8e CIE assurant la sécurité du front avec un bataillon du 228e RI au profit du secteur MARICOURT NORD. La 16e BI apprend par une lettre du CNE MOREL (7e CIE) qu’il a été blessé et fait prisonnier alors qu’il avait réussi à parvenir jusqu’à la briqueterie et à s’y retrancher ; il s’y est maintenu jusqu’à l’épuisement des moyens de résistance. (Le CNE MOREL est en effet blessé à la cuisse et sera fait prisonnier et interné pendant la durée du conflit).

Ordres pour le 18 : « au secteur de MARICOURT NORD, le colonel RETROUVEY (16e BI) disposant du 228e RI et du 115e RI reprendra l’attaque au jour (06h30), direction la briqueterie, en se couvrant du côté du bois de la FAVRIERE et en se tenant en liaison avec l’attaque centrale ».

A 05h30, le 115 est sur ses positions. Le 1er bataillon est chargé de l’attaque brusquée, le 3ème bataillon est chargé de soutenir et d’appuyer l’attaque, le 2e bataillon en réserve. 06h45, sous appui d’artillerie sur le bois de FAVIERE, seul le secteur de MARICOURT NORD lance l’attaque avec 3 sections successives de la 1ère CIE (de la CASINIERE) qui éprouvent de très grosses pertes du fait de tirs de front et de flanc. Les allemands ont renforcé leurs positions, toutes leurs tranchées sont occupées. L’ordre est donné de relancer l’attaque sur les 3 secteurs à 10h30. La 1e CIE refait une tentative et quelques hommes réussissent à parvenir jusqu’à la tranchée allemande, le chemin suivi est jonché de cadavres. A 14h15, il est demandé aux chefs de secteur d’assurer le gain du terrain conquis et au LCL RETROUVEY de faire descendre sur SUZANNE un bataillon du 115e RI (le 1er bat). A 18h, le bataillon CLAYEUX (2e bat) est placé à la lisière nord est du réduit de MARICOURT, le bataillon MERLIN (3e bat) est placé à la lisière nord ouest du réduit détachant 1 cie dans les tranchées avancées.

Pour ces journées du 17 et 18, il est recensé 16 tués, 30 blessés, 15 disparus pour les officiers et 324 tués, 1661 blessés et 1346 disparus pour la troupe.  Pour le 115e RI, 1 tué (CNE POMMERET), 4 blessés (CNE MAILLEFERT, CNE HARTMANN, CNE PINAUD et SLT RICHARD), 5 disparus (CNE MOREL, LTN CLAUDE, SLT AZEMA, SLT DELANDE, SLT COTTIN) pour les officiers et 36 tués, 195 blessés et 422 disparus pour la troupe.

Il est prescrit une nouvelle attaque au 21/12 sur le secteur de MAMETZ et CARNOY. Le 20 est consacré à la destruction des fils de fer par les mitrailleuses, l’amélioration des travaux d’approche (amélioration de la 1ère ligne, construction de gradins de franchissement) et la reconnaissance minutieuse des réseaux ennemis.

Les 19 et 20 décembre, le 115e RI reste sur les mêmes positions. Les bataillons sur MARICOURT sont chargés de la défense du réduit. On remet en ordre les unités éprouvées.

Ordres de la 16e BI pour le 21/12 : s’emparer par surprise (06h30) de la tranchée de la MEULE A LA VACHE sinon par vive force. L’attaque surprise sera conduite par le 3e  bataillon du 115e RI, précédée par une tentative de brèche à la mélinite faite dans la nuit par le génie près du chemin de la briqueterie (brèche de gauche) et près du chemin de JUSTIER (brèche de droite). 1 CIE déployée devant chaque brèche, suivie d’un peloton. La 4e CIE de ce bataillon appuiera l’attaque qui paraitra devoir le plus rapidement réussir. Mise en place pour 04h sur la lisière nord du bois de MARICOURT et face aux objectifs. Le signal de l’attaque sera donné par le chef de corps du 115e RI qui avisera l’artillerie d’ouvrir le feu sur le bois de FAVIERE, sur la tranchée en avant de ce bois. Préparation de l’attaque par l’artillerie et les mitrailleuses qui chercheront à détruire les réseaux de fil de fer et à bouleverser les tranchées à attaquer. Au signal de l’attaque, l’artillerie allongera ses tirs pour empêcher l’arrivée des réserves ennemis.

Le 21, à 5h le régiment est sur ses emplacements. La 9e CIE (CNE de FRANQUEVILLE) à droite à la corne nord-est du bois et la 11e CIE (CNE FERRAGU) à gauche sur la route de la briqueterie. Les compagnies sont soutenues par un peloton de la 10e CIE. La 12e CIE (CNE COUSIN) en réserve au verger, lisière nord-ouest du bois de MARICOURT. Le 2e bataillon est entre le rond-point et le verger, le 1er bataillon au sud du rond-point. A 06h30, ordre de retarder l’attaque. A 08h30, le 1er bat. se porte à la face sud-ouest du réduit de MRICOURT pour prêter main forte au 117e RI qui attaque MAMETZ. Le 2e BAT. reconnaitra une position vers la cote 122, route de PERONNE à l’ouest de MARICOURT. Le 115e RI reste sur ses positions toute la journée. A 14h30, l’ordre de stationnement prescrivant de ne pas reprendre les opérations est donné. Les éléments accrochés au terrain (régiment colonial, 117e et 205e RI) sont soumis à un tir de mitrailleuses incessant et ne peuvent se replier qu’à la nuit. Le terrain conquis en avant de CARNOY est conservé. Les 1er et 2e BAT. rejoignent MARICOURT et le 3e BAT SUZANNE avec les mitrailleuses et 1 section du 2e BAT dans la tranchée avancée. Le 21, le 115 déplore 2 tués et 5 blessés.

Le 22, organisation de blockhaus pour mitrailleuses, amélioration des tranchées et des boyaux de communication. La 16e BI estrelevée et va cantonnée à SUZANNE et BRAY pour le 115 et CERISY pour le 117e RI.

Le 22 au matin, le 115 cantonne avec le 1er et 2ème bataillon sur MARICOURT et le 3ème sur SUZANNE avec 2 compagnies dans les tranchées de premières lignes.

Du 23 au 25, le régiment cantonne à BRAY en ayant laissé le 3ème bataillon à la disposition de la 16BI sur SUZANNE et MARICOURT. Il reçoit le 25/12 un renfort du Dépot commandé par le sous lieutenant (R) BELLEFAIX et constitué de 11 sous officiers et 195 soldats dont 99 jeunes. Ils sont tous affectés au 2ème bataillon et le SLT BELLEFAIX à la 7ème compagnie.

Après avoir été sur CERISY et CHIPILLY du 26 au 27, il est embarqué le 28 décembre à MARCELCAVE et débarque le 29 decembre, à CHALONSsur MARNE puis arrive à SARRY (MARNE).

Le 30, le caporal infirmier RAVIGNE (2ème bataillon) reçoit la médaille militaire pour son action au combat de MARICOURT et est cité à l’ordre de l’armée.

Le 31 décembre 1914, le lieutenant CHEVRIER et le sous lieutenant (R) LEBOCQ arrivent du Dépot avec 12 sous officiers, 16 caporaux, 163 anciens soldats et 107 jeunes. Le LTN CHEVRIER reprend ses fonction d’officier payeur, le LTN (R) THOMAS prend le commandement de la 7e Cie et le SLT (R) LEBOCQ est affecté à la 1e Cie. Le 115 cantonne à SARRY (MARNE) jusqu’au 5 février 1915 avec l’EM de la 8eDI et de la 16eBI.

 

Extrait d’une lettre écrite à SARRY, le 30/12/1914 par Jules PLAT, soldat au 115e RI, 7e Cie, 3e section, secteur 69.

« … je pense que le premier jour de l’an sera d’aller voir les boches, c’est un peu fâcheux de n’avoir pu attraper 2 jours de permission avant de partir pour aller dire au revoir. Je ne suis pas malheureux pour le moment, on ne fait que voyager à pied ou en chemin de fer. C’est quand même un peu fort quand pour la saison on ne dort point dans les granges dans la paille. Il fait froid la nuit. Nous sommes très bien nourris, mieux qu’à MAMERS, le café 2 fois par jour et 1 quart de vin le soir. Aujourd’hui nous avons décoré un caporal infirmier de la médaille militaire pour avoir sauvé un blessé à trente mètre des boches. … ». Un Jules PLAT, soldat au 115e RI de la classe 1914 et né le 02/09/1894 à NEAU en MAYENNE, est mort pour la FRANCE le 24 mars 1915 des suites de ses blessures de guerre à VITRY LE FRANCOIS (MARNE) à l’ambulance 4/22.


 

1915

La CHAMPAGNE (29/12/1914 – 29/12/1915)

Janvier 1915

Du 01 au 5 février, le régiment reste sur SARRY et se livre à des travaux de propreté, d’exercices du niveau section, compagnie et bataillon et à des marches. Quelques cas de rubéoles sont notifiés (2 à la 7Cie, 2 à la 8Cie). Le 11, il est passé en revue par le général de division d’INFREVILLE.

Le 13, le capitaine CLAYEUX, commandant le 2e bataillon et le capitaine HARTMANN (blessé et évacué) sont fait chevalier de la Légion d’Honneur. Le Cne CLAYEUX est promu chef de bataillon à titre temporaire (ATT). 7 admissibles à l’école militaire de ST CYR, promus sous lieutenant sont affectés au corps: SLT GOUNELLE (3cie), SLT CHERRIERE (4cie), SLT LAFONT (5cie), SLT BRAME (6cie), SLT PERRIN (8cie), SLT GANGLOFF (11cie) et SLT BERTRAND (12cie).

Le 14, l’adjudant chef CIAVALDINI et l’adjudant SACLIER sont nommés sous lieutenant à titre temporaire (ATT) et affecté à la 3cie et à la 7cie.

Le 22, l’ambulance n°6 du 4CA arrive sur SARRY pour soigner les rubéoleux.

Le 23, le chef de bataillon KIEFFER, chef d’état major de la 8e DI est promu lieutenant colonel (ATT) et prend le commandement du 115RI. Le LCL TRAVERS quitte le front et prend le commandement du dépot de MAMERS (Les 17, 18 et 21 décembre ont vu de glorieux mais couteux combats. Ordre avait été donné d’attaquer compagnie par compagnie et même parfois section par section. Cette tactique semble valoir au lieutenant colonel TRAVERS d’être relevé de son commandement le 23 janvier 1915 et lui vaut une affectation au dépot du 115 à MAMERS (poste qu’il conservera pendant toute la durée de la guerre)). Le médecin major RAULT, chef du service médicale du 115 part avec le LCL KIEFFER en visite au Dépot de MAMERS. Le chef de bataillon OGIER de BAULNY assure le commandement par supléance jusqu’àu retour du lieutenant colonel KIEFFER le 29 janvier.

 

Fevrier 1915

Combats de PERTHES

 

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Le 5 février, le régiment quitte SARRY , cantonne à SOMMEVESLE le 6 et du 7 au 15 à ST ETIENNE AU TEMPLE.

Les 16 et 17 février, le Régiment arrive dans le boueux secteur de PERTHES LES HURLUS. Il bivouaque dans le bois du PIEMONT, et le 18 est à CABANES et PUITS, à pied d’oeuvre pour l’attaque du lendemain.

Les 19, 20, 21, 22 février, il va livrer de sanglants combats pour prendre et conserver le Bois 3. Le terrain est difficile, un vrai bourbier, l’ennemi est puissamment armé,  ses contre-attaques précédées et accompagnées par une artillerie puissante.  Le premier jour n’amène pas le succès. Le 3° bataillon a tenté trois fois de bondir hors de ses tranchées, trois fois il a été cloué sur place et ses pertes sont grandes. Plus heureux le 20, le 2° bataillon (commandant CLAYEUX), aidé de la lère et de la 10ème compagnie, atteint l’objectif qu il conserve le 21 et le 22 malgré de violentes contre-attaques. Ces trois jours de combat coûtent au régiment : 8 officiers ( dont 3 tués ) et 495 hommes ( dont 120 tués, 87 disparus et 286 blessés ). Beaucoup de disparus n’ont jamais été retrouvés.

Le 24, 3 officiers sont affectés au corps: lieutenant CHAVANCE du 103e RI prend le commandement de la 7e Cie (il sera tué à sa tête 10 jours plus tard), lieutenant DUTREIX du 103e RI au commandement de la 6e cie et le lieutenant DENIS pour le commandement de la 2e Cie. L’échelon mobile comprenant 200 hommes est versé au 2e bataillon et le sous lieutenant BREY , de retour au front, prend le commandement de la 3e Cie.

Du 25 au 27, le 2e bataillon se réorganise  à Cabanne et Puits, le 3e bataillon est sur la cote 181 et le 1er bataillon est sur la cote 181 et le bois 3.

Le 28, l’Etat-major (EM), le 1er et 3e bataillon cantonnent sur SUIPPES avec un bataillon du 117eRI. le 2e bataillon (CBA CLAYEUX) reconstitué est sur la cote 181. Il va, du 28 février au 4 mars, prêter son concours au 117ème régiment d’infanterie pour l’attaque du Bois 4. Passant sous les ordres du chef de corps du 117e RI, il est placé en réserve à la cote 181.

 

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situation sur PERTHES LES HURLUS février mars 2015. Extrait du JMO 4CA 26N109/1 p 109

Mars 1915

Le 01 mars à 04 heures, le CBA CLAYEUX va occuper les lisières du bois 4 avec tout son bataillon et lance l’attaque vers bois 4 et la tranchée 21 dans la journée après une préparation d’artillerie. L’attaque n’est pas un succès et la 7e Cie perd son CdU (LTN CHAVANCE).

Le 03 mars, le 2e bataillon relance son attaque sans connaitre un plus vif succès. Relevé de nuit par le 9e RI, il rejoint LA CHEPPE où il cantonne.

Le régiment affaibli par la bataille à laquelle il a pris une glorieuse part, se reforme tout près de la ligne de feu. Plusieurs officiers issus du 103ème RI sont affectés au 115e RI.

 

ordre de bataille au 01 mars 1915:

CdC : LCL KIEFFER

CNE adjoint: CNE ALIX

medecin chef: major 2cl RAULT

Off. payeur: LTN CHEVRIER

Off . appro: SLT LORIFERNE

service téléphonique: SLT GUY

chef musique: LTN MANIERE

CdU Cie de mitrailleuses: LTN BOUNEL

 

1er bataillon:

CBA OGIER de BAULNY

CdU 1Cie: SLT LEBOCQ

CdU 2Cie: LTN DENIS

CdU 3Cie: SLT BREY

CdU 4Cie: SLT CHERRIERE

 

2ème bataillon:

CBA CLAYEUX

CdU 5Cie: SLT LAFONT

CdU 6Cie: LTN DUTREIX

CdU 7Cie: LTN ALAVAILLE

CdU 8Cie: SLT BELLEFAIX

médecin aide major ZIELINSKI

 

3ème bataillon:

CBA MERLIN

CdU 9Cie: LTN AMMANN

CdU10Cie: LTN GARNIER de LABAREYRE

CdU 11Cie: SLT REVEILLARD

Cdu 12Cie: LTN BONNIN

 

Le 6 mars, le 2e bataillon rejoint le régiment aux docks de SUIPPES.

Du 7 au 9 mars, le régiment cantonne aux Docks puis rejoint le 09 la position 4500 sur la route de SUIPPES – PERTHES (itinéraire SUIPPES, chateau de NANTIVET, 4500).

Le 10, il quitte la position 4500 et va appuyer une attaque de la 33° division d’infanterie dans la région de SUIPPES (boyau 208 – 213). La mission consiste à garder des tranchées et à réaliser des travaux du génie et contribuer à exploiter l’attaque de la 33e DI. Les échanges de tirs sont peu nombreux mais l’artillerie allemande provoque 2 tués et 4 blessés.

Le 11, le régiment occupe les mêmes positions: 1er et 3ème bataillon en 1ère ligne, 2ème bataillon en réserve. Le régiment a 5 blessés par l’artillerie adverse.

Le 12 mars, le bataillon de réserve (CLAYEUX) est portée en avant (droite du secteur). Il doit saisir le boyau 214 et la tranchée 208. L’adjudant PORTES et un homme de la 5e Cie sont envoyés en reconnaissance et rendent compte que la tranchée est inoccupée. Les 5e et 6e Cie s’élancent mais sont acceuillies par des feux nourries , elles ne peuvent déboucher.

Le lieutenant BONNEL, commandant la Cie de mitrailleuse, blessé suite à l’éboulement de son abri par tir d’artillerie, est remplacé par le sous lieutenant GUY. La section de téléphoniste est commandée par le sergent GRUNESSEIN.

Jusqu’au 15 mars, le 115 reste sur ses positions.

Il rejoint SUIPPES le 16 après avoir été relevé par le 83e RI. Le 17, le CBA de BAULNY et le médecin major RAULT sont nommés chevalier de la légion d’honneur. Les adjudant-chef MORROT et l’adjudant LEVEAU sont médaillés militaire.

Le 18 mars, le régiment assiste à l’exécution d’un soldat du régiment coupable d’abandon de poste (https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/fusilles_premiere_guerre/detail_fiche.php?ref=2524271&debut=0) . 2 sergent-major et 4 sergent-fourrier arrivent du dépot. Des recomplétements (capotes, chemises, campements, …) sont distribués par l’officiers des détails. Le 19, le soldat CAZIN (2cie) reçoit la médaille militaire.

Après ces quelques jours de repos, le 115, avec le train ce combat et le train régimentaire, rejoint CUPERLY le 21 puis VERZY (27 km àl’ouest de SUIPPES) le 22 où il cantonne le 23.

 

Le 24 mars, il relève le 126 RI dans le secteur de défense des MARQUISES (2 km nord est de PRUNAY: ferme des MARQUISES) qui représente la « gauche » de la 8e DI et de la IV armée. Dans ce secteur verdoyant, au pied des MONTS de CHAMPAGNE (nord de PROSNE) que couvrent de magnifiques bois de sapins, le 115e RI va y rester 6 mois.

Au 24 mars, le secteur est séparé en 3 sous-secteurs:

– M: à l’est en liaison avec le 108e RIT est à la charge du 3e bataillon (MERLIN)

– N: au centre est donné au 2e bataillon (CLAYEUX)

– O: à l’ouest, en laison avec le 1er régiment Etranger et une Cie du 112 RIT est à la charge du 1er bataillon (de BAULNY).

Chaque sous secteur comprend 2 cie du 115 en premières lignes, 1 cie du 115 en demi repos et 1 cie du 112 RIT. La quatrième cie du bataillon est au repos à COURMELOIS. Le train régimentaire 2 est aux PETITES LOGES, le train régimentaire 1 et le train de combat sont sur COURMELOIS. Les chevaux des officiers, des mitrailleurs et la musique sont sur WEZ (nord de COURMELOIS). Un « decauville » (locomotive) relie les MARQUISES à la voie ferrée au nord de WEZ.

 

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CPA « 1915 secteur ferme et hameau « des Marquises » Marne. Tranchée de 1ère ligne. »

1 caporal et 2 soldats avec attribut du 115 de ligne pose avec leur lebel.

 

 

Ci-dessous, situation et description des secteurs fin mars début avril 1915 région PROSNES (carte extraite du JMO 4CA 26N109/1 p114)

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Le 25, le régiment s’installe. Des échanges de tirs d’artillerie et de coups de feu provoque 1 tué et 1 blessé à la 6e Cie.

Le 26, continuation de l’installation. Le LTN BONNIN, CdU de la 12e Cie, est fait chevalier de la Légion d’Honneur par le général JOFFRE. Un renfort venu du 60e bataillon de marche comprenant 5 officiers (CNE VAUTIER, SLT (R) PICOSSON, CHAUTARD, PERRIAUD et KIEFFER) et 477 hommes est affecté au corps.

Le lendemain, des officiers du bataillon de marche du 35e RI (CNE PROST, CNE MORRE, CNE BONNASSIEUX, LTN (R) ROBINET, SLT CHAUMETTE, SERVETTE, PICARD et PAGET, médecin aide major BAUFLE) sont affectés en même temps que 78 hommes d’un détachement du 54e bataillon de marche commandé par les SLT RIVAINE de LABATIE et SLT TRABESSAE. Ce 27 est une journée calme et les quelques obus tombés dans le secteur et en arrière provoque 1 blessé.

Le 28, des avions ennemis survollent le secteur et le régiment (secteur N) lance des bombes « Celerier » avec succès.

 

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obusier « célerier » vu sur le site : http://militariacollec.free.fr/ident/viewtopic.php…

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Du 29 au 31 mars, le secteur reste calme et les échanges d’artillerie provoquent 2 tués à la 4e Cie et 1 à la 1ere Cie ainsi que 2 blessés le 29.

 

Avril 1915

Le 01 avril à 04h30, une patrouille allemande pénètre dans les lignes du 115 après une préparation d’artillerie sur le poste P4, qui blesse 9 hommes de l’escouade gardant le site. Détectée, elle attaque à la grenade le poste et se replie sous le feu des sentinelles. Le reste de la journée est consacré à l’aménagement des tranchées et boyaux sous les tirs adverses. Les pertes de ce jour se montent à 5 tués et 10 blessés.

Le 02, arrivent aux corps plusieurs officiers issus de la cavalerie: capitaine de BOISROUVRAY du 14e hussards, capitaine DENIS du 18e dragons, capitaine ANDRE du 17e dragons, sous lieutenant ETTLINGER officier des détails du 54 bataillon de marche, sous lieutenant CAMBRIELS, RENAUDIN et VALENTA du 3e hussards. 2 disparus (lancés à la poursuite de la patrouille allemande de la veille sur P4) et 7 blessés sont comptabilisés ce jour.

Le 03, la canonnade et la tiraillerie adverses sont plus intenses et actives. Le génie organise des écoutes en 1ère lignes dans les régions des mines (secteur N et O).

Le 04, arrivée au corps en provenance du dépôt de Mamers du LTN (R) DUCLOS, des SLT SARRANT, BIGNOLAS et BRETON. Une attaque allemande se produit dans le secteur O vers 4 heures. Après une préparation avec grosses minen et bouteilles (analogue au « celerier » de 77) sur la tranchée du « saillant » puis sur les arrières, un groupe de 15 à 20 allemands se précipitent sur la tranchée bouleversée en criant en français « France, en avant, ya ya camarades ». Dans la tranchée, ils lancent des « raquettes » explosives dans chaque abri ou entrée de galerie. L’aspirant PARIZET contre attaque avec le SLT BREY et quelques hommes appuyés par des sentinelles restées à leur poste malgré les tirs d’artillerie. L’officier allemand est tué dans la tranchée et la patrouille chassée de celle-ci. L’attaque couta 2 blessés, 1 tué et 5 disparus, les tirs d’artillerie n’ayant laissé qu’une tête (soldat AVIGNON), un pied et de nombreux restes humains non identifiables.

Le 05, des obus de 105 et de 77 tombent sur tout le secteur et la fusillade est vive la nuit. Le régiment s’affaire au réfection des tranchées. Un bombardement de COURMELOIS entraine la mort  du SLT PERRIAUD et de 4 hommes.

Du 06 au 18, les échanges d’artillerie et les fusillades de nuit sont quotidiens.

Le 07, un lance grenade Aasen explose tuant un servant et en blessant 2 autres.Le travail de mine se continue.

Le 14 des obus tombent près de la ferme des Marquises. Les lignes sont survolées tantôt par les avions allemands « aviaticks » tantôt par les français.

Le 15, l’adjudant MASSONI (5e Cie) est nommé sous lieutenant (ATT) et maintenu au corps. La nuit, les allemands interpellent les hommes, les insultent et imitent les commandements. Il semble que les troupes adverses soient nouvelles et très jeunes. Chaque nuit des patrouilles et des embuscades sont faites.

Le 18, la ferme des Marquises est bombardée (dégâts matériels). Le sous lieutenant SARANT est tué par une grenade.

Le 19 avril, le régiment envoie le sergent BERTHOUX au dépot de MAMERS pour l’instruction de la classe 1916.

Le 20, 2 hommes de la 8 Cie (CNE de BOISROUVRAY) sont blessés par des tirs d’artillerie. Les allemands lancent une nouvelle bombe, genre torpille, produisant des entonnoirs de 1m de profondeur au moins et 1.5 à 2 m de diamètre.

Du 21 au 30, les journées sont calmes, seule l’artillerie de campagne et de tranchée est à l’oeuvre. Les 1er et 3e bataillon tentent une opération pour faire des prisonniers dans les secteurs M et O (objectif « le monstre ») dans la nuit du 22. N’ayant trouvé personne dans les tranchées intermédiares, l’opération est sans résultat. Les allemands travaillent à leurs mines et se rapprochent des lignes françaises. Le 23, les compagnies reçoivent des périscopes de tranchées et des fusils à lunettes à réticule. Des cannonades ont lieu sur les villages de PRUNAY et WEZ. Le 26, le lieutenant colonel KIEFFER est cité à l’ordre de l’Armée.

 

 

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CPA écrite en 1915.

Obusier Aasen de 86 mm servit par 3 soldats du 115RI en 1915. L’un des soldat tient un écouvillon et l’autre un obus certainement Excelsior.

(fiche sur le canon Aasen ici http://www.passioncompassion1418.com/Canons/Images…).

 

Mai 1915

Le 01, les villages de COURMELOIS et THUISY sont bombardés. Le régiment reçoit 200 hommes en renfort dont une équipe de mitrailleuses. Le 115e RI comprend 51 officiers et 2854 hommes de troupes.

Du 02 au 07, les journées sont calmes voire très calmes. Seule la soirée du 05 verra un intense bombardement des villages de COURMELOIS, THUISY et WEZ. Le capitaine DENIS est évacué le 03, le SLT VALENTA le 06 suite à une crise d’appendicite et le SLT CHERRIERE le 07 pour des pieds gelés.

Le 08 mai, les allemands font sauter une mine à 40 m des lignes du 115. Aucun dégat n’est à déplorer. L’artillerie française exécute un tir d’efficacité entre l’entonnoir et les lignes adverses. Aucun travail n’est entrepris par les allemands pour rejoindre l’entonnoir, de 8 à 10 m de large, à leurs lignes.

Le 09, aucune activité d’infanterie adverse. 2 groupes dont l’un issu du 115 (adjudant-chef AGEN de la 8 Cie) et l’autre de l’unité de Dragons sont envoyés sur le point 875 pour savoir si la tranchée est occupée et pour reconnaitre les défenses dans le cadre d’un futur coup de main. De retour, sans coup ferir, la patrouille précise que les défenses passives (fils de fer) sont très larges et ne montrent pas de fissures.

Du 10 au 31, la situation est inchangée. Les journées sont ponctuées de tirs d’artillerie (77 et 88 contre celerier, Aasen, mortier de 58 et canon de 75). La ferme des Marquises est souvent prise pour cible tout comme les 1ère lignes. Les activités nocturnes de l’infanterie allemande sont plus intenses sur la fin du mois. Ces échanges de tirs (artillerie et infanterie) couteront au 115 pendant ces 21 jours: 5 tués dont 1 caporal et 27 blessés.

 

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Photos avec la légende: « PRUNAY (Marne), abri pour mitrailleuse ».

2 superbes photos prises en 1915 dans le secteur des MARQUISES. 2 groupes du 115e RI posent derrière leur pièce, une mitrailleuse saint Étienne 1907T avec ses bande-chargeurs métalliques rigides de 25 cartouches. Les photos semblent avoir été prises au même poste, seule la mitrailleuse et son affut sont orientés différemment. L’un des servants est équipé avec un mousqueton BERTHIER 1892.

Nous sommes au printemps-été 1915 (avant la distribution des casques Adrian d’aout septembre 1915) où le régiment semble avoir reçu de nouvelles tenues (capote poiret, képi mdl 1914, culotte en velours côtelé) se mélangeant ainsi avec celles d’entrée de guerre (capote 1877 et képi 1884 avec couvre képi).

 

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On remarque les insignes de collet des tenues de 1914 cousus sur les nouvelles capotes et képis ainsi que des insignes sur pattes jonquille (qui seront remplacées en mai 1915) sur une vareuse troupe de 1914.

L’équipement visible comporte un ceinturon 1905, des cartouchières mdl 1905 et des bretelles de suspension de 1892.

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Photo sans légende d’un poste de mitrailleurs du 115e RI.

On remarque les insignes de mitrailleurs sur la manche gauche du caporal et des membres de son escouade. La photo est probablement prise à la m^me période que celles du dessus.

Juin 1915

Du 01 au 10, les allemands s’activent à renforcer les tranchées des secteurs N et O. La consommation des munitions d’infanterie et d’artillerie est limitée par le commandement. Les patrouilles de nuit sont de plus en plus génées par les fusées éclairantes allemandes. Le régiment déplore sur cette période 3 tués et 14 blessés.

Le 05, le sous lieutenant JUIGNET revient du dépot de Mamers et est affecté à la 6e cie.

Le 06, le LTN ROBO, du 9e bataillon de marche du 124e RI est affecté au 115. Le LTN ROBINET de la 8 Cie quitte le régiment pour rejoindre ce bataillon. 4 caporaux et 17 hommes arrivant du dépot sont affectés dans les compagnies. Le 07, le SLT CAMBRIELS (5Cie) est évacué pour maladie.

Le 08, le LCL KIEFFER, l’aumonier GAUTHIER, le SLT LEBOCQ et l’ADC BRAULT reçoivent la croix de guerre avec palme des mains du général commandant la 8e DI.

Le 10, la 96e division Territoriale étant mise à la disposition d’une autre armée, le 112 RIT quitte le secteur, laissant au 115, 2 sections de mitrailleuses sous les ordres du CNE BERGER. Le 112 RIT est remplacé par un escadron à pied du 18e dragons (cne JOUBERT) et un escadron à pied du 14e hussards (cne BOURGOIN).

Le 11, par ordres du général commandant en chef, sont promus au grade supérieur à titre temporaire à compter du 6 juillet:

au grade de capitaine:

– LTN AMANN 9CIE

– LTN BONNIN 12CIE

– LTN DEMAY 5CIE

– LTN DENIS 2CIE

– LTN DUCLOS 1CIE

 

au grade de lieutenant:

– SLT CHAUMETTE 6CIE

– SLT KIEFFER 1CIE

– SLT LAFFONT 5CIE

– SLT LEVEAU 10CIE

– SLT PAGET 9CIE

– SLT REVEILLARD 11CIE

– SLT SERVETTE 2CIE

– SLT TRABESSAC 12 CIE

 

au grade de sous lieutenant:

– ASP BOUTROY 10CIE

– ASP CHAPPUIS 5CIE

– ASP LEFEVRE 6CIE

– ASP LEFEVRE Marcel 9CIE

– ASP NEVEU 4CIE

– ASP PARIZET 3CIE

– ASP SAUVAGE 11CIE

– ADJ LEHOUX 4CIE

– ADJ LEROI 9CIE

– ADJ RUELLE 1CIE

– SGT PONTONNET 5CIE

 

Du 12 au 18, l’infanterie adverse est active la nuit et travaille dans ses tranchées. Le 115 aménage sa deuxième ligne, pose des défenses accessoires, recreuse les boyaux suite au tirs quotidien des 77 et 105 allemands. Le régiment déplore 4 blessés dans cette période.

Le 12, le SLT MASSONI de la 9Cie est affecté à la 7e Cie.

Le 14, les 2 sections de mitrailleuses du 112 RIT sont relevées par 2 sections du 111 RIT.

Le 19 juin, le cantonement de BEAUMONT reçoit 37 obus de 130 dans la journée, 5 hommes du 115 sont blessés. Ce jour et le lendemain, des incendies se déclarent dans les bois du secteur N (poste 3 de Crapouillot) tantôt du coté français, tantôt du coté allemand.

Le 21, le sergent TROUVE Victor est tué.

Du 22 au 30 juin, la situation reste calme pour l’infanterie. L’artillerie poursuit son harcelement quotidien. Le 115 déplore 1 blessé pendant cette période.

Le 23, un déserteur allemand se livre à un poste d’écoute. Il appartient au 112e régiment qui constitue la 1ere ligne, la seconde et le repos. Sa compagnie est commandée par 1 LTN (R), 2 SLT (R) et comprend 170 hommes sur un front de 200 m. Le 24, une mine allemande explose à proximité de leur tranchée et dans la continuité de 2 autres entonnoirs.

Toujours le 24, remise de croix de guerre avec palme aux décorés de la légion d’honneur et de la médaille militaire des mois précédents (Légion d’Honneur: CBA de BAULNY, médecin major RAULT, CNE BONNIN; Médaille Militaire: SLT PARISET (en qualité d’aspirant), ADC MONOT, ADJ LEVEAU, soldat CAZIN Victor). Remise de la croix de guerre avec étoile de vermeil (citation à l’ordre du corps d’Armée) pour 30 soldats, 6 caporaux, 7 sous officiers, les SLT JUIGNET et RUELLE, les LTN ANDRIEUX, BREY, LAFONT, LEVEAU , REVEILLARD et le CNE ALIX.

Le 28 juin, le LTN ALAVAIL de la 7e Cie rentre de l’hopital.

 

 

Juillet 1915

Tout le mois verra une infanterie allemande calme et les activités d’artillerie sans réel effort.

Le 04, arrivée et affectation du SLT FLOUQUET du 3e régiment de Hussards à la 12e cie.

Le 11, capture d’un soldat allemand du 112e venu porter des journaux de propagande dans les lignes française. Ce 11, premier départ en permission de 4 jours des hommes de troupe (ordres du général commandant en chef).

A la mi juillet, le secteur est réorganisé et les centres de résistance sont VIDALLET, DAVID, CRAPOUILLOT, REDAN et le réduit des MARQUISES.

A compter du 25, le 115 n’occupe plus que les sous secteurs N et O. Un bataillon est mis au repos à BEAUMONT.

Le 27, une compagnie de mitrailleuses de brigade est formée et rattachée au 115. Elle est commandée par le CNE HUGOT du 117 RI avec le SLT (R) LAVIER.

 

Aout 1915

Le mois d’aout est aussi calme que celui de juillet. Les travaux se poursuivent sur les centres de résistances.

le 06, le SLT BIGNOLAS est évacué suite à une entorse et le SLT KIEFFER suite à une chute de cheval.

Le 13, retour du SLT KIEFFER qui est affecté à la compagnie de mitrailleuses de la 16 brigade du CNE HUGOT. Ce 13, le LTN (R) DUTRIEUX est nommé capitaine (R).

Le 15, le médecin auxiliaire (R) LAVAT est promu médecin aide major de 2e classe et est affecté au 101e RI.

Le 20, remise de croix de guerre à l’ordre de la division aux: ADJ LUREL, SGT CLAIN, CPL GIRARDIN, SDT PERALTA, FRESNAY, BESNARD, PICHARD et ROUZIERES.

Le 21, une bombe de 58 éclate accidentellement blessant 4 hommes.

Le 23, le SLT TEFFER, du 35 régiment d’artillerie, est affecté à la 2e Cie et retour du SLT BIGNOLAS.

Le 25, évacuation du LTN ALAVAILL.

Le 28, création du peloton des sapeurs avec 12 sapeurs ouvriers d’art, 54 sapeurs pionniers et bombardiers sous les ordres du LTN CHERRIERE et de l’ADJ PORTE.

Le 31, 2 sections de mitrailleuses du 34e et 36e colonial arrivent dans le secteur du 115RI. Elles sont chacune armées par 2 mitrailleuses St Etienne, 1 sergent, 2 caporaux et 12 servants.

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Courrier du LTN Jules KIEFFER daté du 12 aout 1915, adressé au CNE PARIS, précisant: » M’achemine vers le front où mon adresse sera secteur 69″

 

 

 

Septembre 1915

Du 01 au 14, le secteur reste calme avec des bombardements intermitants. Les travaux se poursuivent.

Le 03, le LCL KIEFFER est nommé LCL à titre définitif. Le 11, un déserteur allemand se présente dans les lignes du 115 dans le secteur de la 2e cie (bois des Terribles). Il appartient au 142e d’infanterie. Le 12, le SLT MASSONI est évacué pour bronchite suspecte. Le 14, le LTN de RIVOIRE de la BATIE est blessé accidentellement et évacué.

Le 15, le régiment reçoit l’ordre de s’appréter à quitter le secteur.

Du 16 au 19, les officiers du 225e RI et du 271e RI reconnaissent le secteur du régiment. Il sera tenu par le 271e (LCL DUROTOY) à partir du 19.

 

Le 19, le régiment rejoint SEPT SAULT (7km au sud est) où il est rejoint par les EM de la 8e DI et de la 16e BI le 20. Le CNE HARTMANN, venant du dépôt, est affecté à l’EM du régiment.

Le 21, les SLT MAUNAURY et MONTREUIL sont affectés au régiment et servent à la 7e et 1ere Cie.

Du 21 au 23, les officiers vont reconnaitre le secteur où doit se dérouler l’offensive du 25. Le 22, le CNE DUTRIEUX, commandant la 6e cie, est évacué suite à une chute de cheval. Le LTN ROBO, de la 8e cie, prend le commandement provisoire de la 6. A compter du 22, l’artillerie mène ses tirs de préparation.

Le 24, préparation au départ, allégement des hommes par versement des sacs au train de combat, distribution de 3 jours de vivres et 2 bidons, perception des masques ricin-ricinate contre les gaz (Cf. site suivant sur les protections contre les gaz: http://www.guerredesgaz.fr/Protection/Lesmasques/F…). A 15 heures, réunion des chefs de corps et des brigadiers au Quartier Général de la division pour présentation de la manoeuvre. A 17h, le chef de corps du 115 présente la mission à ses subordonnés et donne l’ordre 1928B.

Le 115° régiment d’infanterie a pour mission: de suivre le 32ème corps d’armée marchant dans la direction de SAINT SOUPPLET (20 km nord est de SEPT SAULX) , de le dépasser ensuite quand il aura atteint ses objectifs pour atteindre les positions assignées (La Croix ST SULPICE, côte 187, PETIT BELOIS, côte 170, GRAND BELOIS). Le régiment franchira la SUIPPE puis marchera droit au Nord. En outre, le 115 couvrira la division sur sa gauche dès le passage de la PY.

 Ci-dessous extrait de carte du JMO 4CA 25 septembre 1915

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Ci-dessous carte extraite de « front de champagne, 25 septembre 1915 » http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8593551r/f1….

 

ATTAQUE DE CHAMPAGNE – 25 septembre – 20 octobre 1915

Le 25 septembre, à une heure du matin, le régiment quitte SEPT-SAULX par la voie ferrée, ARSENAL, nord de MOURMELON LE GRAND, chemin de la côte 144, bois au sud du fort de ST HILAIRE. Les bivouacs regorgent de troupes, et les cavaliers qui exploiteront le succès sont en position d’attente presque dans les premières lignes. Après avoir bivouaqué quelques heures dans les bois au Sud du fort SAINT HILAIRE, la marche reprend dans le fracas étourdissant d’une préparation d’artillerie dont la duré et l’intensité étonnent et semblent ne pouvoir jamais plus être dépassées. A 06h25, la cie de mitrailleuses ANDRIEUX, pièces et munitions à dos d’homme, s’engage dans le boyau DROUOT précédant le régiment jusqu’à la ligne: route d’AUBERIVE – ST HILAIRE. 07h25, Le régiment s’engage dans le boyau DROUOT, y stationne attendant le moment de marcher en avant. L’ordre de marche est le suivant: 1er bataillon (CBA de BAULNY), les pionniers du régiment et un peloton (LTN LUNYT) de la 4/2 du 1er RG (2 Cie du 4 bataillon du 1er régiment du Génie, compagnie divisionnaire du génie de la 8e DI) porteurs de fascines pour le franchissement de la rivière PY, le 2e bataillon (CBA CLAYEUX) et le 3e bataillon (CBA MERLIN). A 9 heures 20, les troupes d’attaque ont surgi des parallèles de départ. La résistance allemande est sérieuse. C’est un ennemi tenace et bien armé que l’on trouve derrière d’épais réseaux. Le 115 délaissant momentanément sa mission première, bataillon par bataillon, prend une part plus ou moins active à la bataille. Le 3° bataillon attend, en réserve dans le bovau DROUOT. Le 2° bataillon, le colonel en tête gagne les premières lignes ( bois ALLONGE, boyau GUIDES).

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Le 1° bataillon est mis à la disposition du 152eme régiment d’infanterie qui accroché aux premiers ouvrages ennemis, éprouve de sérieuses difficultés. La 3ème compagnie lutte de même opiniâtrement au saillant F (sud du V de Auberive sur la carte au dessus), mais malgré ses efforts ne réalise pas de progrès. La 3 ème section de cette compagnie est citée à l’ordre du régiment (cf. citations en première partie). Vers 16h, la 42e DI demande 1 bataillon pour son flanc gauche. Le 2e bataillon s’engage au soutien du 94e RI et assure la liaison avec la gauche (7e DI, 104e RI). Une phrase extraite d’un rapport que le Colonel adressait le soir au commandement dépeint la situation en fin de journée : « Les progrès de la 42 DI. sont plutôt limités, de gros réseaux non détruits se sont opposés à la progression. Les hommes qui s’en approchent sont fusillés » . Le régiment déplore 6 tués, 1 disparu et 33 blessés dont 2 officiers.

Dans la nuit puis la journée du 26, le 115 avec toute la division (mise à la disposition du 7e CA du général de VILLARET) est retiré et va cantonner dans les anciennes premières lignes françaises de SAINT HILAIRE. La mise en place se fait sous un bombardement en soirée causant des pertes au régiment (pertes du 26: 8 tués, 8 disparus, 54 blessés dont un médecin). C’est là que les troupes ont connaissance du message du Général en chef : « En Champagne, de l’Aisne à la Suippe les organisations ennemies de la première ligne ont été enlevées sur un front de 25 kilomètres et sur une profondeur de 5 kilomètres. En Artois, les Anglais ont pénétré profondément chez l’ennemi de Loos à Houlluch. Le nombre de prisonniers, s’élève déjà à 18 000, celui des canons pris à 30, le dénombrement continue ».

Le 27, le régiment est toujours investi de la même mission : suivre l’attaque, exploiter le succès. Dirigé d’abord sur l’EPINE LAMBERT à hauteur du bois VALANT et du bois N sur un terrain parsemé de cadavres français et allemands et sous le feu adverse, il reçoit l’ordre à 14 heures de l’EM de la 16e BI de gagner l’EPINE de VEDEGRANGE côte 171 (1500m de STE MARIE A PY) pour 16 heures. A 16h15, le colonel commandant la 16eBI donne l’ordre de se porter immédiatement à la gauche du 3e régiment de Tirailleurs algériens de façon à occuper la parrallèle de VEDEGRANGE. Cependant la position du 3e Tir n’est pas connue. A 16h30, le régiment fait mouvement sous la pluie abondante et les tirs de l’artillerie adverse. Après plusieurs bonds, il est arrété 1500m plus à l’est. A la tombée de la nuit, les liaisons avec le 3e Tir n’ont pas encore été réalisées. Le hasard veut qu’un homme du 3e Tir errant dans les lignes du 115 se retrouve avec le LCL KIEFFER. Dès lors , le chef de corps, guidé par l’homme, se porte auprès du général DEGO et de l’EM du régiment de tirrailleurs. Le 115 reçoit pour mission , en appui du 3e RTir, de faire brèche dans le réseau de fil de fer à hauteur du parallèle de VEDEGRANGE. Le colonel y envoie en avant garde la 11e cie et détache la 5e cie à l’épine de VEDEGRANGE (PC de la brigade BOYER) pour y chercher des charges allongées et des outils pour réaliser la brèche. Vers 23h, le régiment subit sur ses positions un barrage d’artillerie et toute la nuit se passe sous un bombardement. Le régiment déplore chez les officiers 2 tués dont l’adjoint du colonel et 9 blessés et dans la troupe 40 tués, 34 disparus (détruits ou ensevelis) et 195 blessés. Le LCL KIEFFER a perdu son adjoint (CNE ALIX) et 3 de ses secrétaires tués dans la nuit.

Le 28, la mélinite et les outils arrivent au matin. La 11e cie est renvoyée au 115 par le chef de corps (CdC) du 3e Tir faute de place dans la parallèle. Exposé et inemployé, le CdC du 115 fait demandé un changement de position et le régiment rejoint dès 9h l’est du bois RAQUETTE. Vers 18h, le colonel reçoit l’ordre de se reporter avec son régiment à la parallèle de VEDEGRANGE pour coopérer à l’enlèvement de la première ligne ennemie avec le 3ème Tirailleurs. Le mouvement est exécuté de nuit, mais l’opération est jugée momentanément impossible. Après contact avec le CdC du 3e Tir (COL de GOUVELLE), le LCL KIEFFER rend compte à minuit à l’EM de la 16e BI que des brêches doivent être faites sur le front du 3e Tir par le canon de 58 dont les régiments ne sont pas équipés. Le CdC du Tirailleur déclare ne rien pouvoir tenter actuellement et signale le danger du stationnement des 3 bataillons du 115 en arrière de ses lignes. Pertes du 28: 1 officier tué (SLT de BLOIS) et 9 blessés dans la troupe.

Le 29, à 06 heures, par brume et pluie, le régiment est dégagé de sa mission avec le 3e Tir. et se dirige vers la tranchée de ZANTES (3 km à l’est de la parallèle de VEDEGRANGE) pour exploiter une percée. Le 2e bataillon (« CLAYEUX ») est laissé à la disposition du régiment de tirailleurs pendant que les deux autres, avec les 2 cies de mitrailleuses, vont se mettre en position d’attente au Sud-Ouest du bois 28. Le CdC rejoint le colonel commandant la 16e brigade à l’observatoire du bois 28 et constate que la brèche n’existe pas. De plus le CdC du 142e RI, occupant la zone, précise qu’il ne peut acceuillir de renforts. La saisie de la tranchée est estimée périlleuse et couteuse et la mission est annulée. Pertes du 29: 1 officier blessé, 4 tués et 22 blessés dans la troupe.

Le 30, le 115 et le 117 se rendent dans le bois de SILESIE. Dans la même journée, le 2ème bataillon a relevé une partie du 3ème régiment de tirailleurs. Pertes du 30: Le CNE DUCLOS et le LTN LEVEAU sont évacués, 1 tué et 19 blessés chez les soldats.

 

 

Octobre 1915

Le 1er octobre en soirée, le régiment rejoint ses positions du 29. Les deux autres bataillons vont rejoindre le 2e et occuper la parallèle de VEDEGRANGE avec mission de conserver et d’étendre les gains. La Cie de mitrailleuses ANDRIEUX est avec le bataillon de BAULNY et la Cie de mitrailleuses HUGOT avec le bataillon CLAYEUX. Les bombardements continuent à égrenner les effectifs du régiment. Pertes du 01: SLT BRETON blessé, LTN SERVETTE et SLT LAVIER évacués, 5 blessés dans la troupe.

Le 03, le 117 le relève et le 115 s’installe en réserve au bois de RAQUETTE. Les jours qui suivent sont employés à organiser le terrain et à reconnaitre les zones d’attaque sous les tirs de barrage adverses. En vue d’une nouvelle attaque, l’artillerie fait de nombreux tirs de réglage mais sans grands résultats par manque d’observateurs. Le 2, le régiment déplore 1 tué et 10 blessés dans la troupe, le 3: 15 tués dont le SLT PICQUART et 51 blessés. Le 4: 6 tués, 14 blessés, le 5: 8 tués, 41 blessés.

 

 

 

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Le 5, incorporation de 250 gradés et hommes du 124e RI sous le commandement du LTN ROBINET qui rejoint la 3e compagnie. 7 de ces hommes sont neutralisés à leur arrivée au bois de la RAQUETTE par les tirs d’artillerie ennemis. L’attaque est fixée au 6 octobre sur le front de SUIPPE à AISNE. Le 117, déjà en place attaquera soutenu par le bataillon CLAYEUX et la Cie de mitrailleuses de la 16e brigade. Le bataillon MERLIN à sa gauche soutiendra l’attaque de la 15e brigade et le bataillon de BAULNY  restera à l’EPINE de VEREGRANGE à la disposition de la 8e DI.

Le 6 octobre, dans le brouillard et une atmosphère sensiblement chlorée et lacrymogène, les bataillons se mettent en place sous les tirs adverses causant la perte du CBA de BAULNY, chef du 1er bataillon, mortellement blessé et du commandant de la 12e Cie, le CNE BONNIN Alexandre Louis Léopold. A l’heure fixée, le 130e RI sort des tranchées mais se heurte à un réseau de défense insuffisamment détruit. Une nouvelle préparation d’artillerie est décidée et l’attaque reportée à 16h00. Le 3e bataillon s’élance avec le 117e RI. Par deux fois, le bataillon MERLIN essaye de forcer les défenses accessoires de l’ennemi mais sans percer. Le CBA MERLIN est tué dans les assauts. Les pertes sont lourdes. Cette journée coûte deux chefs de bataillon et 1 capitaine (tués) et 7 officiers blessés ; la troupe perd 45 tués, 144 blessés et 27 disparus.  C’est le dernier gros effort que le régiment aura à fournir. L’attaque est terminée. II suffît d’organiser solidement le terrain.

Le 07, le 2e bataillon relève la 1ere ligne du 117e RI. Le LTN ALAVALLE est blessé et le SLT NEVEU est évacué. La troupe perd 10 tués, 36 blessés et 9 disparus.

Le 08, à la nuit, le 1er bataillon (CNE ANDRE) se place en soutien du 2e bataillon et le 3e va en réserve au bois à l’est du bois N. L’EM quitte la route de ST SOUPPLET et établit son PC au boisN, partie nord. Le CNE HUGOT est blessé. 5 tués et 24 blessés dans la troupe.

Le 09, les ordres sont donnés pour durer. Le 2e bataillon doit organiser la lisière N du bois CARRE au profit d’une cie du 317e RI tout en créant et occupant une ligne appelée « ligne 1 ». Le 1er bataillon crée et occupe une ligne 1 bis. Le 3e bataillon organise la ligne de soutien. L’artillerie ennemi continue son carnage: 5 tués, 41 blessés et 2 disparus.

Le 10, la 5e cie s’empare de la crête  qui sépare les positions des béligérants offrant ainsi au 2e bataillon des vues sur les lignes ennemies. Elle y établie un fortin. La 3ème section de la 7e compagnie est citée à l’ordre du régiment (cf. citations collectives) pour son action dans le secteur. Le 10 et le 11, le régiment perd 20 tués, 50 blessés et 2 disparus.

Du 12 au 16, sous les tirs d’artillerie, le 115 renforce ses positions et demande une relève décalée afin de terminer ses travaux. De nombreux matériels allemands, provenant des dépots du bois RAQUETTE, sont utilisés pour renforcer les positions. La ligne « 1 bis » prend la forme d’une courtine flanquée de 2 ouvrages « ARGENTAN » et « VITRE ». Le fortin de la 5e cie prend le nom de « fortin de MAMERS ».

Le 13, un obus de 210 touche le PC qui est harcelé depuis le 9. De nombreux cas d’intoxication par oxyde de carbonne sont recensés (colonel, adjoint, liaison d’artillerie, téléphonistes, agent de liaison) mais les blessés restent à leur poste (1 seul évacué). A la nuit, le PC est transféré au bois RAQUETTE corne NE. Le régiment reçoit 1 sergent, 1 caporal fourrier et 6 caporaux de mitrailleuses mais perd dans cette période de 4 jours 17 tués et 58 blessés dont le SLT CHAPPUIX.

Le 17, le 117RI reconnait les positions en vue de la relève. Les travaux sont bien avancés. Plusieurs unités territoriales ont contribué à cette état dont la 8e cie du CNE MASSE du 54RIT qui est remarquée pour son ardeur et sa tenacité sous le bombardement. Pertes du 17: 8 blessés. Ces efforts héroïques et un travail opiniâtre permettent de laisser un secteur vraiment digne de ce nom au 117e régiment d’infanterie qui, le 17 octobre en soirée, vient le relever.

Le 18 et 19, le régiment réorganise son encadrement dans le secteur du bois RAQUETTE – EPINE de VENDEGRANGE. Il perd à nouveau 6 blessés.

En réserve jusqu’au 20, le régiment quitte à cette date le champ de bataille de CHAMPAGNE. Ainsi, pendant plus d’un mois, du 25 septembre au 20 octobre, le régiment a été engagé dans la bataille. Il en sort mutilé, mais ayant ajouté une page glorieuse à son histoire. Les témoins se rappellent encore les marches et contremarches en arrière de la ligne de feu dans la boue, à travers un terrain couvert de cadavres, sous la mitraille, dans une atmosphère souillée par les gaz lacrymogènes. Dans cette période, le 115 perd en officiers : 6 tués, 26 blessés, dont plusieurs mortellement, 6 évacués ; la troupe : 194 morts, 817 blessés, 83 disparus, 79 évacués.

 

Dans la première partie de la nuit du 20, il est relevé par le régiment NIEGER du 7e CA et le régiment bivouaque à l’ERMITAGE près de BOUY au sud ouest.

le 21, le 115 doit dans la nuit du 21 au 22 continuer sur ST MARD LES RONFFY au sud de la MARNE, mais une attaque aux gaz sur les MARQUISES le fait maintenir sur place jusqu’à la nuit du 23 où il se rend sur LONGEVAS.

le 24, il se rend sur FONTAINE sur COOLE via CAVIERE, la route nationale 4, POGNY et VITRY LA VILLE. le 1e bataillon s’installe sur VESIGNEULE sur COOLE.

Le 25, il se porte sur CHANGY (EM, CHR, 1er bataillon, Cie de mitrailleuses de brigade, TC et TR) et OUTREPONT (2 et 3e bataillon, cie de mitrailleuses) 21 km à l’est.

Du 26 au 31, le régiment s’instruit sur sa zone d’installation. Des décorations sont remises ainsi que des promotions.

le CBA de GOROSTARZU de l’EM du 4e CA prend le commandement du 1er bataillon le 28/10.

Le CNE DUCLOS, arrivé au corps, est désigné comme adjoint au 1er bataillon.

Les SLT DELORME et QUEYROI, arrivés du Dépot le 31/10, sont affectés à la cie de mitrailleuses de la brigade.

 

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Sont nommés au grade de capitaine (TT) à compter du 19/10:

– LTN REVEILLARD

– LTN LAFONT

– LTN KIEFFER Jules

– LTN ROBO

– LTN LEBOCQ

– LTN BREY

– LTN ANDRIEUX

– LTN PAGOT

 

au grade de sous-lieutenant à compter du 23/10, les sous officiers:

– LEREAU

– FISTIE

– GOETSCH

– MICHEL

– MELIN

– FOUASSIER

– MAURIER

– CHAMBRE

– DESILES

 

Novembre 1915

Du 01 au 05, le régiment poursuit son instruction sur CHANGY et OUTREPONT.

Le 06, il embarque en camions automobiles à 12h00 pour rejoindre la ferme de ARAJA (10 km nord ouest de STE MENEHOULD) à 50 km au nord est pour être mis à la disposition de la 16e DIC. Les TR et TC font mouvement par voie de terre et vont cantonner à NOIRLIEU. En fin de journée des reconnaissances sont réalisées par les officiers dans le secteur de la ferme.

Le 07, la 16e BI est relevée par la 14e BI. Le 115 est renvoyé sur les arrières en auto et s’installe à ROSAY (EM et 2e bataillon) et BASSU (1er et 3e bataillon), 36 km au sud ouest et 7 km au nord d’OUTREPONT.

Jusqu’au 12, il reste sur ces positions et poursuit son instruction.

Le 13, le 115 est mis à la disposition du 16e CA pour être employé aux travaux en remplacement du 317e RI. Il embarque en camion auto de ROSAY à 08h direction SOMME SUIPPE où il arrive à 11 heures (32 km). Il cantonne au camp de la chaussée romaine.

Du 14 au 30, un détachement des 1er et 3e bataillon est mis à la disposition de la 15e DI pour effectuer sous la direction du génie des travaux sur la 2ème ligne de la IIe armée entre VOUSSOIRE et TAHURE. Le 2e bataillon est détaché au profit du commandant du génie du 16e CA pour des travaux de comblement de boyaux, terrassements, estraction de rondins, ….

Le 16 , arrivée de 2 sergents, 3 caporaux et 42 soldats du dépot de MAMERS, ainsi que 46 soldats le 23/11.

Le 23, le général HIRSCHANER, cdt la 15e DI, adresse au LCL KIEFFER une lettre de remerciements félicitant le régiment pour les conditions remarquables de rapidité et de bonnes exécutions des travaux.

Le 26, le LTN GARNIER de LABAREYRE est envoyé au dépot de MAMERS et le 27, le LTN BRETON rentre de convalescence.

 

 

Décembre 1915

Le 1 décembre, le régiment est remis aux ordres du 4e CA. Il embarque en auto de SOMME SUIPPE pour reprendre ses anciens quartiers à ROSEY (EM, 2e bataillon) et BASSU (1er et 3e bataillon) ou il reste en repos jusqu’au 20.

Le 7, 2 sergents et 65 soldats arrivent du dépot de MAMERS.

Le 14, c’est 200 hommes du dépot du 125RI et le LTN HOUZILLE qui renforcent le régiment.

Le 16, le 1er et le 3e bataillon sont dirigés sur VILLERS LE SEC pour libérer le cantonnement de BASSU.

Le 17, 4 sergents et 93 soldats arrivent du dépot du 114e RI.

Dans la nuit du 21 au 22, le 115 se rend sur NOIRLIEU puis sur ARGERS et VOILEMONT pour relever les 34e et 35e colonial sur le secteur de MASSIGES (EM, CHR, 1er et 2e bataillon à COURTEMONT, 3e bataillon à la côte 202, le TC à la « justice de HARM », le TR à la ferme des PLANCHES).

Le 23, les reconnaissances sont menées par les officiers à « l’index » de la main de MASSIGES.

 

(source internet: la main de MASSIGES et l’évacuation des blessés pendant le 1er semestre 1916 par P. HILLEMAND)

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La 8e division d’Infanterie a pour mission de tenir le secteur sur un front allant de « la maison de Champagne » jusqu’au milieu de « l’annulaire ».  Ce dernier est divisé en deux sous-secteurs, celui de l’Est (mont TETU) confié à la 16e brigade et l’autre à la 15e BI.

Le 24 décembre 1915, le 115eme régiment d’infanterie entre en secteur à la Main de Massiges (INDEX) avec 2 bataillons en 1ere ligne et 1 bataillon en réserve de brigade.

Le 25, la relève avec les coloniaux est terminée à 05h30 sans incident. De nombreux travaux d’aménagement sont encore à réaliser.

Le 26 et 27, les journées sont calmes mais la 1ère ligne est torpillée régulièrement. Le régiment déplore 7 blessés.

Le 28, le régiment est actif à la réalisation de travaux de consolidation des abris, à l’amélioration des tranchées et à la pose de défense accessoires mais le matériel arrive en petite quantité. La pluie est incessante et provoque de nombreux éboulements. L’artillerie française s’active au nord du mont TETU et sur la ferme CHAUSSON.

Du 29 au 31, poursuite des travaux. le 115 déplore 2 tués, 13 blessés.

Le 30 et le 31, des renforts se présentent au régiment en provenance d’autres unités:

– 8eRI: 1 adjudant, 197 hommes

– 108e RI: 27 soldats

– 110e RI: 3 sous officiers, 47 soldats

– 50e RI: 25 soldats.

 

extrait de carte: « main de MASSIGES » l’Illustration 1915 (source GALLICA) http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84595978

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MASSIGES – 24 décembre 1915- 27 juin 1916 (extrait de l’historique du 115RI)

Loin de ressembler au secteur verdoyant des MARQUISES, le 115 prend un secteur de fin de combat. Des communications difficiles et précaires entre des tranchées impraticables, trop peu d’abris dans un terrain que bouleversent quotidiennement la torpille et l’obus. Mais le régiment est fier d’occuper un terrain récemment conquis sur l’ennemi. Il sait l’importance de ces positions, de ces observatoires perdus par l’ennemi et que celui-ci convoite ardemment. II lui faut organiser solidement le secteur, retourner les défenses et se tenir prêt à repousser les plus violentes attaques. Le 115 ne faillira pas-à sa mission. L’ennemi éprouva la ténacité de sa défense, le 9 janvier, le 6 mars, les 2 et 22 juin 1916, et les attaques menées par le 115 les 11, 12 février et le 15 mars 1916 seront couronnées de succès. Sa gloire est d’avoir maintenu inviolées les tranchées confiées à sa garde, et les tombes du cimetière de l’INDEX témoignent de l’âpreté de la lutte.

Tous les huit jours, le régiment descendait au repos, relevé par le 117e RI et y restait huit jours. Tour à tour, les bataillons occupaient le cantonnement de COURTEMONT, le bivouac peu confortable du ravin des PINS, ou les abris de la cote 180. Pour monter en ligne, les hommes, partis de COURTEMONT la nuit, lourdement chargés, arrivaient à la Demi Lune .  Là commençait un boyau qui se dirigeait vers l’Index. Il était encadré par de nombreuses batteries de 75.

 

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Peu avant le ruisseau de l’Etang, il s’arrêtait et il existait à cet endroit une zone découverte, sorte de carrefour entre le boyau de la Cote 180 et ceux de l’Index et le ravin du ruisseau de l’Etang. Dans cette zone de passage, souvent battue par l’artillerie allemande, existaient, en outre, un parc du Génie et la terminaison d’un Decauville. Cette zone traversée, on se trouvait au pied de l’Index et l’on retrouvait les boyaux, celui de l’est allait au Col des Abeilles, celui de gauche, rectiligne, longeait le flanc ouest de l’Index. Il était dangereux et le plus souvent il était préférable de traverser directement le ravin. Arrivé au niveau du Faux-Pouce, le boyau se bifurquait, sa branche droite se dirigeait vers le Mont-Têtu, celle de gauche conduisait à l’extrémité du Pouce. Dans le secteur du Mont-Têtu, les tranchées se touchaient. De la tranchée T 4, partaient des antennes. Deux d’entre elles, les sapes 18 et 19, étaient à une dizaine de mètres des postes allemands. Les soldats entendaient parfaitement parler leurs adversaires et au moindre bruit des échanges de grenades se produisaient. Quand l’ennemi était en possession de T 4, il avait des vues sur les ravins français qui se trouvaient dès lors sous le feu de leurs mitrailleuses. Ce fait explique la fréquence des attaques et des contre-attaques pour
sa possession. Plus à l’est, les lignes étaient séparées par le Creux de l’Oreille, qui constituait un no-man’s land de 200 mètres environ.

Sur le front, 2 bataillons sont en ligne et un en réserve. Un bataillon tient le mont TETU.

Jamais le régiment ne quitta les tranchées sans avoir à déplorer la perte de plusieurs des siens. Les premiers jours étaient empreints de quelque mélancolie, mais la gaîté renaissait vite. Le cafard n’a jamais résisté aux gauloises séances du cabaret du « Poil dans la main » dont le renom avait franchi les limites du secteur.

(Le site « la main de Massiges » décrit les combats de la main de Massige et présente le portrait et des photos de soldats du 115RI mort pour la France en ce lieu http://www.lamaindemassiges.com/memoireri.htm)

http://www.lamaindemassiges.com/carnetphotosreveil…

1916

Janvier 1916

Le 01 janvier, le SLT FOURNIER et 131 hommes en provenance du dépôt de MAMERS sont intégrés au 115. Depuis le 16/11, le régiment a reçu 2 officiers, 12 sous officiers et 823 hommes de troupe.

Le régiment est relevé par le 117e RI dans la nuit du 31 au 01/01. L’état-major, la CHR, le 2e et le 3e bataillon logent sur COURTEMONT. Le 1er bataillon prend à son compte la côte 202 et sa 2e compagnie la côte 180.

Du 01 au 08, le régiment reste sur les mêmes positions et s’attèle aux travaux de nettoyage et d’instruction. Le LTN CHEVRIER, officier payeur, est promu capitaine au 26/12/1915 et prend les fonction d’adjoint au colonel. Il est remplacé à son poste par le LTN GRABESSAC. Le CNE HERIQUE prend le commandement de la 10e Cie le 02/01/1915.Le 06/01, le SLT (TT) SECART, venant du 22e Dragon, est affecté à la 10e Cie et le SLT (TT) VARIN, sous officier au 130e RI, est affecté à la 2e Cie.

Dans la nuit du 8 au 9 janvier, le régiment relève le 117e RI. Le secteur reste calme jusqu’à 15h30 heure à laquelle les allemands attaquent les positions françaises aux lances flamme. Le sous secteur VALOT est la cible de l’attaque. Le 317e RI et le 2e bataillon occupent le secteur. Dans le même temps, le sous secteur du mont TETU reçoit des obus à gaz lacrymogènes. Dans le secteur du 317e, la fusillade est intense. La 24e Cie perd sa 1ère ligne et occupe la ligne de soutien. L’artillerie française opère un tir de barrage et les 1ère lignes du 115 « fusillent » la 1ère ligne allemande. Quelques obus de 75 sont courts et tombent dans les lignes du régiment. L’attaque allemande échoue. La 4ème section de la 6ème compagnie sera citée à l’ordre de la 8ème division, enregistrant le 1er succès du régiment dans un secteur qu’il vient d’occuper. Le SLT VARIN est grièvement blessé ainsi que 18 autres soldats dont 2 intoxiqués par les gaz.

Le 10, les infanteries s’observent sous tirs d’artillerie. Le CNE KIEFFER est blessé et on dénombre 5 tués et 30 blessés.

Le 11, journée calme sous tirs de tous calibres et lacrymogène. Vers 17h45, les compagnies remarquent que depuis la tombée de la nuit les fils de fer allemands sont coupés. Vers 18h00, les baïonnettes dans les tranchées allemandes luisent et on entend des coups de trompe. Les lignes françaises du 115 ouvrent le feu et règlent un tir de barrage sur les tranchées allemandes. L’ennemi s’arrête là. 1 officier blessé: SLT MORELLE, 1 tué et 6 blessés.

Les 12 et 13, sous tirs d’artillerie, les journées sont consacrées à la réfection des tranchées et boyaux. 2 tués, 7 blessés le 13, 2 tués dont le SLT LEREAU (2e Cie) et 8 blessés le 13.

Le 14, journée calme. Le 1er bataillon est relevé sur « l’Index » par un bataillon du 117e et va bivouaquer au ravin aux Pins aux ordres de la 16e Brigade. Le LTN CARDY, du service des chemins de fer, est affecté à la 2e Cie. 5 blessés.

Le 15 est calme aussi avec une artillerie ennemi « presque » nulle. 1 tué, 2 blessés.

Le 16, journée calme. L’ennemi travaille sur sa seconde ligne. Par suite de l’adoption d’un nouveau secteur  de la 16e brigade (glissement vers la gauche), les mouvements suivants ont lieu dans la nuit du 15 au 16. le 1er bat du 101e RI relève le bataillon LANNE (1er bat) du 115e RI (droite du secteur). Le 1er bat LANNE du 115e RI relève à l’INDEX et aux « bois des camarades » le bataillon TREILLARD du 117e RI. Le bataillon TREILLARD du 117e RI relève à la gauche du bataillon CLAYEUX (2e bat) du 115, le bataillon FONTAINE du 317e RI. Ainsi le bataillon LANNE (1) est en soutien à l’INDEX et CAMARADES, le bataillon CLAYEUX (2) occupe le secteur VALET appuyé à gauche par le 117eRI. Le régiment déplore 1 blessé le 16.

Dans la nuit du 16 au 17, le régiment est relevé par le 117 et occupe la situation suivante: 1er bat au RAVIN DES PINS, 2 bat à 180, EM, CHR et 3e bat à COURTEMONT.

Du 17 au 25, le régiment reste en cantonnement à réaliser des instructions et des travaux de propreté. Le 20, le sous lieutenant  VAUMARCK (ex maréchal des logis du 15e d’artillerie) est affecté à la 4e Cie et le sous-lieutenant BADETS, venant des sous-officiers du 44e d’artillerie est affecté à la 7e Cie.

Dans la nuit du 25 au 26, le régiment relève le 117. La journée du 26 est calme et l’activité de l’artillerie ennemi est jugée normale. Le capitaine MATHIS du 221e RI est affecté à la tête de la 12e Cie. Pertes: le capitaine LAFONT blessé (7e Cie), 1 caporal blessé.

27, 28 et 29 janvier, l’infanterie allemande est très vigilante et tire beaucoup à partir des créneaux, son artillerie est active aussi, les coups semblant venir de la direction « la défaite », ferme CHAUSSON (nord du point 202 (mont TETU)). L’ennemi travaille activement à ses défenses et essaient de travailler dans un poste d’écoute devant la SAPE 19, cible des grenadiers du 115 et de l’artillerie française. Le 115 aménage aussi ses positions dans le sous secteur du « FAULX ». Pertes: 1 tué, 6 blessés, 7 évacués pour maladie. Le capitaine DENIS arrivant du dépôt, prend la tête de la 7e compagnie le 29/01.

le 30, une relève semble avoir été effectuée chez les allemands. De violents combat à la grenade ont lieu à hauteur des sape 17, 18 et 19. Pertes: le lieutenant LEREAU * (10e cie) est tué, 1 sergent tué (sergent DECOCHEREAUX Eugène (source mémoire des hommes), 1 blessé. (* un SLT LEREAU (2e cie) est annoncé tué dans le JMO le 13/01, un LTN LEREAU (10 cie) le 30/01. Ces 2 officiers sont absents de la base MPLF du site « mémoire des hommes »).

Le 31, des échanges de grenades sur les sapes 13 et 19. Tirs violents de l’artillerie allemande (77, 105 et 150) sur les 1ère lignes entre la sape 17 et 19. Arrivée du LTN LAVIER du dépôt de MAMERS et affectation à la compagnie de mitrailleuses  1/16. pertes: 1 tué et 3 blessés.

 

 

 

Février 1916 (recopie du JMO en cours)

Le 01 février, des combats à la grenade s’opèrent à la sape n°19 que les allemands n’ont toujours pas atteints. Ces derniers poursuivent les travaux de leur défense accessoire. Les tirs de 210 français cherchent à détruire les observatoires au Mont TETU. Le CBA LANNE est promu chevalier de la légion d’honneur au 11/01/1916.

Les 11, 12 février, c’est le 115 régiment d’infanterie qui attaque à son tour. La 4ème compagnie puis la 3ème ont mordu dans la position ennemie défendue avec rage. La distance entre les assaillants et les défenseurs ne permet que la grenade. Mais « les sarthois » s’en servent de main de maître. En fin de combat ils conservent le terrain qu’ils ont enlevés aux Allemands et 18 prisonniers dont un lieutenant. La lutte a été rude et longue. « Le sous-lieutenant MAURICE, après douze heures de combat, tous ses grenadiers étant tués ou blessés, a continué le combat jusqu’au moment où il a pu être relevé ( citation à l’ordre de la IVème armée ). » On se bat encore le surlendemain,le 13 février 1916 ainsi que le témoigne la citation à l’Ordre de la 8ème division d’infanterie accordée à la 4ème section de la 10ème compagnie (cf. haut de page), pour avoir résistée à des attaques violentes et incessantes, dans une portion de tranchée récemment conquise, qu’elle a conservée malgré des pertes très sensibles et un bombardement de minenwerfer.

 

Mars 1916

Le 6 mars, l’ennemi tente un gros effort. Après un pilonnage serré par minen et obus de tous calibres, il surgit à 17 heures hors de ses tranchées, précédé d’un rideau de liquides enflammés. L’attaque échoue et le combat, engagé à la grenade, dure encore le 8 mars. Au 3ème bataillon, et plus particulièrement à la 10ème compagnie qui a beaucoup souffert revient l’honneur d’avoir infligé un deuxième échec à l’Allemand.

Le 8 mars le régiment a perdu : 4 officiers tués, 2 blessés ; 20 hommes tués et 72 blessés.

 

Mai 1916

Le 15 mai,  sous les ordres du capitaine ROBO et entraînés par le sous-lieutenant BADETS, 37 volontaires du 2ème bataillon réussissent un coup de main. Le détachement ramène dans nos lignes 2 prisonniers des 109 et 110ème régiments d’infanterie allemands qui fournissent de précieux renseignements. Un cliché de ces hommes est visible sur ce site: http://www.chtimiste.com/album/Active/100e%20au%20176e%20RI/115e%20RI/Albums/MANIERE/slides/46.html

 

Juin 1916

Le 2 juin, les allemands lance une opération de grande envergure, qui semble avoir eu tout autre but que celui de faire des prisonniers . Une fois de plus le 115 lutta avec succès et malgré ses pertes, maintint intégralement son front. De 5 heures du matin à 18 heures 45, heure du déclenchement de l’attaque d’infanterie, tout le secteur est soumis à un tir de torpilles et d’obus de tous calibres. Des défenses accessoires il ne reste rien. Dans les tranchées de première ligne, bouleversées, nivelées, les garnisons très éprouvées attendent stoïquement l’attaque. A coup sûr l’ennemi qui surgit  derrière le nuage de fumée des derniers éclatements ne croyait pas trouver devant lui tant de gens décidés, répondant au cri d’alarme des guetteurs. Et de 18 heures 45 à 20 heures, les gars de la lère, de la 5ème, de la 8ème, de la 6ème compagnie ont lutté, contre-attaqué, et finalement ramené chez lui à coups de grenade l’ennemi qui ne lâche le terrain que mètre par mètre. 8 officiers blessés, 36 hommes tués, 102 blessés, 36 disparus (la plupart ensevelis), tel est le chiffre de ses pertes pour cette journée. L’ennemi a laissé 2 morts entre ses mains, (un pionnier de la 274° compagnie et un sous-officier du 110° Grenadiers).

Le 3 juin, le lieutenant-colonel KIEFFER adresse à ses troupes l’ordre du jour suivant : « Le général GOURAUD, commandant la IVème armée, a adressé au lieutenant-colonel, commandant le régiment, ses félicitations pour la façon brillante dont le 115  avait arrêté, puis contre-attaqué les Allemands dans la soirée du 2 juin. Le lieutenant-colonel transmet à tous ces félicitations en y joignant les siennes pour l’endurance, l’énergie, la vigueur déployées dans la défense et la contre-attaque, après un bombardement préparatoire qui dura cinq heures. Honneur aux officiers, sous-officiers, caporaux et soldats du 115ème. » 

Sans doute le Commandement allemand veut-il un succès plus net ! Il ne réussira pas plus le 22 juin que les autres jours. A 4 heures 30, une salve de minen a donné le signal. Jusqu’à 20 heures 45,  lentement, régulièrement, sans arrêt, les minen de tous calibres s ‘écrasent sur nos tranchées, «soufflent » les réseaux, broient, ensevelissent, tuent. Du ravin des NOYERS aux pentes Est du mont TETU, c’est le pilonnage inexorable des premières lignes, le marmitage serré des boyaux et des pistes. L’écho des ravins des NOYERS, de la FAUX, de l’ETANG, redit l’éclatement des obus, des torpilles : tintamarre infernal. Au ras du sol les gros fusants éclatent. La terre disparaît sous la fumée et la poussière. Et là -haut, comme d’énormes oiseaux de proie des avions à croix noires planent… Une fois de plus le poilu du 115 attend l’ennemi qui va venir. Ses grenades sont prêtes et son fusil chargé : les mitrailleurs, crânant sous le marmitage, de temps en temps égrènent une bande. Une fois de plus les allemands rentreront bredouilles chez eux. Le plus audacieux viendra, frappé en plein front, s’écrouler sur le parapet d’une tranchée. Les patrouilles, lancées à la poursuite des fuyards en vont cueillir six, tapis dans des trous.

L’héroïque capitaine ROBO tué, 14 soldats tués, 40 blessés, voilà le prix de cette journée, nouvelle victoire pour les 1ère, 8ème,  7ème et 6ème compagnies. C’est la dernière journée glorieuse de Massiges.

 

 

Juillet 1916

VERDUN manquait à la gloire du 115. Son tour était venu de monter la garde d’honneur devant la citadelle inviolée. Tout a été dit sur VERDUN : l’acharnement de ce combat de géants, la désolation, l’aspect fantastique des ravitaillements impossibles, le manque d’eau, les barrages sans fin. les pilonnages inexorables de la plus puissante artillerie qu’on ait vue jusqu’ à ce jour, l’atmosphère empestée par les gaz et les cadavres en décomposition. Toutes ces souffrances, tous ces sacrifices n’ont pas été vains. L’ennemi n’a pas passé.

Le 11 juillet, par DAMPIERRE LE CHATEAU, CHARMONTOIS LE ROI, le régiment se dirige sur VERDUN. Une marche de 35 kilomètres le conduit au BOIS LA VILLE où il doit cantonner. Mais les Allemands attaquent. Ils ont atteint le fort de SOUVILLE ; la côte de BELLEVLLE est menacée. On fait appel au 115°RI. Le 1er bataillon va en réserve près du fort de FROIDETERRE. Les deux autres restent à la citadelle de VERDUN. Ce jour-là, par une chaleur accablante, le régiment fait 45 km.

 

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CPA non voyagée. « IPPECOURT, le 115e d’Inf se dirigeant sur VERDUN, MEUSE 1916 ».

Superbes cartes postales montrant le régiment en marche, musique en tête, dans le village d’IPPECOURT (40 km de MASSIGES et 18 km sud ouest de VERDUN). Les soldats sont en tenue de campagne, on distingue les officiers à cheval (probablement l’état-major du chef de corps), les estafettes à vélo, le panneau IPPECOURT sur  la maison de gauche, les détails du barda et les attributs du 115 sur les capotes des poilus.

 

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Les journées du 12 et du 13 juillet sont employées à préparer un retour offensif. Le colonel, les officiers du 2ème Bataillon reconnaissent le terrain sur lequel se déroulera l’attaque prévue pour le 14, puis retardée de 24 heures. II faut donner de l’air à Verdun. La 37° DI. appuyée par le 2ème Bataillon du 115 a pour mission de dégager la région du fort de SOUVILLE et de s’établir solidement sur les positions conquises. Les objectifs de l’attaque sont: Batterie « C », PC. 119, Tranchée de Fleury, Cote 337. Points 2193, 2391, 2389, 2889. Les objectifs du régiment sont: Batterie « C », PC. 119, Dépôt 250 m. Est du PC. 119. Le soir de la Fête Nationale à 21 heures, le 2ème bataillon, sous une pluie fine, quitte la citadelle et gagne ses positions de départ : 4 jours de vivres, 4 litres de boisson par homme, le maximum de munitions. La 5ème compagnie se ralie à droite aux Tirailleurs. La 7ème a, à sa gauche, des éléments du 130° RI. La 6ème  est en soutien. La 3ème compagnie de mitrailleuses appuie l’attaque. Au lever du jour, les poilus épars dans les trous d’obus voient se dresser devant eux les objectifs de l’attaque : la crête de FLEURY, le PC. 119, casemate bétonnée, abri solide où les mitrailleurs allemands attendent l’assaillant. Notre artillerie lourde prépare l’attaque en pilonnant les objectifs très proches de la base de départ. Pour éviter des accidents, le 115 est obligés d’effectuer un repli préliminaire. De plus la 6ème cie va renforcer la 5ème qui a subi de grosses pertes. L’heure « H» arrive. Les fractions de droite (5ème et 6ème) enlevées par leurs chefs ont abordé l’ennemi et luttent avec ardeur, mais à leur droite et à leur gauche l’attaque a échoué et les courageux assaillants sont obligés de se replier. Une nouvelle attaque est déclenchée à 18 heures 45. L’intensité des tirs de l’artillerie ennemie est telle que plusieurs ordres d’attaque n’ont pu parvenir. Enfin à 18 heures 50. la 7ème compagnie se précipite sur l’objectif. Les grenadiers d’élite du 2° bataillon nettoient le PC. 119. A droite les 5ème et 6ème compagnies, appuyées par la 23ème compagnie du 317 ème RI et suivies par une compagnie du 130ème RI qui, de son propre mouvement, s’est jointe à l’attaque, élargissent les gains. L’attaque a réussi; la ligne française passe près de l’ouvrage de THIAUMONT. 80 prisonniers valides, des mitrailleuses, de nombreux Allemand tués. 5 prisonniers français que l’ennemi gardait depuis plus d’une semaine délivrés, voilà le résultat de cette dure journée.

Le 16 juillet, on organise le terrain conquis. A 20 heures 45 une première contre-attaque allemande est repoussée, une deuxième, un peu plus tard, n’a pas plus de succès. La 7ème compagnie augmente même ses gains en enlevant une batterie « C » que l’on occupe ensuite solidement. Ce succès, récompense d’un effort magnifique chèrement payé, vaut au 2° bataillon une lettre de félicitations que le général MANGIN envoie à son chef.

Dans la nuit du 17 au 18, le 2° bataillon est relevé. Il ne compte, plus que 255 présents. Les jours suivants, sous les tirs de barrage, les 1er et 2ème bataillons montés en ligne dans la nuit du 16 au 17 ont cherché à améliorer les positions. Le général MANGIN a donné l’ordre, le 22 juillet, de continuer sans arrêt, coûte que coûte, la progression par attaque ou en luttant à la grenade. En exécution de cet ordre, le 23 juillet, le 3° bataillon prend part à une attaque heureuse sur les batteries « C », en liaison avec le 2ème zouaves et des éléments du 20ème et du 11ème RI.

Le 25 juillet à 11 heures 40, les Allemands sont vus baïonnette au canon dans leurs trous. Un fort groupe ennemi s’avance vers notre ligne en criant « Camarades français ». La ruse est grossière. Un combat s’engage à la grenade. Les Allemands sont ramenés à leur point de départ. Le 27 juillet, les 9,10 et 11ème compagnies réussissent au prix d’un périlleux travail à réunir l’ouvrage Z aux batteries « C ».  Toutes ces opérations de détail ont pour but de préparer l’attaque de l’ouvrage de THIAUMONT. Le 115 est relevé dans la nuit du 28 juillet.

«Au 115° RI revient l’honneur d’avoir repris le premier le terrain que l’ennemi  avait enlevé devant Verdun. » Le 30 juillet, au BOIS LA VILLE, le régiment, ayant perdu 24 officiers (4 tués, 19 blessés dont 1 mortellement,  1 disparu ), 1 017 hommes dont 129 tués, 551 blessés. 35 disparus, physiquement exténué, rendait les honneurs au Drapeau, avant de s’embarquer à NIXEVILLE pour VAVINCOURT.

 

Aout 1916

Le régiment jusqu’au 8 août reste à VAVINCOUT. Il s’embarque alors en gare de LONGEVILLE et débarque le 9 à Sainte-MENEHOULD où l’état-major et les 2ème et 3ème bataillons cantonnent le 10. Le 1er bataillon est à VALMY.

Dans la nuit du 12 au 13 août, le 115 RI relève le 83 RI dans le secteur de la ferme de BEAUSEJOUR, secteur tranquille qu’il défend et organise jusqu’au 27. A cette date se produit un décalage vers l’Ouest et le régiment va occuper le secteur des LOUPS entre le ravin de la GOUTTE et la butte du MESNIL.

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Carte extraite du JMO du 365e RI (01/04-12/1917)

Septembre 1916

Deux mois s’écouleront sans incident notable. A plusieurs reprises l’ennemi est venu tester le dispositif, mais il a trouvé les guetteurs toujours vigilants. Dans ces coins tranquilles, le régiment pansa ses plaies de Massiges et de Verdun.

Octobre 1916

Le 16 octobre, le 8ème RI. ( 2ème DI. ) prend la place du régiment. Par étapes, dans la boue, sous le ciel gris et les pluies abondantes d’automne, le 115 gagne le camp d’instruction de VILLE EN TARDENOIS. Là, la 8ème DI. qui ne comprend plus que les 115, 117 et 317ème RI apprend les nouvelles méthodes offensives qu’elle va appliquer sur le champ de bataille de la Somme.

Novembre – décembre 1916

Le 26 novembre, en passant par NEUILLY SAINT FRONT, VILLERS COTERETS, PONT STE MAXENCE, CREIL, le régiment se rend dans la région de BEAUVAIS. A PONT STE MAXENCE, le régiment a défilé devant le général FOCH, commandant du Groupe d’Armées Nord ( GAN. ) et mérite ses félicitations pour sa belle tenue. Il reste à VALDAMPIERRE jusqu’au 31 décembre.

 

 

1917

Janvier 1917

CHAULNES – 2 janvier – 8 février 1917

Enlevé en camions automobiles, le 31 décembre, de ses cantonnements de la région de BEAUVAIS, le régiment entre en secteur dans la nuit du 1er au 2 janvier 1917, relevant le 47ème RI. Il va rester devant CHAULNES jusqu’au 8 février. Secteur particulier décrit en ces termes: « Autres pays d’horreur et de désolation. Le champ de bataille est peut-être plus bouleversé que celui de VERDUN. Même aspect chaotique mais quelque chose de plus monstrueux: la besogne accomplie par notre grosse artillerie est énorme et ce qui frappe surtout c’est la quantité des vastes entonnoirs que les gros obus ont creusés. On dirait que seuls les obus de gros calibres et les gros crapouillots ont bouleversé le sol. II est vrai que seuls, ils étaient capables de bouleverser la tranchée bétonnée des IRIS, les casemates en ciment armé et toutes les organisations de ce secteur formidablement équipé pour la guerre défensive. Ici l’œuvre de destruction et de mort est plus frappante, car le combat s’est déroulé dans un pays autrefois riche et plein de vie. Ces quatre murs, c’est tout ce qu’il reste de LIHONS. Où est donc le village de MAUCOURT dont on lit le nom sur les cartes ? En cherchant bien on aperçoit quelques morceaux de briques rouges, une poutre qui émerge d’un tas de décombres et deux mètres du mur qui entourait l’église. CHAULNES a l’air tout neuf, parce qu’il y a, debout encore, quelques squelettes de maisons. II y eut dit-on un château : notre première ligne passe devant ce qui en fût la terrasse. »

 

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carte extraite du JMO de la 8e DI

Le 115 va passer quarante jours dans ce secteur récemment conquis. Les réactions de l’ennemi ne seront pas dures, mais la rigueur de l’hiver rendra ce séjour très pénible. Ce sera la lutte continuelle contre l’eau, contre la boue et le froid. Le régiment supporte ces souffrances sans faiblir et fidèle à sa tradition s’emploie de toutes ses forces à améliorer la défense de son secteur.

 

 

Février 1917

Le 8 février, le 115 est relevé par le 414ème RI. Cheminant sur les routes glacées, dans l’air vif et froid il se dirige vers le Sud. Par AILLY SUR NOYE, VILLERS COMTE, NOURARD LE FRANC, CREIL, CHANTILLY, GONESSE, GAGNY, PONTCARRE, le régiment se rend à VERNEUIL l’ETANG, où il cantonne le 19 février. Le séjour n’est pas long Dans la journée du 20, le régiment est embarqué en gare de CHAUMES EN BRIE et le 21, à 18 heures, débarque à LONGEVILLE, puis il gagne ses cantonnements de GUERPONT, CULEY et SILMON où il restera jusqu’au 1er mars.

 

Mars 1917

LA FORÊT D’APREMONT – 4 mars – 23 avril 1917

Dans la nuit du 4 au 5 mars, le régiment a relevé le 20ème RI qui occupait dans la forêt d’APREMONT la zone baptisée « Tête à Vache ». Vieux secteur qui fut encore, quelques mois auparavant, le théâtre de durs combats. L’aspect délabré des tranchées, la grandeur des cimetières, les tombes éparses, la clairière énorme que la bataille a créé dans cette forêt, témoignent de la violence de la lutte. Les poilus l’ont jugé d’un coup d’œil. Les secteurs ont quelque chose qui trahit tout de suite leur manière d’être, la vie qu’ils offrent à l’arrivant. Déjà, le soir de la première relève, on respire une atmosphère de calme ou de combat. Accroché aux pentes d’un ravin autrefois boisé, dont l’ennemi tient les crêtes, il va falloir vivre sous l’œil indiscret de l’observateur allemand et quand on s’éloigne des lignes, on est encore gêné par le dôme pelé du Camp des Romains que l’on voit partout. De part et d’autre, il y a peu d’artillerie, mais le chaos des premières lignes dit aux héros de Massiges que l’ennemi est bien armé de Minenwerfer de tous calibres. Les ravins et les bois doivent souvent retentir du fracas des torpilles. Ici encore on doit souvent regarder en l’air, cherchant d’un œil anxieux la grenade à ailettes dont on a entendu le départ. Heureusement la guerre de mines a vécu. Ce secteur l’a connue, les vastes entonnoirs le disent. Le régiment a pour se délasser, la perspective réjouissante d’un vrai repos dans les bivouacs, sous les bois que le canon respecte, sur les bords de la MEUSE ou dans les villages de BONCOURT et de LEROUVILLE, habités quoique près des lignes. Là-bas, pas très loin, ces toits, ces cheminées qui fument, c’est la coquette cité de COMMERCY.

C’est le 115e RI qui porte le premier coup. Le 13 mars, à 17 heures 45, après des tirs de destruction sérieux, le sergent LASSERRE, un caporal, huit hommes volontaires de la 6ène compagnie ont pénétré dans la position ennemie, l’ont fouillée, ont jeté des grenades dans les abris et sont revenus vingt minutes après en ramenant un prisonnier. La riposte ne se fait pas attendre. Le lendemain, dès le jour, les Minen de tous calibres viennent s’écraser sur les tranchées. L’artillerie ennemie est très active. Tout se calme au soir. Ce n’est qu’une feinte. La ruse n’est pas nouvelle. A 22 heures 30 le bombardement reprend, rapide, sec, violent, rageur. Un détachement ennemi manœuvrant dans la nuit noire essaye vainement d’enlever le PP. n°2. Le poste est bien gardé, l’ennemi emportant
ses blessés se retire, mais il n’a pu enlever le cadavre d’un soldat du 24ème Bavarois qu’une patrouille est allée chercher entre les lignes. Les Allemands s’obstinent, et dans la nuit du 16 au 17, c’est par trois fois qu’ils essayent de pénétrer dans les secteurs défendus par les 2°et 3° compagnies : ils sont reçus à coup de grenades et rejetés dans leurs lignes. Jusqu’ici ils n’ont frappé qu’au centre. Seront-ils plus heureux aux ailes ? C’est ce qu’il vont essayer le 19 à 4 heures 05 du matin, après un violent bombardement deux détachements attaquent simultanément. Pressentant le choc, les  grenadiers du ler et du 2ème bataillon ont fait le vide, laissé pénétrer l’ennemi dans notre tranchée ;
puis, ils l’ont contre-attaqué et ramené chez lui. Sans aucun doute l’ennemi veut un succès. Le 20, le secteur du régiment était violemment battu par l’artillerie ennemie. L’intensité du tir, l’étendue de la zone intéressée ne permettaient pas de prévoir le point où l’ennemi se présenterait. Les postes avancés ont été ramenés sur la tranchée de résistance. Il est entendu qu’au signal convenu (une fusée rouge ) l’artillerie soutiendra de son feu les contre-attaques de nos grenadiers, qu’appuient leurs compagnons VB., FM. et mitrailleurs. A 20 heures, au moment où l’artillerie ennemie allongeait son tir pour permettre l’assaut de ses fantassins, le signal convenu est donné. Les Allemands sont collés sur place au départ. Dans la nuit ils reviendront à la charge, mais leur tentative manque de conviction ; ils n’insistent pas devant les grenades. A compter de ce jour, l’ennemi se calme, les dures leçons que les poilus lui infligent ont refroidi son ardeur. Il semble renoncer à ces tentatives de coup de main qui lui réussissent si mal. Pendant un mois il essaye, sans résultat d’ailleurs, de venir à la faveur de la nuit surprendre les guetteurs.

Et puis, il revient à la manière brutale.

 

 

Avril 1917

Le 20 avril, au lever du jour, commence le bombardement, préparant un coup de nain qui n’aura lieu que deux jours plus tard. Les 20, 21 et 22 avril, plus de 3 500 torpilles de tous calibres ont nivelé les secteurs de la 2ème et 1ère compagnies.

Le 22, à 20 heures 15, l’ennemi surgit en nombre de ses tranchées, saute dans notre première ligne évacuée et essaye de s’y maintenir en vain, en résistant à nos contre-attaques. Attaqué sur son front, menacé sur ses flancs, il rentre chez lui, vaincu après vingt minutes de combat.

Le 28, le lieutenant-colonel faisait paraître l’ordre du jour suivant : « Indépendamment de la façon brillante dont le régiment a repoussé l’attaque ennemie du 22 avril, il lui a infligé des pertes importantes. Plusieurs conversations allemandes captées par le poste spécial le lendemain de l’attaque disent : «10 Tués, 10 blessés »… plus loin… « Un homme complètement mutilé par un coup au but »… plus loin encore… « Les mort ont été enterrés ce matin ». « L’ennemi a reçu une leçon sévère, le colonel est fier de son régiment et remercie tous ses poilus. » Signé : Le lieutenant-colonel KIEFFER.

C’est sur ce succès que le régiment relevé par le 246ème RI. quitte la forêt d’APREMONT.

La conquête du massif de MORONVILLERS est commencée. Le 115ème RI. est appelé à figurer dans la deuxième phase de la bataille. Des camions automobiles ont enlevé le régiment, le 27 avril, à GUERPONT. Ils l’ont conduit à BOUY le même jour, d’un seul trait, dans un nuage de poussière. Une marche pénible dans la nuit, sur la route encombrée de camions, d’attelages, de caissons, de convois sans fin qui montent vers les lignes ou qui en redescendent, et les bataillons atteignent le camp BERTHELOT (2 kilomètres Sud-Est de MOURMELON LE GRAND). Là, au pied des Monts, le 115 va attendre trois jours l’ordre d’entrer dans la bataille, déjà sous les coups des canons à longue portée et les bombes que les avions laissent tomber sur les camps et les bivouacs dans leurs raids nocturnes.

 

Mai 1917

MORONVILLERS – 1er mai-24 mai 1917

L’ordre arrive le 1er mai à 17 heures : le régiment remplace sur le TETON le 20ème RI. La relève est dure. L’ascension des Monts est difficile, les poilus sont lourdement chargés. Les deux artilleries font rage. Les guides ont dit de mettre le masque, car l’atmosphère est souillée par les gaz et la marche est ainsi rendue plus pénible. Sous la lune, le champ d’entonnoirs prend des allures fantastiques. Les vieux qui ont fait les « MARQUISES » en 1915, essaient de retrouver dans ces énormes tas crayeux où les obus n’ont pas laissé un pouce de terre végétale, ce que furent le  majestueux CORNILLET, l’imposant MONT HAUT, autrefois si verdoyants. Ils ne reconnaissent plus le CASQUE ni le TETON autrefois couverts de sapins verts. Ils sont quelque peu étonnés de gravir ces pentes rapides qui, il y a deux ans, leur paraissaient inexpugnables. Toutes les crêtes sont aux mains des français, mais l’ennemi possède encore quelques observatoires qu’il faudra lui  enlever. La tâche sera rude, ainsi qu’en témoigne l’ordre du jour suivant que le général ALDEBERT adressera à sa division, le 26 mai, quand elle quittera les MONTS : « La 8ème DI. a fourni sans faiblir devant MMORONVILLIERS l’effort qui lui était demandé. Trois attaques menées d’un bel élan, les 7, 20, 21 mai, malgré des contre-attaques renouvelées ; deux attaques ennemies, repoussées les 8 et 21 mai ; une organisation défensive élevée sur le terrain conquis, sous un feu incessant ; une division ennemie mise à mal ; plus du 300prisonniers. « Tel est le résultat de 25 jours de combat. « La 8èmeDI. a bien travaillé. »

Le 115 a eu sa large part de ces éloges. Du 2 au 6 mai, on travaille a améliorer l’organisation forcément précaire qu’ont laissée les prédécesseurs. L’adversaire surpris se ressaisit. Chaque jour on sent que son artillerie s’accroît. Ses tirs de barrage sont plus fréquents et plus intenses.

Le 7 mai a lieu une opération sur le bois L 61. Après une préparation d’artillerie, tirs de destruction de notre artillerie lourde, jusqu’à l’heure H, suivis d’un tir d’encagement de l’objectif, la 3ème compagnie s’élance à 18heures 30 en trois vagues. Elle réussit à prendre pied dans le bois, mais une violente contre-attaque l’oblige à se replier. Cette opération coûte au régiment: 11 tués. 67 blessés, 15 disparus.

Le 8 mai, violente attaque allemande sur le CASQUE et le TETON menée par deux bataillons et une compagnie du 369ème Allemand appuyant une Sturm compagnie. A 3 heures 15, après une préparation d’artillerie courte mais violente, l’attaque se déclenche. Au centre les « Stosstrupp » réussissent à prendre pied dans la tranchée. Un combat sauvage s’engage au couteau et à la grenade. Finalement l’ennemi se replie devant les contre-attaques énergiques des 2ème et 3ème compagnies. A droite et à gauche l’ennemi est rejeté dans ses lignes par des contre-attaques vigoureuses et la liaison est conservée avec le 317ème et le 117ème. La ligne est maintenue intégralement.

Le 9 mai, le 2ème bataillon réussit à s’emparer de la lisière sud du bois L 61 et à s’y installer solidement.

Le 14 mai, une patrouille de quatre hommes que commande le caporal BRABANT a reçu la mission d’aller fouiller, en plein midi, la partie du bois L 61 que l’ennemi tient encore. Les entonnoirs  énormes creusés par nos 220 se touchent. De trou en trou, en rampant, la patrouille progresse. Tout à coup, dans le trou voisin, BRABANT aperçoit huit Boches qui lui tournent le dos… Les prendre tous, est difficile : une grenade d’abord dans le tas… et puis, on en ramènera un dans nos lignes : le seul que l’engin en éclatant a laissé intact… Le mauvais temps a fait remettre l’attaque fixée tout d’abord pour le 18. Elle a heu le 20.

Elle est menée par le Ier bataillon à droite, par le 3ème bataillon à gauche ; le 2ème bataillon est en soutien. Le 1er bataillon a deux compagnies en ligne ( lère et 2ème ), la 3ème en réserve. Le 3ème bataillon engage la 10° compagnie, tient la 9° en soutien, la 11° en réserve. Les objectifs de l’attaque sont : bois L. 61, bois L. 62 – tranchée du Téton. A 16 heures 45, d’un seul élan les vagues ont bondi hors des tranchées, submergé l’adversaire dans ses trous, atteint l’objectif. On dénombre 170 prisonniers valides. La contre-attaque est prompte : elle se déclenche violente, appuyée par une puissante artillerie. La lutte est chaude. On se bat longtemps et la nuit arrive amenant la fin du combat : la gauche a conservé ses objectifs, le centre une partie, la droite est restée accrochée à quelques mètres de la tranchée du Téton. La journée a été rude. Les actes de bravoure ont été nombreux. 44 tués, 167 blessés, 15 disparus : voilà les pertes en hommes. 6 officiers blessés, 3 tués et parmi ces derniers le glorieux lieutenant VANMARCKE : « Ame d’élite, héroïque et enthousiaste. « Le 20 mai 1917, chargé spécialement pendant une attaque, de veiller à la liaison entre deux compagnies voisines, a enlevé lui-même les fractions de première vague de ces deux unités, leur montrant, le bras tendu, la direction en terrain découvert. Blessé mortellement s’est éteint le crayon en main en faisant le compte rendu écrit de sa mission. « Exemple de haute vertu morale. » (Citation à l’ordre de la IIVème armée ).

Le 21 mai. l’ordre de poursuivre l’attaque est donné. Le 317ème RI. qui a attaqué la veile, attaquera aussi. Nos tirs d’artillerie ont repris avec violence. Ceux des Allemands font croire, non à une réaction, mais à une préparation d’attaque. A 19 heures 45, des deux côtés, les vagues d’assaut surgissent simultanément et le combat engagé presque corps à corps entre les lignes se termine sans décision. Le régiment est exténué : il fournit depuis vingt jours des efforts surhumains. Il est enfin relevé le 24 mai. Sous les obus qui font prévoir une attaque prochaine, le 130ème RI. prend la
place du 115 qui va cantonner au camp BERTHELOT. II y reste, jusqu’au 3 juin, constamment alerté, car les Allemands essaient de reprendre les MONTS. Il est enfin embarqué à MOURMELON LE PETIT. A ECURY SUR COOLE, il jouira d’un repos mérité et pansera les plaies de la dure bataille. 19 officiers dont 4 tués, 152 hommes tués, 531 hommes blessés, 65 disparus, voilà le tribut du 115ème à la bataille de MORONVILLERS.

Le Général HENRYS, commandant le 17ème Corps d’armée citera le régiment à l’ordre du corps d’armée pour cette page héroïque et glorieuse (Cf. citation au dessus).

 

Juin 1917

MONT-BLOND- 25 juin- 19 juillet 1917

Après un mois de repos, le régiment se dirige à nouveau vers le secteur des MONTS. Il est depuis le 4 juin sous le Commandement du lieutenant-colonel GACHES.

Le 22 juin, il quitte le cantonnement d’ECURY SUR COOLE et par AULANY SUR MARNE, SEPT SAULX, il arrive une fois encore au pied du fameux massif. Le régiment bivouaque dans les bois de la PLAINE attendant l’ordre de relève. C’est dans la nuit du 24 au 25 juin que les bataillons remplacent le 166ème RI. sur les pentes du MONT BLOND, entre le CORNILLET et le MONT HAUT. Secteur encore peu organisé où il y a beaucoup à faire, les tranchées et les boyaux sont bouleversés, le terrain est encore encombré de cadavres. Le travail sera rendu très pénible par la chaleur et l’odeur pestilentielle qui s’exhale du sol. N’importe, le 115 ne se laisse pas rebuter et, malgré les harcèlements de l’artillerie adverse, il entreprend avec ardeur la tâche qui lui est confiée. Nuit et jour ce sera une agitation meurtrière. L’ennemi nerveux multiplie sans succès les coups de main. Notre artillerie est très active et exécute des tirs fréquents de destruction sur les objectifs du MONT HAUT. Ces tirs sont le prélude de l’attaque qui aura lieu le 14 juillet.

Juillet 1917

Le 13 juillet, le Drapeau du régiment est décoré de la Croix de guerre avec étoile vermeille par le général GOURAUD. Le jour de la Fête nationale l’attaque est déclenchée à 15 heures 45 de la façon suivante : attaque principale à droite, menée par le 1er bataillon ( LEMAIRE ) en liaison avec le 4ème Bataillon ( LARDIER ) du 317. A gauche, le 3ème bataillon ( HERIQUE ) opère une diversion sous forme de coup de main. Tous les objectifs sont atteints et conservés. 9 officiers et 320 hommes valides étaient restés entre les mains du régiment. Il enregistre 11 tués dont 2 officiers, 41 blessés dont 3 officiers.

Le 15 juillet, contre-attaque de l’ennemi qui se déclenche à 20 heures après une violente préparation d’artillerie. Cette contre-attaque échoue devant la ferme contenance des 1er et 3ème bataillons. Journées glorieuses où les actes de bravoure ne se comptent pas. Le 14, un groupe a dépassé largement le dernier objectif; il est allé nettoyer à la grenade un abri à plus de 300 mètres du point à atteindre et a ramené un officier allemand. Le jeune soldat LEMOINE de la classe 1916, arrivé de la veille, est fait chevalier de la Légion d’honneur. Mieux que tout, la citation du ler bataillon à l’Ordre de la IVème armée dit l’ardeur de la lutte et l’héroïsme déployé (cf. citations au dessus).

Le 21 juillet, le général ALDEBERT adressait à sa division qui était venue au repos dans la région de
COUDE et de TOUR SUR MARNE, l’ordre du jour suivant : « Une fois de plus sur les hauteurs de MORONVILLERS et au cours de trente jours de combat, la 8*ème DI fait éprouver à l’ennemi la valeur de ses coups. «Du 20 juin au 20 juillet, elle a organisé sous un harcèlement continu d’artillerie le front défensif du MONT BLOND et du CORNILLET, le front offensif du MONT HAUT, en maintenant son ascendant sur l’ennemi par des coups de mains incessants et hardis. «Le 6 juillet, sous le clair soleil de midi, la compagnie BURESI du 317èmeRI., a surpris dans ses trous la garnison du MONT HAUT et repoussée avec une rare valeur trois contre-attaques. «Le 14 juillet, les bataillons LEMAIRE, du 115° RI., et LARDIER, du 317°RI., fraternellement soudés dans l’attaque commune, soutenus par le bataillon de GASTINES du 317°RI., et bien appuyés par l’artillerie, ont emporté de haute lutte une position qui résistait depuis trois mois à nos efforts.« Les 15 et 16 juillet, ces mêmes bataillons, étayés par les bataillons NICOLAI et NADAL du 53ème , ont maintenu le terrain conquis devant des contre-attaques puissantes et renouvelées. «L’attaque ennemie devancée et étouffée dans l’oeuf un régiment brandebourgeois détruit, deux divisions usées ou entamées, des mitrailleuses et des Minen de gros calibres conquis et conservés dans les flancs labourés d’obus du MONT HAUT, près de 400prisonniers témoignent de l’effort de la 8ème DI. » Au QG., le 21 juillet 1917. Le général ALDEBERT, commandant la 8ème DI.

Aout 1917

LES MARQUISES – 21 août- 30 novembre 1917

C’est avec une pointe de regret que le régiment quitte cette région hospitalière de COUDE où il a goûté un mois de doux repos. Mais le secteur de CHAMPAGNE l’appelle encore. Les camarades du 124èmeRI. l’attendent pour pouvoir aller se reposer à leur tour. Cette fois, le coin est moins ingrat. On y va sans éprouver cette appréhension que fait naître la relève dans un endroit nouveau et les vieux qui ont vu ce secteur en 1915 reconnaissent au passage le créneau démodé où ils prirent la garde. Les bois sont un peu dégarnis, mais pas méconnaissables, et l’on se sent presque chez soi…
Il faut aller jusqu’aux premières lignes (anciennes premières lignes allemandes ) pour voir qu’ici le
combat a été rude. Là-bas on voit le massif de NOGENT L’ABBESSE, ses bois, le fort de BERRU qu’éclaire un rayon de soleil. Rien qui dise l’horreur de la guerre. Et si l’on se retourne, c’est la montagne de REIMS, sa forêt et les coquets villages de VERZY, VERZENAY, VILLERS-MARMERY qui promettent de délicieux repos, et dont les caves renferment un vin qui ne fait pas regretter « le pinard » de l’Intendance.

Le régiment occupera ce secteur du 21 août au 30 novembre.

Secteur d’allure assez calme où seule l’artillerie témoigne d’une certaine activité.

Septembre  octobre novembre décembre 1917

Le 6 novembre, l’ennemi effectue un fort coup de main sur trois petits postes. L’attaque, précédée d’une préparation violente d’artillerie, est menée par un Stosstrupp de 60 hommes et 120 grenadiers du 2ème régiment de la Garde. Elle est arrêtée par nos barrages de grenades, de FM. et de mitrailleuses puis ramenée dans ses lignes par une vigoureuse contre-attaque de la 3ème compagnie.

Le 26 novembre, c’est au tour du régiment d’attaquer. La 11ème compagnie effectue avec un plein succès un coup de main va et vient sur l’ouvrage du MONSTRE. Elle est citée à l’ordre de la 8ème DI. (Cf. citations au dessus). Les mitrailleurs ont bien appuyé l’attaque et contribué au succès. Leur belle conduite vaut aux poilus de la 1ère section de la 3ème compagnie de mitrailleuses une citation collective à l’ordre de la 8ème DI, à ceux de 1ère section de la 2ème compagnie de mitrailleuses une citation à l’ordre du régiment.

Le régiment est en partie relevé par le 104ème RI. Le 20 novembre, les derniers éléments après avoir cantonné à TREPAIL sont transportés en camions à SAINT GERMAIN LA VILLE.

Le 115°RI. reste au repos dans la région de CHALONS jusqu’au 14 décembre. Ce 14 décembre, le régiment désigné pour organiser des positions comprises entre la VESLE et la lisière est du bois à 2 kilomètres Nord-Ouest de la CROIX EN CHAMPAGNE, part pour CUPERLY,  le camp de la  NOBLETTE, DAMPIERRE AU TEMPLE et VADENAY .

 

1918

 

 

Janvier fevrier 1918

MONT CORNILLET – MONT PERTHOIS – 14 janvier – 31 mai 1918

Jusqu’au 5 janvier, le régiment a accompli sa tâche, rendue très pénible par la rigueur de la température. Après un court séjour à Tours -sur-Marne, il relève dans la nuit du 14 au 15 janvier le 130° RI qui défendait le CORNILLET. Pour la 3ème fois, la 8ème DI. gravit ces monts où elle s’est illustrée en 1917.  Elle a comme mission de compléter leur organisation défensive en vue d’attaques qu’on pressent. Cette organisation s’inspirera des directives nouvelles. Elles feront leurs preuves lors de la grande attaque allemande du 15 juillet qui viendra se briser contre la résistance héroïque de la 4ème armée. Les travaux sont rendus très pénibles au début par la rigueur de la saison et les intempéries. Le sol détrempé, la boue liquide des tranchées, les entonnoirs rempli d’eau rappellent la région de CHAULNES. Puis le beau temps revient et avec lui l’agitation du secteur.

Mars 1918

Le 1er mars, les voisins immédiats de gauche ont été violemment attaqués. Un moment, l’intensité du tir de préparation qui a intéressé le Mont CORNILLET a fait craindre une tentative sur le 115. Il n’en a rien été. Le 12 mars de 6 heures du matin à 9 heures, les batteries ont subi un bombardement serré d’obus à gaz (ypérite et palite ). De 15 heures 30 à 17 heures, Minen et obus ont bouleversé le col entre le Mont BLOND et le Mont CORNILLET, puis une compagnie du 417° RI. Allemand, qui avait préparé soigneusement pendant plusieurs jours à l’arrière son coup de main, a tenté l’assaut, manœuvrant dans une fumée épaisse dégagée par des engins fumigènes. L’assaillant a été repoussé avec pertes et laisse au 115 un prisonnier. Le 21 mars, l’ennemi a fait son « Scheinangriff (offensive simulée) ». Ce jour-là il attaquait dans la Somme. En arrière du front de CHAMPAGNE, il a promené ses bataillons au repos, créé une agitation factice. De 2 heures du matin à 4 heures 45, il a noyé les batteries sous l’ypérite et en a saupoudré les lignes du 115. A 13 heures, un tir violent qui intéresse tous les Monts se déclenche et a la prétention de vouloir donner l’impression d’un tir qui prélude à une attaque d’envergure. Sous son feu, le régiment a pris le dispositif prévu en cas  d’alerte. S’il avait attaqué, il aurait sans aucun doute payé cher son audace. Le 23, un coup de main tenté par l’ennemi échoue piteusement, et le 24 l’artillerie de tranchée a bouleversé ses lignes. Dans la nuit du 28 au 29, le régiment va occuper le Mont PERTHOIS.

Avril – mai 1918

A peine installé,le 115 repousse facilement un coup de main le 3 avril. Les jours se succèdent, bien remplis par un travail qu’active la menace d’une offensive allemande. Toutes les dispositions sont prises pour recevoir cette attaque. Le 31 mai vers 18 heures arrive un ordre préparatoire de relève. Celle-ci commence en plein jour. Le 115 est remplacé par le 124. Dans la nuit même de la relève, sous le bombardement de l’artillerie à longue portée, les camions automobiles ont enlevé le régiment à MOURMELON LE PETIT. Par TOUR SUR MARNE, VAUDEMANGE et BISSEUIL à toute vitesse, dans un nuage de poussière, ils roulent bruyamment vers EPERNAY.

Juin 1918

Tout d’abord en réserve dans les villages de VAUCIENNES et BOURSAULT , le 115eme RI. prend le 9 juin le secteur tout neuf de VANDIERES. Sous la direction du lieutenant-colonel LETONDOT qui le commande depuis le 17 mai, le 115° RI en a commencé l’organisation défensive, lorsque le 21 il va cantonner dans les villages de FESTIGNY, le MESNIL-HUTTIER, OEUILLY et MONT VOISIN.

Juillet 1918

Le 3 juillet, Le régiment est de nouveau dans le secteur de VANDIERES. Quelques jours après, le 3eme bataillon reste seul sur la position de couverture. Les deux autres défendent la ligne de résistance et le réduit de CHATILLON où le colonel a son PC. L’ennemi promet une attaque depuis quelques jours déjà. La mission confiée à la 8° DI. est une mission de sacrifice selon la rumeur.

COMBAT DES 15, 16 ET 17 JUILLET 1918.

Dans le calme de la nuit, avec un bruit de tonnerre, l’artillerie française a déclenché son tir de contre préparation. A 0 heure 10, avec un bruit plus formidable encore, la préparation d’artillerie allemande a commencé. Comme un coup de massue gigantesque les gros Minen sont tombés sur les premières lignes ; puis, sans arrêt, gros et petits Minen, obus de tous calibres, explosifs et toxiques, ont haché le bois de RAREY, empoisonné l’atmosphère, obligé les défenseurs à mettre le masque et à le garder. Sur la position de résistance viennent s’écraser les gros et les petits obus. Le pilonnage du réduit de CHATILLON commence et parmi les éclatements étourdissants et rageurs des explosifs, là aussi on distingue l’éclatement sournois de l’obus à gaz. Les routes, les bivouacs, ont leur part, les batteries aussi. Jusqu’à 3 heures 45, la préparation a fait rage.

LES DEFENSEURS DU BOIS DE RAREY.

Ceux qui ont échappé au feu infernal sont à leur poste quand l’ennemi a surgi derrière le rideau de fumée et d’acier de son barrage roulant.

Le premier choc a été rude. Les gars du 3ème bataillon n’ont pas regardé en arrière. Ecrasés par les tir, décimés, tournés, les héroïques défenseurs du bois de RAREY ont combattu jusqu’à la dernière cartouche, jusqu’à la dernière grenade. Dissocié par la préparation meurtrière, le 3ème bataillon a résisté par section, par escouade, par poignée d’hommes groupés autour d’une mitrailleuse ou d’un fusil-mitrailleur, répondant par des coups de fusil aux Allemands qui leur criaient de se rendre.

A 4 heures 15 seulement, l’ennemi a pris pied dans la corne Nord-Ouest. Maintenant, il cherche à progresser dans le bois. Le feu des mitrailleuses, des FM., des voltigeurs, des grenadiers, la résistance des débris glorieux de la 9ème compagnie, l’obligent à une nouvelle préparation.

De nouveau, sous les torpilles, le bois craque, écrasé, et l’assaut reprend, furieux. Jusqu’au bout, les poilus du commandant HERIQUE ont consommé leur mission de sacrifice. Ils ont lutté sur place, prolongeant leur résistance jusqu’à l’épuisement. Dans la lutte d’homme à homme, c’est le nombre qui a décidé. Ils n’ont pas regardé vers l’arrière, sachant que nul secours ne viendrait.

Aussi les vagues ennemies n’ont elles abordé qu’à 6 heures la position de résistance. En vain, jusqu’à 11 heures, elles ont tenté l’assaut. Le 1er bataillon et le 2ème  ont brisé net leur élan et maintenu le front intact. Malheureusement plus loin, à l’Ouest, le combat a été moins favorable . Les Allemands ont franchi la MARNE et progressent sur la rive gauche ; CHATILLON est bientôt menacé par le Sud. C’est le repli forcé sur les réduits de CHATILLON et du Prieuré.

Le 1er bataillon, moins la deuxième compagnie qui va lutter jusqu’au dernier homme pour permettre le mouvement, vient renforcer les lisières nord-ouest et nord-est du village. Sur l’ordre du colonel, les débris du 2ème bataillon iront au Prieuré, protégés par quelques hommes des 5eme et 6ème compagnies commandés par le sous-lieutenant RUEL qui, mortellement blessé en ventre, répond par des coups de revolver aux sommations de l’adversaire.

« On ne recule plus ! » a dit le colonel.

L’ennemi attaque CHATILLON en force par le Nord, tente de s’infiltrer par le Sud. Par les murs crénelés, percés de meurtrières, on fusille les assaillants. Mais les vagues, brisées de face, s’écoulent le long des pentes de la hauteur sur laquelle se dresse CHATILLON et le cercle se resserre autour du réduit. Par le Sud, à 13 heures 15, les Allemands se sont présentés. Ils ont pénétré dans les  premières maisons dont ils nettoient les caves avec des « Flammenwerfer ».

Le colonel redit : « On ne recule pas ». Ayant détruit tous ses papiers, il quitte avec son EM., le PC. au moment où une équipe de lanceflammes se présente à l’entrée. La liaison, quelques sapeurs lui frayent un passage. On se bat dans les rues, dans les ruines, autour de la statue du pape Urbain II Le cercle à chaque instant se resserre. Ceux qui étaient auprès du colonel, pendant ces minutes angoissantes évoquent encore avec émotion la noble figure de leur chef, calme, et comme grandi par les paroles qu’il prononce en réponse à ceux qui lui signalaient le péril grandissant : « J’ai reçu l’ordre de tenir à CHATILLON. Je n ‘en partirai que si j’en reçois l’ordre ». Et l’ordre vint. Il est 15 heures. Alors seulement le colonel se résigne à abandonner la ville. La garnison du réduit, protégée par le 2ème bataillon qui lutte au Prieuré, depuis 13 heures 30, échappe à l’étreinte par un étroit couloir. Sous le canon et les balles, en combattant, les compagnies mutilées se rassemblent à  TINCOURT. Là couvert par la division MARCHAND, à laquelle la résistance héroïque de la 8ème DI  a donné le temps de venir occuper des positions préparées à l’avance, le régiment se reforme. Puis, au soir, il va cantonner à ARTY. La journée a été dure. L’effort fourni est grand. Mais il n’est pas terminé. Pendant deux jours encore le 115e RI prêtant son concours à la division Marchand, continuera à barrer la route d’EPERNAY à l’assaillant.

Du régiment il reste de quoi former deux compagnies d’infanterie et une compagnie de mitrailleuses. Avec ces glorieux débris le colonel se transporte, le 16 au matin, dans un ravin entre ARTY et la cote 181. C’est là que dans la carrière qui lui servait de PC, le colonel LETONDOT fut blessé mortellement par un obus, dans l’après-midi du 16 juillet. Sa perte en ces jours critiques, fut plus cruelle à ses poilus qui en lui aimaient l’Homme et admiraient le Chef.

Le soir du même jour, le Commandant FRALON qui l’a remplace a la tete du 115 RL exécutant un ordre reçu, se transporte sur le pâtis de DAMERY. On y bivouaque la nuit. Le 17, il y essuie les barrages violents d’un ennemi désespéré qui, n’attaquant plus, se défend, et à bout de souffle,  malgré les sacrifices consentis pour la dernière offensive, va à partir du lendemain recéder le terrain
où son sang a coulé à flots. Dans la nuit du 17 au 18, les éléments du 115eme RL, relevés par un bataillon du 102ème RL vont bivouaquer dans un bois près du PETIT MORANGIS.Ce combat vaudra au 115 RI sa 2ème croix de guerre et cette fois ci avec palme (cf. citation du 22 novembre 1918).

Le 23 juillet, le colonel OUDRY, commandant l’infanterie de la 8°division, faisait paraître l’ordre du
jour suivant :

« Aux officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’infanterie divisionnaire.

Vous sortez de la bataille mutilés, mais fiers de ce que vous avez fait, et vous avez raison. Vous vous êtes sacrifiés pour ceux qui devaient garnir les positions de bataille derrière vous, mais vous avez fait payer chèrement à l’ennemi le sacrifice consenti. Si le 317ème et son héroïque colonel ont disparu dans la tourmente, il ont largement payé leur tribut à la cause commune. Saluons bien bas ! Derrière lerégiment qui nous couvrait, chacun a pris sa place de combat, décidé à lutter jusqu’au bout. Votre résolution et votre dévouement ont fait l’admiration de tous et, quand le général  MARCHAND, sous les ordres duquel j’étais mis le 16 pour commander un groupement, m’a vu, il m’a dit les larmes aux yeux: « C’est votre belle division qui par son sacrifice a gagné la partie ». Quel baume pour un chef qui vient de perdre tant de braves gens. Et c’est vrai, c’est grâce à votre ténacité, à votre héroïsme, que l’ennemi a été battu les jours suivants devant les troupes que je commandais, qu’il a été refoulé au Sud de l’Aisne, qu’il a enfin repassé la MARNE – nom fàtal pour lui – nom qui sonne comme un glas dans les coeurs allemands. Oui, c’est grâce à vous, parce que tout se tient, tout s’enchaîne dans la grande équipe alliée qui lutte pour la liberté du monde !

Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats d’HENRY, de VERIGNON et de LETONDOT, vous avez
été dignes de vos ancêtres, dignes de votre race. Vous avez bien mérité de la Patrie.

Pensons aussi à ceux qui sont tombés là-bas, à ces héros inconnus qui ont versé leur sang pour la moisson de la Victoire que nous récolterons un jour, saluons-les tous bien bas : c’est la gloire qui passe ! Notre tâche n’est pas finie, de dures épreuves nous attendent encore, mais vos coeurs sont trempés comme l’acier le plus dur, et vous avez vu, vous avez compris et vous saurez maintenant ce qu’il faut faire pour vaincre.

L’ennemi vient de subir une grande défaite. L’heure de la justice va sonner enfin. II est impossible que tant de sacrifices accomplis, tant de sang versé, ne servent à rien. L’histoire est en marche : vous venez d’y inscrire une des plus belles pages d’héroïsme. Je salue vos drapeaux ! « 

Le général : ALDEBERT commandant la 8ème division, adresse également à ses troupes, le 22 juillet, l’ordre du jour suivant :

«Attaquée en terrain libre par des forces trois fois supérieures, débordée aux ailes, la 8°DI. a tenu.
Elle a tenu dès la position des avant-postes, elle a tenu sur la position de résistance et dans ses réduits. Elle ne s’est repliée que par ordre. « Sans un regard en arrière, le 317™ RL et le 3eme bataillon du 115° RI. ont rempli jusqu’au sacrifice une mission dont ils avaient considéré sans faiblir la grandeur et le poids. Saluons ces camarades tombés dans la fierté du devoir accompli. 

«Epaule contre épaule et aussi longtemps que le Commandement l’a voulu, les 115ème et 117ème régiments ont résisté, manoeuvré, contre-attaqué magnifiquement : c’est ce que j’attendais d’eux. Dans des conditions difficiles, le 31 régiment d’artillerie, le 6ème groupe du 104° RAL., les compa-
gnies du génie 4/2. 4/52, le deuxième peloton du deuxième escadron du 14° Hussards, la CM. 1 du 122eme RIT., le peloton des mitrailleuses du 8° Chasseurs à cheval, tous les services ont aidé de tout leur cœur à cette belle résistance. La part de la 8° division dans le succès qui s’affirme une fois de plus sur la Marne, est aujourd’hui la part du sacrifice : officiers, sous-officiers et soldats de la 8° division vous garderez le juste orgueil des combats du 15 juillet autour de Châtillon. »

Aout 1918

Jusqu’au 2 août, dans la calme et paisible région d’ETRELLES, de BAGNEUX, de GRANGE SUR AUBE, le lieutenant-colonel LAURENT qui le 26 juillet, a pris le commandement du 115° réorganise son régiment. Il manque à l’appel : :30 officiers, 119 sous-officiers, 1 114 hommes.

La lutte n’est pas finie. Epuisé par son effort, l’ennemi a faibli. On entrevoit la victoire. Et le 2 août le régiment par POUAN, MAILLY, FONTAINE SUR COOLE, CHALONS et VRAUX se dirige à nouveau vers le champ de bataille de Champagne.

DES MONTS A LA MEUSE – 12 août- 11 novembre 1918

Les blessures des glorieuses journées de Châtillon. ne sont pas encore cicatrisées et voilà de nouveau le 115° RI. devant ces Mont, sur les pentes desquelles la formidable offensive ennemie de juillet a été brisée net. C’est un secteur de fin de combat. L’ennemi, si confiant en sa victoire il y a quelques jours encore, devient inquiet. Il oblige à vivre dans une atmosphère d’ypérite. de palite, d’arsine. La nuit il harcèle les ravitaillements, les relèves. Au lever du jour ses tirs redoublent de violence. Au 115° RI. revient la double tâche de l’empêcher de partir sans qu’on en soit averti, de s’accrocher à lui et de ne plus le lâcher. La première partie de la mission a été remplie avec crânerie et hardiesse. L’exécution de la deuxième est une page glorieuse.

Septembre 1918

L’ennemi bousculé, harcelé sur tous les fronts, des Vosges à la mer du Nord, voulant limiter sa défaite, se prépare à évacuer les Monts. De ce secteur, que le 115° a pris en fin de combat et qu’il a commencé à organiser sous le canon nerveux d’un ennemi inquiet, l’Allemand ne doit pas partir sans être vu. Les patrouilles audacieuses, de jour et de nuit, tâtent l’ennemi, l’obligent à déceler sa présence, sa densité, son mode d’occupation. Le 20 septembre, un jeune officier, le lieutenant  CARRE, avec une audace inouïe, part en patrouille en plein jour, à 14 heures 30 emmenant avec lui un sergent. Par le boyau de la Victoire, ils arrivent à la tranchée Waldshut, engagent la lutte au  pistolet et à la grenade avec un petit poste allemand, tuent l’un des ennemis et ne se replient qu’après avoir épuisé leurs munitions.

LA POURSUITE

Le 25 septembre, la 11e compagnie est allée occuper les avancées de la première position adverse. Les défenseurs ne les ont évacuées qu’en combattant. Déjà une contre-attaque se dessine : de la tranchée d’Erfurt, par les boyaux de Lorraine et du Col, les groupes ennemis, en force, se dirigent vers la haie Claire pour reprendre le terrain perdu. Ils y ont réussi sans peine. La 11e compagnie s’est repliée en bon ordre, exécutant sa consigne qui était de refuser le combat. Le renseignement désiré est acquis : l’ennemi ne veut pas encore quitter les Monts.

Octobre 1918

Le 4 octobre, le 1er bataillon en entier tente avec succès un coup de main d’occupation sur la haie Claire et pénètre dans les organisations allemandes sur un front de 1 000 mètres et une profondeur de 400 mètres ; il ramene des prisonniers et du matériel. La réaction de l’artillerie est vive à la tombée de la nuit, mais des patrouilles bien conduites et hardies parviennent jusqu’à la ligne de résistance ennemie. Déjà l’air retentit du fracas des explosions. Les allemands, obligés de reculer, assouvissent leur rage sur notre malheureux pays. Et la nuit, l’horizon reflète la lueur des incendies des villages de la vallée de la Suippe. Le moment est venu. Les indices de retraite sont bien nets. Il faut empêcher l’ennemi de se dérober.

Le 5 octobre au matin, conformément au plan établi et bien connu de tous, le régiment se lance à la poursuite de l’ennemi. Les Monts sont franchis. Les patrouilles d’avant-garde ont été accueillies, sur les pentes nord, par le feu des mitrailleuses des arrière-gardes allemandes. Le contact pris ne sera jamais perdu jusqu’au dernier jour.

Manœuvrant l’ennemi, ses mitrailleuses contrebattant les siennes, le régiment suivra, malgré les balles et le canon. Le terrain cependant est difficile et tout à l’avantage d’un parti qui retraite. Il le traque dans les bois. La nuit n’arrête pas son avance et sur les derrières de l’Allemand il pénétre dans PONT FAVERGER. Less pertes du 115 et celles de l’adversaire témoignent de l’àpreté de la lutte. La SUIPPE est atteinte. L’ennemi entend résister et ne veut pas permettre aux poursuivants de franchir la rivière.

Du 5 au 11 octobre, cette région va être le théâtre de durs combats. L’ennemi est fort en artillerie. Sa
position de repli, préparée de longue date, possédant un système organisé de tranchées, d’abris, de solides réseaux, facilite sa résistance sur les hauteurs de la rive droite. Ses tirs bien dirigés rendent difficile la simple occupation : les pertes du régiment sont sérieuses. Les reconnaissances font dévoiler de nombreuses mitrailleuses. On a l’impression que l’ennemi tient, solidement accroché sur ses positions. Il faut l’en déloger.

ATTAQUE ET PRISE DU VILLAGE DE SELLES. 

Le 8 octobre, à 5 heures 55, le 2ème bataillon (commandant LHOTE DE SELANCY) se porte à l’attaque du village de SELLES, défendu par un fort parti de mitrailleurs ennemis qui se font tuer sur leurs pièces. Le combat, engagé dans les ruines du village, se termine à l’avantage du bataillon. L’ennemi contre-attaque en vain. Le 115 conserve Selles. Les Allemands vaincus reportent leur résistance sur la rive nord de la SUIPPE. Sous les mitrailleuses ennemies qui fusillent à bout portant les courageux poilus, une passerelle est jetée, une tête de pont établie. Cette victoire coûte au 115 10 tués, 40 blessés dont le chef de bataillon et un capitaine. Un officier a disparu lors de la contreattaque. Et au soir, réapparaît la lueur qui ensanglante le ciel.

PASSAGE DE. LA SUIPPE. 

Le 11 octobre, le 3e bataillon débouchant en force du village franchit la SUIPPE sur trois passerelles jetées la nuit, bouscule les mitrailleuses ennemies, fait des prisonniers, débarrasse la rive nord de tout élément adverse et ouvre le chemin au régiment, qui reprend la marche en avant. Toute la journée, dans un terrain boisé, la chasse a continué. Un fort parti d’arrière-garde solidement appuyé par de l’artillerie les arrête aux lisières de MESNIL LEPINOIS. Il est trop tard pour forcer la résistance ennemie. La nuit est arrivée, il stoppe, il bivouaque dans les bois. La marche est reprise le 12 au lever du jour. MESNIL l’EPINOIS pris, il arrive sur la Retourne en même temps que les arrière-gardes ennemies. Malgré le canon et les mitrailleuses, sur des passerelles de fortune la
rivière est franchie, le Châtelet purgé des derniers ennemis. A travers les ruines encore fumantes du village qui n’est plus qu’un amas informe de décombres, le 115e RI. vole vers TAGNON où il est acceuilli en libérateur. Avant le départ, le chef de l’administration mmicipale les remercie et quelques jours après envoyait le compte rendu suivant d’une délibération prise par la municipalité.

MUNICIPALITE DE TAGNON
Extrait du registre des délibérations

« En reconnaissance de la délivrance de Tagnon par les troupes françaises qui, le 12 octobre 1918,
chassèrent l’envahisseur, le Comité d’administration municipale, au nom de toute la population « de la commune adresse aux vaillantes troupes de la 8eme division ( Division TETARD) l’expression de ses sentiments d’éternelle gratitude et décide qu’une rue du village portera désormais le nom de « Rue du 115ème Régiment d’infanterie » afin de rappeler aux générations futures le Régiment de France qui, le premier, entra dans leur village en poursuivant l’ennemi.  Ce 28 octobre 1918.»

Le régiment harassé par une longue marche reçoit l’ordre de dépasser TAGNON. Le gros bivouaque dans les bois, au Nord, pendant que des patrouilles atteignent avant le lever du jour les hauteurs qui dominent l’AISNE, au Sud. Le bataillon d’avant-garde (3e) les occupe aussitôt solidement. Dans la journée des patrouilles poussent jusqu’au canal des ARDENNES. Le port de la sucrerie d’ECLY est reconnu et occupé.

PASSAGE DU CANAL DES ARDENNES. 

D’urgence, il faut franchir le canal, établir une tête de pont, tâter l’ennemi sur les rives de l’AISNE. Le 16 octobre, à 15 heures, le canal est franchi par une section de la 9e compagnie. Les derniers éléments qui occupaient le port de la sucrerie d’ECLY s’enfuient, non sans pertes. Entre l’ennemi et le régiment il n’y a que le talus de la voie ferrée garni de mitrailleuses. Ce point sera, du 16 octobre au 15 novembre, le théâtre d’opérations tendant à rejeter l’ennemi sur les rives nord de l’AISNE. Malgré le mordant des patrouilles offensives, malgré l’opération tentée le 22 octobre par la 10e compagnie toute entière, les Allemands retranchés dans un taillis impénétrable et en partie inondé ne peuvent être délogés. Mais ils résistent victorieusement à leurs violents retours offensifs. La crue du canal des Ardennes a transformé en marais cette partie du secteur. Le 115 tient dans le marécage.
il n’en lâche pas un pouce.

 

Novembre 1918

PASSAGE DE L’AISNE.

Le 5 novembre, la le compagnie nettoie le talus de la voie ferrée. Le feu de l’ennemi embusqué à courte distance ne l’empêche pas d’établir une passerelle sur l’Aisne ; elle passe toute entière au Nord de la rivière ; malgré ses pertes elle vient se coller aux mitrailleuses ennemies. La nuit du même jour, le 3e bataillon a franchi le canal des Ardennes et l’Aisne à NANTEUIL.

Le 6 au matin, bousculant les arrière-gardes ennemies, le régiment reprend la marche en avant. BARBY et SORBON sont pris. Avant la nuit les avant-gardes ont atteint les lisières sud de PROVISY que l’ennemi défend. La marche, pénible déjà la veille, parce qu’il faut maintenant lutter contre les difficultés matérielles dans une zone ravagée et progresser dans la boue, sous la pluie, reprend avant le lever du jour. Provisy est enlevé, une batterie de 77, deux canons de 105 sont pris.

PRISE DE MARGY.

Déjà la 10e compagnie, avant-garde du régiment, atteint le village de MARGY que l’ennemi tient encore. Un coq a chanté alors que le premier poilu pénétrait dans le village. On se bat dans les rues. Les Allemands qui tentaient d’empêcher le débouché du village sont bousculés et fusillés à bout portant. L’arrière-garde est obligée de déployer une partie de ses forces et d’appeler à son aide l’artillerie. Quinze mitrailleuses lourdes et légères tiennent sous leurs feux les crêtes au Nord du village devant lesquelles est déployée la 10e compagnie. « BUTET. grenadier de la 10e compagnie, parmi les mitrailleuses en action, en distingue une ; il voit la flamme rapide, les servants : « C’est trop de culot s’écrie-t-il, je vais lui faire fermer la gueule ». « Il se découvre complètement, prend son temps vise et tire ; mais vainqueur, il s’affaisse aussitôt, frappé à son tour en plein front ».

Pressé de tous côtés, l’ennemi reprend sa retraite et se replie à la hâte poursuivi de nos feux. Il laisse des morts sur le terrain, du matériel. Plus loin ils apprendront que de nombreux blessés ont été vus
sur la route. HAUT LANZY est pris avant la tombée de la nuit ainsi que les fermes de la Houterie, de la Bergeoterie, de la Basse-Naugerain. de la Haute-Naugerain, d’Hamezy. La nuit oblige à l’arrêt. Déjà le régiment pénétre dans le massif des Ardennes, coupé de bois, terrain difficile qui se prête plus à la défense qu’à l’attaque. Au jour, sous bois, le mouvement est repris. Les civils français de la Fosse-à-l’Eau leur disent qu’ils suivent l’ennemi à moins d’une demie heure. A la boussole, la 5e compagnie ouvre un chemin dans les bois nord de la Fosse-à-l’Eau. Le régiment avance lentement, l’outil à la main dans le taillis épais ; les lisières nord du bois sont tenues sous le feu des mitrailleuses et du canon. Le débouché en est difficile. Ils chassent les mitrailleurs allemands des fermes de la Basse-Ecogne et de la Haute-Ecogne. L’ennemi, en tiraillant, se replie sur le village de FAGNOU. Le 9 novembre, à 5 heures du matin, les Allemands quittent précipitamment le village en voyant la 11e compagnie qu’ils n’attendaient pas. Des éclaireurs montés, envoyés en reconnaissance, pénètrent dans le village de WARCQ que l’ennemi tient encore sous son feu. Malgré une nuit passée sous la pluie, le bombardement continuel, un ravitaillement pénible et insuffisant, le régiment plein d’ardeur court à la poursuite de l’Allemand qui occupe encore la Grange-au-Bois, la ferme Pavant, la ferme du Temple, la Mal-Campée. Ces points sont enlevé successivement par nos patrouilles que les gros suivent à courte distance. Sous leurs veux, presque sous leurs pas, les mines éclatent. Les  vallées de la MEUSE, de la SORMONNE, retentissent du fracas des explosions. Ces cheminées, ces toits, ces clochers, ce sont CHARLEVILLE et MEZIERES où les compatriotes captifs rendus enfin à la liberté achèvent leur calvaire. Les avant-postes seront pris pour la nuit dans les villages de  DAMOUZY et d’ETION. Les compagnies, pour exécuter l’ordre reçu, sont obligées de livrer combat et de manœuvrer les mitrailleuses ennemies pour parvenir à ces villages. Elles les atteignent au prix de quelques pertes. Les Allemands, rejetés dans les bois de la Havetière, interdisent le débouché des villages, et ici encore des civils inoffensifs ont succombé sous leurs coups.

Le 10 novembre, au matin, le 115e RI passe en réserve de division. C’est son premier jour de repos
depuis le 12 août 1918.

Le 11 novembre, on accordait l’armistice aux allemands.

Dans le recueillement d’une joie calme et digne, le régiment revoit son œuvre des trois derniers mois. 54 des siens, dont 4 officiers, sont tombés la veille de la victoire. 307, dont 7 officiers, ont été blessés, 1 officier est porté disparu. Le régiment avait eu à déplorer la perte de son vénéré aumônier LAGARDERE, tombé le 4 novembre près de Nanteuil-sur-Aisne, blessé mortellement d’un éclat à la tête en visitant ses chers soldats en première ligne. Parti depuis le début de la guerre, il n’avait,  malgré son grand âge, jamais quitté le front, et il a eu à 58 ans la plus belle des morts.

Il recevra pour cette action sa 3ème croix de guerre et sa seconde palme.

Décembre 1918

le 18 décembre, prés de VILLERS SEMEUSE, dans une revue passée par le général DEBENEY, le drapeau du 115 recevait la fourragère aux couleurs de la croix de guerre.

 

1919

 

(source JMO 8e DI 26 N 284/2)

le 17 aout, départ de HIRSON (AISNE) du 1er bataillon pour MAMERS où il arrive le 18 aout.

le 18 aout, départ de HIRSON (AISNE) du 3ème bataillon pour MAMERS où il arrive le 19 aout.

le 19 aout, départ de HIRSON (AISNE) du 2ème bataillon pour NOGENT LE ROTROU où il arrive le jour même à 20h54.

19 aout 1919, c’est la rentrée à Mamers

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CPA non voyagée. Cette photo a probablement été prise le 18 ou 19 aout 1919 au retour du régiment. On reconnait sur les 2 CPA l’officier (chef de bataillon) au 3 décorations et le bouquet de fleurs en main. Ce dernier est officier de la légion d’honneur et titulaire de la croix de guerre avec au moins 3 palmes. S’agit il du CBA FRALON Joseph, commandant le régiment?

CPA voyagé le 7 septembre 1919. « Mamers, la rentrée du 115″

Cette photo semble avoir été prise sur le quai interieur (coté voies) de la gare de Mamers le 18 ou 19 aout 1919. Un médecin salue deux officiers dont l’un deux  est sur la précédente CPA. A l’arrière de ce dernier , on remarque un officier avec un képi de lieutenant colonel. S’agit-il du LCL TRAVERS, commandant le dépôt de Mamers?

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inscriptions au dos: « Retour du 115e à Mamers – 19 aout 1919 sous l’arc de triomphe, rue des Carrières. »

H Jouanneau Mamers le 03 septembre 1919

 

 

 

 

« La ville a tenu à faire fête à son régiment. Réception à la gare par toutes les autorités et les représentants élus; traverséé de la ville sous les arcs fleuris au milieu des acclamations; réception sous les halles place carnot et enfin rentrée dans la caserne GAULOIS où le lieutenant-colonel TRAVERS reçoit et salue le drapeau. » (source notice historique 115 RI)

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CPA non voyagée. Défilé rue Nationale vers la caserne Gaulois. Probablement le 19 aout 1919.

CPA non voyagée. Défilé rue Nationale vers la caserne Gaulois. Il s’agit probablement de la garde au drapeau du 115e RI le 19 aout 1919.

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inscriptions au dos:

« Retour du 115e à Mamers – 19 aout 1919, place Carnot. Le salut aux drapeaux (115, 315 RI et 27 territorial) … » H Jouanneau 8 septembre 1919

la fin d’une épopée.

« Le régiment avait repris ses travaux du temps de paix quand, le 12 décembre, parvint la nouvelle de sa disparition prochaine. Le 115ème était compris dans la liste des régiments à supprimer à la date du 31 décembre.

Le 27 décembre, devant le régiment réuni une dernière fois, le colonel CONVERSET, en présence du général BOUSQUIER, commandant la 16ème Brigade, faisait rendre les honneurs aux drapeaux du 115ème, 315ème et 27ème Territorial et les saluait une dernière fois avant de les confier à la délégation des officiers du 117ème RI venus à MAMERS pour en prendre la charge et les déposer en la salle d’honneur du 117ème, caserne CHANZY, au MANS. » (source notice historique 115RI).

Officiers présents au 115eRI au 31/12/1919:

Colonel CONVERSET

chef de bataillon FRALON

chef de bataillon CAILTEAUX

chef de bataillon CHAUD

chef de bataillon LALOS

chef de bataillon BEZIAU

capitaine MOREL

capitaine LECOURT

capitaine SERGENT

capitaine DELORME

capitaine CHERRIERE

capitaine BAUDINEAU

capitaine QUEYROI

Lieutenant BOUTINET

Lieutenant GAUFOUR

Lieutenant FOURNIGAULT

Lieutenant LORIFERNE

Lieutenant BESSET

Lieutenant GEHANNO

Lieutenant ESCOUTAY

Lieutenant VOIRIN

Lieutenant FORTIN

Lieutenant PIRONNEAU

sous-lieutenant BRIGNASCHI

sous-lieutenant BERTRAND